Q: Comment et quand se déroule une Brit Mila le jour de Ticha Béav?
R: le Choul’han Arou’h (Ora’h ‘Haim 557, 7-9) écrit: lorsqu’il y a un nourrisson à circoncire le jour de Ticha Béav, on fera la Brit Mila après avoir terminé de reciter les Kinot. Certains attendent ‘Hatsot, la mi-journée. Le Michna Broura (559, 26) explique que le peuple d’Israel a l’habitude d’accomplir cette Mitsva dans la joie, il ne convient donc pas de la faire entre Cha’harit et les Kinot, qui sont un moment triste mais après celles-ci. Certains attendent l’après-midi car le deuil s’amoindri à ce moment-là: on a le droit de s’assoir sur une chaise après ‘Hatsot. D’autres préfèrent ne pas attendre ‘Hatsot pour l’accomplir, mais de suite après les Kinot, car Zrizim Makdimim, les zélés s’empressent d’accomplir les Mitsvot. On ne recitera pas la bénédiction sur les Bessamim le jour de Ticha Béav. En effet d’après les Guéonim on recite le jour de Kippour la bénédiction de la Mila sur des Bessamim, des herbes odoriférantes plutôt que sur un verre de vin que l’on ne peut boire. Le Choul’han Arou’h tranche que le jour de Ticha Béav on recite la bénédiction de la Mila sans verre de vin, ni Bessamim car il est interdit de sentir des bonnes odeurs le jour de Ticha Béav (cf Yoré Déa 265, 4), à moins que la mère du nourrisson qui vient d’accoucher et qui mange soit présente: on recitera la bénédiction sur le vin de verre et l’on transmettra le verre à la mère de l’enfant en faisant attention de ne pas s’interrompre entre la bénédiction et la boisson. Sinon on le donnera à un enfant en bas âge. Bien que l’on ne fasse pas ceci lorsque Ticha Béav tombe un dimanche, ou le Chabbat et est repoussé au dimanche, on ne donne pas le verre de la Havdala à un enfant le Samedi soir de peur que celui-ci n’en vienne à le boire lorsqu’il sera plus grand; c’est diffèrent car cette configuration ce produit de manière assez fréquente, une fois tous les trois-quatre ans, tandis qu’une Brit Mila le jour de Ticha Béav est un événement assez rare.
Les parents, c.-à-d. le père et la mère de l’enfant ont le droit de porter des vêtements de Chabbat en l’honneur de la Mila (mais pas les plus beaux comme le fait remarquer le Rama au nom du Maharil), mais pas des chaussures de Chabbat (Biour Hala’ha Oumoutar). En effet si ne pas porter des vêtements de Chabbat le jour de Ticha Béav n’est qu’une habitude à laquelle on déroge en l’honneur de la Brit Mila, porter des chaussures en cuir constitue l’un des cinq interdits d’ordre rabbinique du jour de Ticha Béav que l’on ne peut transgresser en l’honneur de la Mitsva. Certains permettent en se basant sur le Maharam ‘Haguiz (Hil’hot Kétanot vol. 1, 289) qui permet à l’endeuillé pendant les Chiva de porter des chaussures pour la Brit Mila de son fils, et telle était l’habitude à Bagdad comme en témoigne le Rav Abdala Some’h (Chout Ziv’hé Tsédek vol. 2, Yoré Déa 34), cependant le ‘Hida (Birké Yossef Yoré Déa 391, 1) n’est pas d’accord avec cette pratique pendant les Chiva. On ne se parfumera pas non plus pour la Brit Mila D’après le Michna Boura il faut enlever les vêtements de Chabbat immédiatement après la Brit Mila. Le Chiyouré Knesset Haguédola (Hagaot Tout 17) explique que ceci correspond à l’habitude d’accomplir la Brit Mila après les Kinot, et étant donné que l’habitude est de lire après la Mila le livre de Job et Jérémie à la synagogue, c’est pourquoi il ne convient pas de rester avec les vêtements de Chabbat. Mais d’après l’habitude des Séfaradim d’organiser la Brit Mila l’après-midi on peut rester avec les habits de Chabbat (Kaf Ha’haim 559, 67; Or Letsiyon vol. 3, 29, 10).
En conclusion d’après le Rav Zatsal (Maamar Mordé’hay Moadim 26, 50-53), les Séfaradim ont l’habitude d’accomplir une Brit Mila le jour de Ticha Béav après ‘Hatsot ou après Min’ha. Le père et la mère de l’enfant ont le droit de changer de vêtements et de porter des vêtements de Chabbat, mais pas de vêtements blancs. On n’a cependant pas le droit de porter des chaussures en cuir à cette occasion. On enlèvera les vêtements de Chabbat juste après la Mila. Il est préférable de demander à une personne qui ne jeune pas (pour des raisons médicales) de reciter la bénédiction de la Mila sur un verre de jus de raisin, sinon on donnera le verre à la mère qui ne jeune pas ou à un enfant pour qu’ils le boivent afin que la bénédiction de Haguéfen ne soit pas récitée en vain. On ne sent pas de Bessamim le jour de Ticha Béav, de même la mère de l’enfant n’a pas le droit de se parfumer le jour de Ticha Béav.