Q: Recite-t-on la Bra’ha de Chéassa Li Kol Tsorki dans les Birkot Hacha’har le jour de Ticha Béav?
R: L’une des cinq interdictions du jour de Ticha Béav est de ne pas porter des chaussures en cuir (Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haim 554, 16), tout comme le jour de Yom Kippour. Les Roch (Yoma 8, 3) et le Tour (Ora’h ‘Haim 613) rapportent les écrits du Baal Haitour (Hil’hot Yom Kippour 106c) qui se pose la question de savoir si on peut reciter la bénédiction de Chéassa Lo Kol Tsorki le jour de Yom Kippour étant donné qu’elle a était instituée sur le port des chaussures (lorsque l’on chausse ses chaussures on recite ‘Chéassa…’, Bra’hot 60b), certains disent qu’il ne faut pas la reciter car on ne porte pas de chaussure ce jour-là. Cependant puisqu’on peut les porter, par exemple dans un endroit où il y a un risque de se faire piquer par des scorpions, on a le droit de la reciter comme toute l’année. Le Bet Yossef écrit que d’après le Roch et le Ran on peut la reciter car elle a été instituée sur le Minhag Haolam, l’habitude générale. De même pense le Ritva (Taanit 30) qu’il l’on peut reciter cette bénédiction car c’est une Birkat Hachéva’h, une bénédiction de louange, suivant les actions de la majorité des gens, comme on recite la bénédiction de ‘Hanoten Lasé’hvi Bina’, bien que l’on n’ait pas entendu le coq chanter. Le Rambam par contre pense que l’on ne recite pas la bénédiction de ‘Chéassa li Kol Tsorki le jour de Kippour et de Ticha Béav, car on ne peut reciter ces bénédictions que si elles nous incombent, comme ‘Hanoten..’ on ne peut la reciter d’après le Ramabm que si on a entendu le coq. Le Tachbets (Chout Hatachbets vol. 2, 186) contredit le Rambam car seules les chaussures en cuir sont interdites, pas celles en tissu (ou en plastique de nos jours). Le Michna Broura (554, 31) suit l’opinion du Lévouch, Eliya Rabba et Pri Mégadim qui pensent que l’on recite cette bénédiction le jour de Ticha Béav.
Le Ben Ich ‘Hay écrit (Chana Richona Vayéchev 9): « La bénédiction de Chéassa Li Kol Tsorki a été instituée par nos Sages sur le port des chaussures, car celui qui est pieds nus ne peut s’affairer à toutes ses occupations que ce soit dans la maison ou à l’extérieur. Une fois qu’il chausse ses chaussures, tous ses besoins sont considérés comme accomplis, puisqu’il peut aller là où il le souhaite et s’adonner à ses occupations, comme l’écrit le Chalmé Tsibour. D’après le Arizal (Chaar hakavanot 2d) il faut reciter toutes les Birkot Hacha’har même celui qui n’a pas dormi ou qui a dormi tout habillé, car ce sont des bénédictions générales, instituées selon le Minhag Haolam, l’habitude du monde. Par contre on ne recitera pas la bénédiction de ‘Chéassa Li Kol Tsorki’ le jour de Ticha Béav ni le jour de Yom kippour, car tout le monde marche pieds nus ces jours-là. Le Ben Ich ‘Hay poursuit qu’un endeuillé, bien qu’il doit marcher pied nu doit reciter cette bénédiction car le reste des gens porte des chaussures. Par contre bien que le jour de Ticha Béav et de Yom Kippour les malades ont le droit de porter des chaussures en cuir, ils ne représentent qu’une faible minorité et sont perdus dans la masse. Le ‘Hida (Kécher Goudal 5, 19) tranche comme le Arizal de ne pas reciter cette bénédiction le jour de Yom Kippour et de Ticha Béav. Le Rav ‘Haim Falagi (Kaf Ha’haim 9, 11) également tranche selon cette opinion et le Rav David Amar (Téfila LéDavid 104).
D’après le Rav Zatsal (Maamar Mordé’hay Moadim 26, 27), même quelqu’un qui a la permission de porter des chaussures ne recitera pas la bénédiction de Chéassa li Kol Tsorki, ni celui qui les porte à la sortie du jeune, comme le Ben Ich ‘Hay (Rav Péalim vol. 2, 8) repousse l’opinion du Gaon de Vilna (Maassé Rav 9) qui avait cette habitude.
En conclusion, d’après le Rav Zatsal (Maamar Mordé’hay Moadim 27, 11) on ne recite pas la bénédiction de ‘Chéassa Li Kol Tsorki’ le jour de Ticha Béav comme le dicte le Ben Ich ‘Hay (Chana Richona Dévarim 23) car on ne porte pas de chaussure ce jour-là.