Q: Quelle est l’origine du Minhag de manger des fruits le jour de Tou Bichevat?
R: La date de Tou Bichevat est mentionnée dans la Michna au début du traité de Roch Hachana (1, 1) comme étant le Roch Hachana des arbres selon Bet Hillel, d’après Bet Chamay le Roch ‘Hodech Chevat est le nouvel an des arbres. Cette date est purement administrative pour les lois concernant les Mitsvot Hatelouyot Baarets, les Mistvot qui dépendent de la Terre d’Israel. En effet à propos des Troumot Oumaasserot, les différents prélèvements de la dime, il est écrit dans la Torah (Dévarim 22, 22) qu’il faut les prélever « Chana, Chana », d’année en année. Nos Sages apprennent de ce verset que l’on ne peut prélever de la récolte d’une année pour exempter celle d’une autre année. La date de Tou Bichevat représente la date butoir du passage à la nouvelle année. De même cette date permet fixer les années de Maasser Chéni (la première, deuxième, quatrième et cinquième année du cycle de la Chemita) ou du Maasser Ani (la troisième et sixième année du cycle), ainsi que pour la troisième année de Orla, si on a planté un arbre avant le 16 Av. De même d’après certaines opinions, il y une incidence sur la récolte de l’année qui suit la Chemita.
Le jour de Tou Bichevat est mentionné dans la Choul’han Arou’h comme étant un jour où l’on ne recite pas de Ta’hanoun. Le Maharil dans son recueil de Minhaguim écrit que ce jour est jour de fête où l’on mange; de même il est mentionné dans le recueil des Minhaguim de Worms qu’on organisait un repas ce jour-là, mais on ne parle pas encore de fruits. Le Chla écrit de ne reciter le Mizmor de Al Néharot Babel avant le Birkat Hamazon, mais le Chir Hamaalot que l’on recite le Chabbat. Le Maguen Avraham rapporte le livre Ibour Chanim – Tikoun Yssa’har, du Rav Yssa’har Ben Soussan Maaravi, rav du Maroc qui s’installa à Safed à l’époque du Bet Yossef et du Arizal, qui témoigne que les Ashkenazim avaient l’habitude de manger des fruits le jour de Tou Bichevat. De même le Rav Moché ‘Haguiz témoigne que le Rav Galanti son maitre multipliait les bénédictions sur les fruits de l’arbre. Bien que le Yaavets écrive dans son Sidour que cette habitude n’était pas répandue en Europe, ce Minhag s’est répandu par la suite et est mentionné dans de nombreux recueils de Minhaguim, comme les Minhaguim de Amsterdam, le Maagalé Tsédek, le Mékor ‘Haim du ‘Havot Yair, le Rav Eliyaou Hacohen de Izmir dans son Chevet Moussar, le Rav ‘Haim Falagi rapportent cette coutume. On rapporte que le ‘Hatam Sofer dressait une table remplie de fruits ce jour-là. Le Ben Ich ‘Hay écrit que même un indigent doit faire un effort pour acheter des fruits afin de les consommer le jour de Tou Bichevat. Il existe un livre appelé Pri Ets Hadar, décrivant tout un Seder avec de nombreuses prières et louanges. Le Ben Ich ‘Hay a également composé une prière à reciter ce jour-là afin de mériter un beau Etrog Méhoudar que l’on utilisera lors de la fête de Soukot à venir.
Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haim 131, 6; Maguen Avraham 16 au nom du Tikoun Yssa’har 42b; Kaf Ha’haim 97
Moed Lékol ‘Hay 30, 7; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Réé 16
Léchon ‘Ha’hamim 38