Q: si j’ai devant moi un banane et un orange, sur quel fruit je fais la bénédiction en premier, l’un étant Haets et l’autre a priori Adam?
R: Il existe une controverse entre les Richonim, décisionnaires médiévaux concernant la bénédiction de la banane, si c’est Haets ou Adama. D’après Rabbénou Its’hak la bénédiction est Haets car les racines de cet arbuste se conservent d’année en année. Par contre d’après Rabbénou Yossef la bénédiction est Adama car le tronc repousse chaque année. Telle est l’opinion de Rachi, des Guéonim, et semble-t-il du Rif et du Rambam. Le Choul’han Arou’h écrit que la bénédiction de la banane est Adama. Nombreux décisionnaires pensent que la décision du Choul’han Arou’h découle du Safek, du doute, et ne tranche pas en vérité entre les opinions, mais étant donné que si quelqu’un recite la bénédiction Adama sur un fruit qui nécessite Haets, il s’est acquitté a posteriori, la bénédiction de Adama dispense la banane d’après tout le monde; par contre Haets ne marche pas pour l’opinion qui pense qu’il faut reciter Adama. En effet la bénédiction de Adama est plus générale que celle de Haets, et tout arbre pousse aussi sur la terre, c’est pourquoi la bénédiction de Adama dispense un fruit sur lequel il faudrait reciter la bénédiction de Haets. Par contre Haets étant spécifique aux fruits qui pousse sur les arbres, cette bénédiction ne peut s’appliquer et dispenser des fruits qui pousse sur la terre, car cela serait un non-sens de les appeler ‘fruit de l’arbre’. Ainsi explique le Rabbénou Zalman l’opinion du Choul’han Arou’h. Par contre de nombreux A’haronim, décisionnaires contemporains comme, le ‘Hayé Adam, le Michna Broura, le ‘Hazon Ich ou le Rav Ben Tsiyon Abba Chaoul pense que le Choul’han Arou’h tranche de manière absolue comme l’opinion que la bénédiction de la banane est Adama et écarte complétement l’opinion que la bénédiction adéquate sur la banane est Haets. Cette controverse a pour implication le cas où on a récité par erreur Haets sur la banane: d’après l’opinion que le Choul’han Arou’h est en doute, on ne recommencera pas la bénédiction car on s’est peut-être déjà acquitté avec la bénédiction de Haets; par contre d’après l’opinion que le Choul’han Arou’h tranche de manière sure que la bénédiction est Adama, il n’y a plus de place pour la bénédiction Haets et il faut refaire la Bra’ha. D’après certains décisionnaires on ne mangera qu’un petit bout de la banane afin que la bénédiction ne soit pas en vain, mais on ne continuera pas a consommer la banane de peur que la bénédiction de Haets ne la dispense pas on prendra un autre fruit dont la bénédiction est Adama, et on pensera a s’acquitter de la banane pour finir de la manger.
Deuxième conséquence, dans le cas où on a l’intention de consommer une banane et un fruit dont la bénédiction est Haets, comme une pomme par exemple, et que les deux fruits se trouvent devant nous. Si la bénédiction de la banane est Adama dans le doute, si on recite la bénédiction de Haets en premier on s’est peut-être déjà acquitté de la bénédiction sur la banane, il faudrait donc devancer la bénédiction de Adama sur la banane avant celle de Haets. Par contre si la bénédiction de la banane est Adama de manière sure, on peut reciter les bénédictions dans l’ordre comme d’habitude, c.-à-d. Haets puis Adama. Ainsi était l’opinion du Rav Eliachiv.
En conclusion, d’après le Rav Zatsal on recitera d’abord la bénédiction de Haets sur l’orange, puis Adama sur la banane.
Tour et Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haim 203, 3; Maamar Mordé’hay 3
Ketsot Hachoul’han 49, Badé Hachoul’han 30
Or Letsiyon vol. 2, 46, 39
Vézot Habra’ha, Birour Hala’ha 31, 2, p. 302
Chaaré Habra’ha p. 527, note 89