Le peuple d’Israel célèbre la sortie d’Egypte le de Pessa’h par un repas très particulier avec de nombreuses étapes qui changent de l’ordinaire: c’est le Seder de Pessa’h. En effet on y opère de nombreux changements afin d’éveiller la curiosité des enfants et de les inciter à poser des questions: Pourquoi s’accoude-t-on? Pourquoi on ne mange pas immédiatement après le Kiddouch? Pourquoi trempe-t-on le Karpas dans l’eau salée? C’est au père de famille d’y répondre.
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S’accouder
- Les hommes et les femmes sont enjoints de s’accouder le soir du Seder lorsque l’on boit les quatre coupes et l’on mange les quatre Kazayit de Matsa qu’il faut manger comme un homme libre. (Cf Choul’han Arou’h 473, 2; 475, 1)
- Il faut s’accouder du côté gauche et même un gaucher s’accoudera sur le côté gauche, et si il s’est accoudé du côté droit, il faut recommencer à manger et à boire. (Cf Choul’han Arou’h 472, 3; Kaf Ha’haim 23)
- Un indigent qui n’a pas de coussin et de matelas pour s’accouder, se penchera sur un banc ou sur son ami, mais pas sur sa propre hanche car il ressemble à quelqu’un qui s’inquiète. (cf Choul’han Arou’h 472, 2, Rama; Kaf Ha’haim 15-16)
- Un fils devant son père ou une femme devant son mari doivent s’accouder. (cf Choul’han Arou’h 472, 4-5)
- Un élève devant son maitre, même si ce n’est pas son maitre exclusif, est dispenser de s’accouder à moins que son maitre le lui permet; il est alors obligé de s’accouder. (cf Choul’han Arou’h 472, 5)
- Dans tout occasion où il fallait s’accouder, si on ne l’a pas fait il faut manger ou boire une nouvelle fois en s’accoudant. C’est pourquoi il est bon que le chef de famille rappelle à ses convives avant chaque coupe et chaque Kazayit de Matsa de faire attention de s’accouder. Les décisionnaires qui suivent l’opinion du Rama n’ont pas l’habitude d’obliger celui qui a oublié, de recommencer à manger et boire en s’accoudant, mais il est louable de se montrer strict. (Cf Choul’han Arou’h 472, 7; Rama)
- Celui qui s’accoude pendant tout le repas du soir du Seder est digne de louanges, en faisant attention de ne pas reciter le Birkat Hamazon accoudé car c’est un manque de respect vis-à-vis du Ciel. (cf Choul’han Arou’h 472, 7, Rama)
- Un endeuillé doit s’accouder comme tout un chacun.
Kadech
- Lorsque l’on revient de la synagogue, il faut revenir joyeux et radieux et souhaiter à sa famille « Pessa’h Kacher Vésaméa’h » ou « Tizkou Léchanim Rabot Néimot Vétovot » et entonner ensuite « Kadech Oure’hats… ». (Cf Sod Yécharim vol. 1, 6)
- Avant chaque étape du Seder le Chef de famille l’annonce, par exemple avant la lecture de la Haggada il dira: « Maggid » et ainsi de suite. Il est bon de revenir de temps en temps sur tout le Seder depuis le début: « Kadech Oure’hats… » car ces mots font allusion à de grandes choses; en effet les commentateurs rapportent plusieurs explications et secrets inclus dans ces mots: en les lisant on pense à ces interprétations.
- Lorsque Pessa’h tombe le vendredi soir on commence par « Chabbat Chalom » et « Tizkou… ». Certains ne recite pas le « Chalom Alei’hem », l’habitude des Séfaradim est de reciter comme tous les Chabbat « Chalom Alei’hem », « Echet ‘Hayil », « Azamer Bichva’hin » et « Mizmor LéDavid » mais on ne s’étendra pas sur les chants.
- On remplit le premier verre de tous les convives, et le chef de famille recite dessus le Kidouch en pensant à acquitter tous ceux qui l’écoutent. De même les convives prêteront attention à s’acquitter en l’écoutant. Etant donné qu’ils comptent s’acquitter de sa bénédiction ils ne répondront que « Amen » sans dire « Barou’h Hou Oubarou’h Chemo »; si ils ont répondu « Barou’h Hou Oubarou’h Chemo » ils sont quand même acquittés.
