Question : quelle est la définition du pauvre concernant les dons aux pauvres, à Pourim ? Et, de manière générale quel est le pauvre qui peut prendre de la Tsédaka ?
Réponse : Le Mékor ‘Hayim (au chap. 694 §3) précise qu’il faut envoyer les dons aux pauvres à des pauvres complètement démunis. C’est ceux-là que la Méguila nomme Evionim. Le Aroukh Hachoul’han (§3) explique que dans la Torah le Ani et le Evione sont deux différents types de pauvres comme on le constate en lisant la Sidra de Ki Tétsé (24 ;14). La Guémara confirme (Baba Métsia 110) que le Evion est davantage souffrant que le Ani. Comme l’explique Rachi ad hoc, Evion signifie « ové » c’est-à-dire qu’il a envie mais n’obtient rien. On aurait donc pu croire que comme la Méguila emploie le terme de Evione, il faudra choisir le pauvre le plus indigent. Or, dit le Rav, il n’en n’est rien. La preuve en est la Parachat Réeh (Devarim 15,7) où le verset commence par parler d’un Evione pour finir avec un Ani. Or, là-bas, il s’agit du même ! En fait, comme l’explique le ‘Aroukh Hachoul’han, ce que veut dire la Méguila, lorsqu’elle emploie le terme d’Evione, c’est au contraire que même le Evione est bon pour la Mitsva, alors que d’ordinaire il ne passe qu’après le Ani. Mais le Ani l’est a fortiori.
Passons à présent au Choul’han Aroukh dans les lois de la Tsédaka (Y.D 253, 1). Il y est dit que celui qui dispose de deux repas ne se servira pas du Tam’houy, c’est-à-dire des repas distribués. S’il dispose de 14 repas, il ne prendra pas de la caisse des pauvres. Et s’il dispose de 200 zouz et ne les utilise pas pour les affaires, ou qu’il a 50 zouz qu’il utilise pour faire des affaires, il ne prendra pas de la Tsédaka. S’il a 200 zouz moins un seul Dinar (qu’il n’utilise pas pour les affaires), si on lui donne même 1000 zouz en une fois, il les prendra ! Et s’il a beaucoup d’argent mais a contracté une dette, ou que cet argent est hypothéqué pour la Kétouva de sa femme, il pourra prendre de la Tsédaka. Et s’il a une maison avec de nombreux ustensiles, mais qu’il n’a pas 200 zouz en espèce, il pourra également prendre de la Tsédaka sans devoir vendre ses ustensiles, même s’il possède des biens en argent et en or. Cela est vrai, poursuit le Choul’han Aroukh, pour des ustensiles destinés à manger et à boire ou des vêtements et ce qui s’y apparente. Mais s’il s’agit de gros outils de cuisine comme la grosse rappe ou le gros pilon, s’ils sont d’argent, il les vendra. D’autre part, celui que l’on n’oblige pas à vendre ses ustensiles, c’est lorsqu’il ne doit pas se servir de la caisse mais se contente de recevoir les dons de particuliers. Mais celui qui voudrait se servir de la caisse de Tsédaka, il devra auparavant vendre ses ustensiles et seulement après il peut se servir de la caisse. Cependant on peut lire à l’artc. 2 que selon certains, ces critères n’étaient valable qu’à l’époque, mais aujourd’hui on peut prendre de la Tsédaka jusqu’à avoir un capital suffisant à nourrir sa famille des bénéfices produits. Dans le Chout ‘Hatam Sofer (tome 2 , YD , chap. 239), celui –ci considère que les mesures données par les Sages, ,notamment les 200 zouz, étaient valables à une époque où on vivait d’une production agricole à l’autre, mais aujourd’hui il faut réévaluer tout cela. Le ‘Hatam Sofer procède donc à une évaluation pour déterminer quelle est la somme que doit posséder un homme pour ne plus être considéré comme pauvre. Dans le Chout Chevet Halevi (tome 2, chap 120), le Rav Wozner affirme également que les temps ont changé et que seul celui qui a un capital suffisant pour nourrir sa famille des bénéfices ne prend pas de la Tsédaka. Ou alors, celui qui a un salaire fixe suffisant, même s’il n’a pas de capital. Cependant, le Rav Wozner établit une nouveauté intéressante : celui qui a un salaire fixe mais n’a pas les moyens d’acheter un appartement, sera considéré comme pauvre relativement à l’achat d’un appartement. Quoiqu’il en soit, tout dépend du contexte, de l’époque, etc.
Dans le Maamar Mordekhay (tome 3, chap. 20) le Rav Eliahou aussi fait dépendre le droit de prendre de la Tsédaka du contexte et de l’époque. Le Rav écrit clairement que les 200 zouz mentionnés par les Sages ne sont formulés qu’à titre indicatif. En réalité, ce qui compte, c’est la capacité du chef de ménage à subvenir aux besoins de sa famille. S’il a un salaire fixe et suffisant cela devrait suffire.
Conclusion : si une personne à un capital au rendement suffisant pour subvenir aux besoins de sa famille, ou un salaire fixe, il ne prendra pas de la Tsédaka. A moins qu’il ait des dépenses importantes telles que des frais de santé qu’il ne peut pas assumer etc.