Q: Doit-on faire la Krya, déchirer sa chemise si on se rend au Kotel le jour de Tou Béav, le 15 Av?
R: D’après le Choul’han Arou’h (ora’h ‘Haim 561, 2) il faut déchirer un Téfa’h, un empan de sa chemise lorsque l’on voit le Temple détruit. Il y a une bénédiction a récité: « Barou’h Dayan Haémet ki Kol Michpatav Tsédek Véémet » ainsi que le Psaume (79) Mizmor Léassaf. D’après le Ba’h il faut se prosterner et geindre sur la destruction du Temple.
D’après le Rav Toukatsinsky (Sefer Erets Israel 22, 5), il faut voir le sol de l’esplanade du Temple pour avoir à se déchirer la chemise, mais il ne suffit pas de voir les murailles ou le Kotel Hamaaravi. Par contre il suffit de voir la coupole en or de la Mosquée (Ba’h 561, Péat Hachoul’han 3, 2). Cependant d’après le ‘Hazon Ich (Or’hot Rabbénou vol. 2, p. 148 au nom du ‘Hazon Ich) et le rav Moché Feinstein (Igrot Moché Ora’h ‘haim vol. 4, 70, 11) il faut déchirer sa chemise lorsque l’on voit le Kotel.
Nombreux sont ceux qui se dispensent de nos jours de déchirer leur chemise lorsqu’ils se rendent au Kotel et qu’ils aperçoivent l’esplanade du Temple ou la coupole de la Mosquée, et ceci n’est pas règlementaire. Il existe un moyen de se dispenser de déchirer sa chemise en l’échangeant avec celle de quelqu’un d’autre tout en continuant de la porter, mais ceci n’est pas très réglementaire non plus. D’autres déchirent une chemise et se la font passer entre eux et chacun la déchire à un endroit diffèrent plutôt que de déchirer une nouvelle chemise à chaque fois.
Une fois que l’on a vu l’endroit qui entraine une déchirure, on est dispensé pendant trente jours de déchirer à nouveau sa chemise si on le voit encore une fois (Choul’han Arou’h 561, 5).
Le jour du Chabbat et de Yom Tov, on n’a pas besoin de déchirer sa chemise, car il est interdit de déchirer ce jour-là. Si on s’est rendu au Kotel le jour du Chabbat ou de Yom tov, on est dispensé pendant trente jours d’affilée de déchirer sa chemise même si on s’y rend en semaine. On a même le droit de se rendre explicitement le chabbat pour se dispenser le reste du mois de déchirer sa chemise (A’har Kotlenou 5 du Rav Dibletsky). Le vendredi après-midi, nombreux sont ceux qui ne déchirent pas leur chemise bien que d’après la Hala’ha il faudrait le faire. De même la veille de Yom Tov, sauf la veille de Pessa’h après ‘Hatsot, car d’après certains Richonim comme le Or Zaroua cette après-midi a déjà le statue de ‘Hag concernant les lois de la Avélout, du deuil (Pninat Hamikdach 7, 95). A ‘Hol Hamoed par contre il n’y a pas besoin de déchirer sa chemise car les lois du deuil en public y sont repoussées. Par contre le jour de Roch ‘Hodech, ‘Hanouka ou Pourim il faudrait d’après la Hala’ha déchirer sa chemise, mais l’habitude répandue est de ne pas déchirer sa chemise tous les jours où on ne recite pas les Ta’hanoun (Pninat Hamikdach 7, 100, Kara Alay Moed 11, 14).
Le jour de Tou Béav on ne recite pas les Ta’hanoun, car c’était un jour de fête à l’époque du Temple pour plusieurs raisons (cf Taanit 30b). D’après l’habitude selon laquelle on ne déchire pas ses vêtements les jours où on ne recite pas de Ta’hanoun, il n’y aurait pas besoin de déchirer sa chemise le jour de Tou Béav, bien que d’après la Hala’ha stricte, il faudrait le faire. Il est bon dans ce cas-là d’échanger sa chemise avec quelqu’un avant d’aller au Kotel, car bien que ce moyen apparemment factice de se dispenser de déchirer sa chemise soit discutable, par association avec la coutume susmentionnée on peut se monter indulgent (Pninat Hamikdach Hossafot ‘Hadachot p. 409 au nom du Rav Pessa’h Eliyaou Falk de Gateshead)