- Bien que toute la nuit on puisse faire le Kidouch et manger en plein jour afin de rajouter de la sainteté au profane, le soir de Pessa’h on ne peut commencer le repas qu’une fois la nuit tombée, car la Mitsva de manger la Matsa doit être accomplie à la nuit tombée uniquement, comme la consommation du sacrifice pascale. De même concernant les quatre coupes. Etant donne que le verre du Kidouch est également la première des quatre coupes, on ne peut faire le Kidouch qu’à la nuit tombée. (Kaf Ha’haim 472, 4)
- Il faut boire a priori toute la quantité de vin contenue dans le verre en une fois ou en deux ou trois gorgées; si on a bu la majorité du verre on s’est acquitté. Dans tous les cas il faut boire la majorité d’un réviit, c.-à-d. 45 grammes. Si il s’agit d’un grand verre il faut boire la majorité de celui-ci (Ben Ich ‘Hay Chana Richona Tsav 29). On ne recite pas la Béra’ha A’harona même si on a bu un réviit.
- Si on a du mal à boire le vin, et par conséquent il est difficile de boire un grand verre, on prendra un verre qui contient juste un réviit.
- D’après le Rav ‘Haim Falagi il est bon de boire un Réviit entier et pas uniquement la majorité du réviit du verre du Kiddouch afin que cela soit considère comme Kiddouch Bémakom Séouda, à l’emplacement du repas. (Haggadat ‘Haim Léroch)
- On préparera quatre verres pour chacun, les femmes sont également enjointes de boire les quatre coupes ainsi que toutes les Mitsvot du soir du Seder. De même que les enfants qui comprennent le récit de la sortie d’Egypte doivent accomplir les Mitsvot du soir du Seder. (cf Choul’han Arou’h 472, 14-15; Kaf Ha’haim)
Oure’hats
- On se lave les mains et on les essuie pour manger le Karpas. On se lavera les mains avec un Kéli, un récipient comme on se lave les mains avant le repas, trois fois sur chaque main (certains ne versent que deux fois de l’eau sur chaque main), cependant on ne recitera pas de bénédiction (il faut penser à se laver les mains pour le Karpas et non pour la Matsa). De même on a l’habitude toute l’année lorsque l’on veut manger un aliment mouillé ou que l’on trempe dans un liquide, on se lave les mains sans bénédiction. Bien que l’on ne recite pas de bénédiction, il ne faut pas parler après s’être lavé les mains jusqu’à ce que l’on mange le Karpas. (Choul’han Arou’h 473, 6; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Tsav 31)
Karpas
- Pour le Karpas, le premier trempage, on prendra du céleri après l’avoir vérifié et nettoyé de tout insecte. Si on n’a pas de céleri, on prendra un autre légume sur lequel on recite la bénédiction de Boré Péri Haadama, à condition que ce ne soit pas un légume avec lequel on peut s’acquitter du Maror. (Choul’han Aou’h 473, 6; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Tsva 32)
- Il faut vérifier et nettoyer le Karpas la veille de la fête. Si on peut se procurer du céleri qui a poussé sous serre protégée des insectes, on en achètera même si il est plus cher.
- Le maitre de famille distribue un morceau de Karpas de moins d’un Kazayit à chacun des convives. On le trempe dans l’eau salée ou dans le vinaigre ou dans de l’eau avec du citron. D’après certaines opinion il faut faire attention que la majorité du mélange soit constitué d’eau, mais on ne trempera pas le Karpas dans du jus de citron pur car ce trempage ne nécessite pas de se laver les mains. (Choul’han Arou’h 473, 6; Kaf Ha’haim 112; Ben Ich ‘Hay ibid)
- Si on a consommé par erreur plus d’un Kazayit de Karpas, on ne recitera pas « Boré Néfachot » (Choul’han Arou’h 473, 6; Od Yossef ‘Hay 7-8-9; cf Haggadat Ora’h ‘Haim p. 31). On peut la reciter sans prononcer le Nom Divin.
