Q: Une femme peut-elle vérifier du Chaatnez? A-t-on le droit de prendre de l’argent pour vérifier qu’un vêtement ne contient pas de Chaatnez, ou bien cela ressemble à un Dayan qui prend de l’argent pour juger, que même si il a jugé le cas correctement son verdict n’est pas valide? Ou bien cela est interdit comme il est interdit de prendre de l’argent pour accomplir une Mitsva?
R: Une femme de confiance, qui n’est pas suspectée de prendre le sujet du Chaatnez à la légère, est crue de témoigner qu’untel vêtement a était vérifié par un expert et est dépourvu de Chaatnez.
Le Rama écrit qu’une femme est crue concernant un interdit certain de dire qu’elle l’a nettoyé et éradiquée, comme par exemple d’avoir enlevé les graisses interdites de la viande. Par contre elle n’est pas crue concernant la vérification d’un objet où réside uniquement un doute sur son interdit si cette vérification nécessite un effort, car elle risque de se permettre de ne pas vérifier complétement et de s’accorder un passe-droit. Cependant concernant la vérification des fruits et légumes des vers, la conclusion d’une longue controverse est que l’on peut s’appuyer sur la vérification des femmes. De même concernant la vérification du ‘Hamets, bien que le Yérouchalmi dit à propos des femmes qu’elles sont paresseuses et que l’on ne peut s’en remettre à leur vérification, la plupart des décisionnaires permettent de nos jours de compter sur les femmes pour le nettoyage de Pessa’h car elles le font parfois mieux que les hommes (certains Richonim comme le Méiri ou le Rabbénou Manoa’h explique que le Yérouchalmi encense au contraire les femmes concernant le nettoyage de Pessa’h).
Ainsi concernant le Chaatnez certains décisionnaires veulent permettre car il y a plusieurs points de doute qui se réunissent. Le Rav Yaakov Blau était prêt à employer des femmes afin de vérifier des endroits précis dans des vêtements ou si tel ou tel fil est composé de lin ou de laine, surtout si elles reçoivent un salaire pour ceci, il n’y a pas lieu de craindre qu’elles aillent mentir. Cependant il témoigne que le Rav Yts’hak Weiss de la Eda Ha’haridit s’était opposé à cette idée.
En conclusion, une femme est crue de dire qu’un vêtement a était vérifié par un expert, ou qu’elle l’a elle-même déjà vérifié; par contre il ne convient pas de former des femmes pour vérifier des vêtements.
Il est a priori interdit de prendre de l’argent pour vérifier qu’un vêtement ne contient pas de Chaatnez. En effet la Michna dans Be’horot (29a) énumère de nombreuses Mitsvot pour lesquelles il est interdit de prendre de l’argent afin de les accomplir en faveur d’autrui, comme juger ou témoigner en faveur d’autrui, ou bien mélanger les cendres de la vache rousse dans l’eau de source afin d’asperger une personne impure car ayant été en contact avec un mort. Ces cendres perdre leur effet purificatoire. La Guémara énonce plus loin qu’il est cependant permis de prendre un salaire pour puiser l’eau de source. Rachi explique que ce salaire récompense la fatigue encourue et non les préparatifs de la Mitsva. Il ressort de là a priori qu’il est interdit de prendre un salaire pour un He’hecher Mitsva, les préparatifs d’une Mitsva, comme dans notre cas où la vérification permet de ne pas transgresser l’interdit de porter des vêtements Kilaim. La Yaavets, Rav Yaakov Emden, corrige des les termes de Rachi le mot He’hecher en Sa’har. Il n’y a donc pas lieu d’interdire de prendre un salaire sur les préparatifs d’une Mitsva. De plus vérifier un vêtement n’est pas un préparatif d’une Mitsva positive, mais Léafrouché Méissoura, une manière d’éviter de commettre une Avéra. De même qu’il est permis de prendre un salaire pour faire la Ché’hita, l’abattage rituel, car on protège les consommateurs d’ingurgiter de la nourriture qui n’est pas Cachère. De plus il y a un certain effort et parfois même des dépenses sorties par la personne qui vérifie afin de procéder à cette vérification. Il est donc en droit de réclamer son dû. De plus le fait de recevoir un salaire donne une plus grande responsabilité à celui qui vérifie que si il le faisait bénévolement.
En conclusion on a le droit de prendre un salaire pour vérifier qu’un vêtement ne contient pas de Chaatnez.
Choul’han Arou’h Yoré Déa 127, 3, Rama; 84, 11 et commentateurs adloc
Malbouché Yécha 1, 19, note 49
Hachaatnez Lahal’ha Oulemaassé 6, 27-28; 10, 19 note 27