Q: Qu’est-il permis de faire dès la sortie du jeune?
R: Le Choul’han Arou’h (Ora’h ‘Haim 551, 3-4) après avoir décrit l’interdiction de se couper les cheveux et de faire la lessive pendant la semaine de Ticha Béav, Chavoua Ché’hal Bo, écrit: « Immédiatement après le jeune, Miyad, il est permis de se couper les cheveux et de faire la lessive. Le Michna Broura (551, 36) déduit de ces propos qu’il sera à plus forte raison permis de consommer de la viande et de boire du vin dès la sortie du jeune. Cependant le Choul’han Arou’h dédie par le suite un chapitre (558) concernant l’interdiction de manger de la viande et de boire du vin à la sortie du jeune, car le Temple fut incendié à la fin de l’après-midi du 9 Av et celui-ci se consuma toute la nuit du 10 Av jusqu’au coucher du soleil du lendemain. Le Yérouchalmi (Taaniyot 4, 6) relate que plusieurs Amoraim avaient l’habitude de jeuner non seulement le 9 Av, mais aussi le 10 Av. cependant nos Sages ont fixé le jeune au 9 Av et non le 10, car on suit le début du malheur. Afin de se rappeler que ce malheur s’est prolongé le jour du dix Av, on a l’habitude de ne pas manger de viande ni du boire du vin ce jour-là. D’après le Michna Broura (558, 2) cet interdit ne s’applique pas à une Séoudat Mitsva, et l’on est encore plus indulgent que depuis Roch ‘Hodech Av, et ce, même la nuit entre le 9 et le 10 Av, et l’on n’a pas besoin de faire de restriction sur le nombre de convives. D’après le Rama qui tranche comme les Hagaot Maimoniyot, cet interdit n’a effet que jusqu’à ‘Hatsot, la mi-journée du 10 Av, alors que d’après les Séfaradim jusqu’au coucher du soleil (Kaf Ha’haim 558, 10), et ainsi se doit de faire tout celui qui craint Hachem (Ma’hzik Bra’ha 558, 2 rapporte dans le Chaaré Téchouva 2) et de même témoigne le Rav en Tsiyon Abba Chaoul (Or Létsiyon vol. 3, 29, 26) que telle est l’habitude des Séfaradim.
Le Michna Broura (idem) rapporte au nom du Rav Chlomo Louria (Chout Maarchal 92), qu’il faut également s’abstenir de se laver, faire la lessive et se couper les cheveux jusqu’à ‘Hatsot du 10 Av. Ainsi tranche le ‘Hida (Ma’hzik Bra’ha 558, 1), le Rav ‘Haim Falagi (Moed Lékol ‘Hay 10, 92) que telle était l’habitude à Izmir en Turquie, et le Kaf ha’haim (558, 6). Cependant le Biour Hala’ha rapporte le Maamar Mordé’hay (Carmi 2) au nom du Chiyouré Knesset Haguédola d’être indulgent sur ce point comme il ressort du Choul’han Arou’h susmentionné (551, 4) où dès la sortie du jeune il est permis de se laver, de se couper les cheveux et de faire la lessive, et ainsi témoigne le Or letsiyon (ibid) que telle est l’habitude des Séfaradim de nos jours, sauf certains qui se montrent stricts sur ce point. On se restreint uniquement de viande et de vin en souvenir des sacrifices et des libations que l’on ne peut apporter de nos jours où le Temple est détruit.
Le Michna Broura (558, 2 à la fin) et le Kaf Ha’haim (558, 7) rapportent les propos du Knesset Haguédola selon lequel il n’est pas approprié d’avoir des rapports conjugaux le soir du 10 Av, à moins que ce ne soit le soir du Mikvé.
Concernant la récitation de la bénédiction de Chéé’hiyanou, le ‘Hida (Ma’hzik Bra’ha 558, 3; Morée Béetsba 241) rapporté par le Chaaré Téchouva (558, 2) et le Rav Elicha Dangour (Guédoulot Elicha 558, 6) recommande à celui qui s’abstient de reciter Chéé’hiyanou pendant les trois semaines de ne pas le reciter le 10 Av également. Le Rav Ben Tsiyon Abba Chaoul écrit que lorsque Ticha Beav tombe un jeudi et que l’on veut mettre un nouvel habit en l’honneur du Chabbat Na’hamou, on pourra se vêtir de ce nouvel habit à l’approche du Chabbat et reciter dessus la bénédiction de Chéé’hiyanou le vendredi après-midi.
En Conclusion, d’après le Rav Zatsal (Maamar Mordé’hay Moadim 29, 1-8) on ne mangera pas de viande ni on ne boira du vin toute la journée du 10 Av, et pour les Ashkenazim jusqu’à ‘Hatsot, sauf lors d’une Séoudat Mitsva. On ne se lavera pas non plus ni on ne se coupera pas les cheveux ni on ne fera de lessive jusqu’à ‘hatsot, et celui qui s’abstient jusqu’à la fin de la journée sera loué. Par contre en cas de gène on pourra être indulgent dès le soir. On ne recitera pas Chéé’hiyanou la journée du 10 Av, ni on n’écoutera de la musique. On s’abstiendra d’avoir des rapports conjugaux le soir du 10 Av, à moins que cela ne soit le soir du Mikvé.