Q: Dans quelle Téfila recite-t-on Na’hem à Ticha Béav et peut-on se rattraper si on l’a oublié?
R: D’après le Yérouchalmi (Bra’hot 4, 3) il faut mentionner l’évènement du jour dans la Amida, comme on mentionne toute fête dans Yaalé Véyavo. Le jour de Ticha Béav on rajoute dans la bénédiction de Boné Yérouchalaim le passage de Na’hem Hachem Elokénou et Avlé Tsiyon, « Console, O Hachem notre D.ieu, les endeuillés de Sion ». On le rajoute dans cette bénédiction et non dans Choméa Téfila, car ce passage a trait à cette bénédiction, la consolation par la reconstruction de Jérusalem. On change la signature de la bénédiction, par « Ména’hem Tsiyon Ouboné Yérouchalaim », « Console Sion et construit Jérusalem » d’après certains; mais d’après le Chiyouré Knesset Haguédola (Hagaot Hatour 557, 1) il est préférable de conclure par « Ména’hem Tsiyon Bébiniyan Yérouchalaim », « Console Sion par la construction de Jérusalem » car cela revient à un seul sujet. Le Maamar Mordé’hay Carmi (557, 2) et le Maté Yéhouda Ayache (557, 1) font remarquer que du silence du Choul’han Arou’h on en déduit qu’il faut conclure la bénédiction par « Boné Yérouchalaim » comme toute l’année, comme il est mentionné dans le Rambam et le Aboudarham.
Le Roch (Taanit 4, 34) s’étonne de l’habitude de ne rajouter Na’hem qu’à Min’ha, car si il faut mentionner l’événement du jour, le Méein Haméora, alors il faut le mentionner dans toutes les prières, comma à Roch ‘Hodech par exemple, et ainsi écrit le Rav Yéhouda de Barcelone, et le Kol Bo (62). Le Rokéa’h par contre écrit qu’on ne le recite qu’à Min’ha. Le Rav David Aboudarham écrit que cela est une controverse entre le Rav Amram Gaon qui pense qu’il faut le reciter dans toutes les prières, et le Rav Saadya Gaon qui pense qu’il ne faut le reciter qu’à Min’ha car c’est à ce moment-là que le Temple fut incendié (Taanit 29a), et telle est l’habitude répandue. D’après le Ritva (Chout Haritva 63) il aurait fallu le rajouter dans toutes les prières, cependant le matin et le soir, nous sommes comme des endeuilles face à la dépouille mortuaire, c’est pourquoi on dit Ra’hem, « Ait miséricorde », tandis qu’a Min’ha nous sommes comme des endeuillés après l’enterrement, c’est pourquoi on dit Na’hem, « Console ». Certains expliquent avec cette raison le Minhag de ne reciter Na’hem qu’à Min’ha. Le Choul’han Arou’h n’explicite pas dans quelle prière rajouter Na’hem, donc a priori dans toutes les prières, comme le déduisent le ‘Hida (Birké Yossef 557, 1) au nom du Pri ‘Hadach que telle est l’habitude à Jérusalem; par contre le Rama écrit que l’habitude est de l’intercaler uniquement à Min’ha. Le Rav ‘Haim Falagi (Moed Lékol ‘Hay 10, 82) écrit que l’habitude à Izmir est de ne le reciter qu’à Min’ha. Le Kaf Ha’haim (567, 7) témoigne que dans la Yéchiva de Bet El des Mékoubalim l’habitude et qu’à Cha’harit seul l’officiant le recite dans la répétition, alors qu’à Min’ha tout le monde le dit.
Si on a oublié de le reciter, d’après le Choul’han Arou’h on n’a pas besoin de revenir en arrière. Le Michna Broura (557, 4) explique que cette intercalation n’est pas critique lors d’un jour où il n’a a pas de prière de Moussaf. Le Biour Hala’ha rapporte une controverse: d’après certains si on a oublié on peut le rajouter dans la Hodaah, la bénédiction de Modim. Mais nombreux sont les décisionnaires qui rejettent cette opinion, car cet endroit convient pour une prière sur un événement passé; or Na’hem est une demande dans le futur (la future reconstruction de Jérusalem). Il convient donc de l’intercaler dans la bénédiction de la Avoda, Retsé, où l’on prie pour le retour des sacrifices. D’après le Taz on l’intercalera dans Choméa téfila, mais le Biour Hala’ha rapporte le Maté Yéhouda qu’il est préférable de l’intercaler dans Retsé, ce qui plus naturel et approprié. Dans ce cas on ne changera pas la signature de la bénédiction (Michna Broura 557, 2). Si on oublie de l’intercaler dans la Avoda, on l’intercalera à la fin de la Amida dans Elokay Netsor (Kaf ha’haim 557, 2)
En conclusion d’après le Rav Zatsal (Maamar Mordé’hay Moadim 27, 2), certains ont l’habitude de ne reciter Na’hem qu’à Min’ha, à la Yéchiva de Bet-El l’officiant l’intercale dans la répétition de la Amida de Cha’harit en plus de Min’ha, d’autres ont l’habitude de le reciter dans les trois prières (Dans le Sidour du rav, il n’est imprimé que dans la prière de Min’ha, et dans Arvit et Cha’harit il y a juste un renvoi a la prière de Min’ha pour celui qui a l’habitude de le dire dans toutes les prières). Si on a oublié de le reciter dans la bénédiction de Boné Yérouchalaim, on peut se rattraper dans Chéma Kolénou ou on l’intercalera après Anénou et on terminera la bénédiction normalement par Choméa Téfila et non Ména’hem Tsiyon. Si là aussi on a oublié, on continuera la Amida et on l’intercalera dans Elokay Netsor. Dans tous les cas on ne reviendra pas en arrière (ibid 27).