Q: A-t-on le droit d’aller au Mikvé la semaine de Ticha Béav, Chavoua Ché’hal Bo?
R: : La période entre le jeune du 17 Tamouz et du 9 Av est appelée Ben Hamétsarim, d’après le verset de la Méguilat Ei’ha (1, 3). Elle commémore la destruction des deux Temples, et se caractérise par une série de restrictions liées au deuil allant crescendo dans leur sévérité. L’une d’entre elles est de ne pas se laver. D’après le Choul’han Arou’h (Ora’h ‘haim 551, 16) certains ont l’habitude de s’abstenir de se laver depuis Roch ‘Hodech Av, tandis que d’autres s’abstiennent uniquement pendant la semaine de Ticha Béav, Chavoua Ché’hal Bo. L’habitude répandue chez les Séfaradim est comme la deuxième opinion, tandis que les Ashkenazim se montrent stricts comme la première. D’après le Rama même la veille de Chabbat ‘Hazon, on ne se lave que les pieds, les mains et la tête à l’eau froide. Seul le jour de Roch ‘Hodech Av qui tombe un vendredi on aura le droit de se laver entièrement à l’eau chaude pour celui qui en a l’habitude tous les vendredi (Michna Broura 551, 89). Par contre il est permis de se laver pour une Mitsva, comme pour une femme qui doit se tremper au Mikvé pendant cette période, et ce, même si elle ne doit se tremper que le 10 Av au soir, elle a déjà le droit de commencer les préparatifs la veille de Ticha Béav et de se doucher pendant la semaine de Ticha Béav.
Concernant le Mikvé pour un homme, le Michna Brorua (551, 95) écrit que celui qui a l’habitude de se tremper tous les vendredi pourra le faire même la veille de Chabbat ‘Hazon; par contre si il annule cette Tévila de temps en temps à cause de ces occupations ou à cause du froid, il ne se trempera pas cette semaine. Le Rav ‘Haim Falagi (Moed Lékol ‘Hay 10, 26) après avoir écrit la même chose, rajoute au nom du Yéchouot Yaakov qu’il est permis pour celui qui a eu des relations conjugales ou des pollutions nocturnes de se tremper un Mikvé pendant ces neuf jours, même la veille de Ticha Béav, mais pas le jour de Ticha Béav, et ce, même si l’eau du Mikvé est froide. Le Ben Ich ‘Hay (Chana Richona Dévarim 16) écrit également que celui qui a l’habitude de se tremper tous les vendredis, ou après chaque rapport conjugal, ou un Sandak a le droit de se tremper au Mikvé même pendant la semaine de Ticha Béav. Dans son responsa (Rav Péalim vol. 4, Ora’h ‘Haim 29) il précise d’aller se tremper au Mikvé au petit matin, afin de montrer qu’on le fait pour la Mitsva et non par plaisir, comme cela pourrait être le cas si on le faisait l’après-midi quand il fait bien plus chaud. Certains décisionnaires Ashkénazes se montrent cependant plus stricts sur ce point (cf Kara Alay Moed 3, 5, note 15 au nom du Rav ‘Haim Kanievski)
En conclusion, d’après le Rav Zatsal (Maamar Mordé’hay Moadim 25, 88-91), celui qui a l’habitude de se tremper au Mikvé tous les vendredi en l’honneur du Chabbat pourra aller au Mikvé la veille du Chabbat ‘Hazon ou bien le jour du Roch ‘Hodech Av qui tombe un vendredi; de même si le jour de Ticha Béav tombe le Chabbat et est repoussé au Dimanche, celui qui a l’habitude de se tremper tous les Chabbat matin au Mikvé pourra le faire ce Chabbat. Quelqu’un qui a l’habitude de se tremper tous les jours, ou après chaque rapport conjugal ou après des pollutions nocturnes, a le droit de se tremper au Mikvé même lors de la semaine de Ticha Béav, la Chavoua Ché’hal Bo, et ce même si l’eau du Mikvé est chaude. De même si la direction du Mikvé oblige chaque personne qui se trempe à se laver avec du savon avant son immersion par mesure d’hygiène, on aura le droit de le faire même cette semaine, mais on se lavera à l’eau froide ou tout au moins à l’eau tiède. Il en est de même pour un Sandak qui a l’habitude de se tremper au Mikvé avant chaque Brit Mila à laquelle il est invité à être Sandak, celui qui tient le nourrisson sur ses genoux.