Question : peut-on faire le Ni’houm Avélim par téléphone ?
Réponse : Le Rambam (Avel chap 14, §17) dit : « il me semble que la consolation des endeuillés a préséance sur la visite aux malades, car la consolation aux endeuillées est une action bienfaisante envers les vivants comme avec les morts ».
Le Igrot Moché (tome 4 chap. 40) écrit, concernant le Ni’houm Avélim par téléphone, qu’il faut distinguer deux éléments de manière générale dans la consolation : d’une part un geste envers les endeuillés qui sont perturbés par la souffrance qui les a touché et à qui on doit dire des paroles touchantes. Pour cela il faut donc se rendre là où se trouve l’endeuillé. D’autre part, il y a un geste envers le mort, comme il en ressort de la Guémara de Chabat page 152 où l’on lit : Rabbi Yéhouda a dit qu’un mort qui n’a pas de consolateurs, 10 personnes iront s’asseoir à sa place etc. et la Guémara rapporte une histoire où l’on voit que le mort est apparu à Rabbi Yéhouda pour lui dire combien il lui a procuré du bien. Cela explique donc les paroles de Maimonide rapportées plus haut. Le Igrot Moché poursuit en disant que concernant l’endeuillé l’on peut réaliser la Mitsva également par téléphone. Mais concernant le mort il faut se déplacer à l’endroit où l’on console ou à l’endroit du mort. Et même concernant l’endeuillé il est certain qu’il est préférable de se déplacer puisque le fait même de se déplacer pour le consoler est l’expression d’un respect et d’une consolation. Comme on le voit chez Rabbi Akiva dans Moed Katan page 21 , la consolation des endeuillés est liée à celle de Kavod, respect. Or le téléphone ne procure pas véritablement de respect. C’est pour cela que si l’on peut se déplacer on ne peut pas s’acquitter de toute la Mitsva par téléphone. Mais, poursuit le Rav, il y a quand même une relative Mitsva par téléphone. C’est la raison pour laquelle celui qui ne peut pas se déplacer, pour des raisons de santé ou parce qu’il est occupé à une autre Mitsva, consolera au moins par téléphone.
Le Tour dans YD chap. 393 rapporte la coutume ashkénaze où l’endeuillé se rend à la synagogue le Chabat et, après la Téfila il sort le premier et s’assoie à l’entrée de la synagogue. Ensuite, les fidèles le suivent et s’assoient près de lui. Puis, l’endeuillé se lève pour partir chez lui, et les fidèles le suivent et l’accompagnent une heure. Cette coutume s’inspire d’un passage de Pirké Derrabi Eliezer où l’on voit que lorsque Shlomo a construit le Temple il a compris que la bienfaisance était chère aux yeux du Tout Puissant, et a donc prévu deux portes supplémentaires : par l’une passaient les ‘hatanims/jeunes mariés et par l’autre les endeuillés. Ainsi, la communauté pouvait savoir qui avait besoin de joie ou de réconfort. Or la Pricha déduit des paroles de ce Midrach, que les gens n’abondaient pas de paroles aux endeuillés mais se contentaient, avant de quitter , de dire « Que Celui qui réside dans cette demeure te consoles ». De là il en déduit la conduite répandue consistant à se taire chez l’endeuillé, pour ensuite dire la formule de circonstance, sans plus. L’idée est que le fait même d’être venu est une marque de respect qui constitue un Ni’houm Avélim. C’est pour toutes les considérations évoquées que l’on comprendra ce qu’écrit notre maitre le Rav Mordekhay Eliahou dans l’ouvrage Tsror Ha’hayim chap. 154 : « On ne se rend pas ainsi quitte de son devoir (c’est-à-dire par téléphone). Mais si quelqu’un ne peut pas se rendre chez les endeuillés pour les consoler il est bon d’envoyer un télégramme ou de téléphoner. »
Conclusion : on ne se rend pas quitte de l’obligation de consoler les endeuillés par téléphone mais si l’on est empêché de se déplacer il est bon de téléphoner.