- Chaque convive recite la bénédiction de « Boré Péri Haadama » et pensera à s’acquitter de la bénédiction sur le Maror que l’on consommera plus tard. (Choul’han Arou’h 473, 6; Kaf Ha’haim 113)
- Il n’y a pas besoin de manger le Karpas en s’accoudant car il symbolise la souffrance de l’assujettissement, et l’accoudement représente la liberté (Ben Ich ‘Hay ibid). D’après certains il faut s’accouder (Kitsour Choul’han Arou’h 119, 3)
- Il faut préparer l’eau salée ou le jus de citron la veille de la fête. Si on a oublié, on peut préparer l’eau salée pendant la fête en la préparant de manière différente de la semaine, en petite quantité, et il est bon de les utiliser pendant Chabbat. On ne pressera pas de jus de citron pendant Chabbat pour le Karpas. (Kaf Ha’haim 473, 50)
Ya’hats
- Apres cela on prend la Matsa du milieu parmi les trois Matsot et on la partage en deux, un grand morceau en forme de Vav et un plus petit en forme de Dalet. On remet dans le plateau le petit morceau entre les deux Matsot entières, et on met de côté le grand morceau pour la Afikoman, car elle vient en lieu et place du sacrifice pascal. On a l’habitude de l’envelopper dans une serviette en allusion au verset (Chémot 12, 34) et certains ont l’habitude de la poser sur leur épaule en souvenir de la sortie d’Egypte. (Ben Ich ‘Hay ibid 33; Kaf Ha’haim 473, 122)
- On lira avec joie la Haggada à voix haute, on l’expliquera et on s’étendra sur les différents sujets, afin d’accomplir la Mitsva de la Torah. Il est bon de lire avant de commencer le passage du Zohar correspondant (Réhaya Méhémna Parachat Bo 40b; Kaf Ha’haim 473, 152)
- On découvre les Matsot au début du Maguid et on soulève la Matsa du milieu en disant trois fois « Ha La’hma Ania » jusqu’à « Léchana Habaa Béné ‘Horin ». Certains disent « Kéha La’hma » et omettent le mot « Di »; d’autres disent « Hé La’hma » (comme le Ben Ich ‘Hay ibid 33) ou encore « Ha La’hma ». Chacun fera comme son habitude, l’important c’est que les convives et les enfants comprennent ce qu’il dit. C’est pourquoi il faut leur expliquer de manière a ce qu’ils comprennent. (Choul’han Arou’h 473, 6, Rama; Kaf Ha’haim 126; 129; Ben Ich ‘Hay ibid)
- On exécute toute sorte d’actions spéciales ou étranges durant tout le repas afin de susciter la curiosité de l’enfant et qu’il demande: « Pourquoi fait-on ceci? » Ou « En quoi diffère…? »
– On boit le vin en s’accoudant (de manière grotesque afin que l’enfant s’intrigue)
– on distribue des noix aux enfants après le Kiddouch avant de manger
– on enlève le plateau du Seder de la table et on le rapporte une fois que l’on commence « Avadim Hayinou »
– on sert le deuxième verre de vin sans le boire
- Lorsque les enfants demandent « pourquoi est-ce diffèrent? » ou toute autre question à propos du soir du Seder, c’est une Mitsva de leur répondre immédiatement sans délai.
- Si il n’y a pas d’enfant en bas âge, les enfants plus âgés demanderont « Ma Nichtana ». Si il n’y a pas du tout d’enfant, la femme du maitre de maison ou l’un des invités posera les questions même si ils sont tous instruits. Si on se trouve tout seul pour le soir du Seder, on se posera les questions à soit même et on les répondra. (Choul’han Arou’h 473, 7)
- La section « Avadim Hayinou » représente le début réel de la Haggadah en donnant la réponse à la question « Ma Nichtana » et constitue la Mitsva de « Véhigdta Lébine’ha », « tu raconteras à ton fils ». C’est pour quoi il faut raconter la Haggadah doucement en multipliant les paraboles et les homélies de nos Sages, ainsi que des histoires. Il faut expliquer la Haggadah aux convives de telle manière qu’ils comprennent. Il faut expliquer en particulier les dires de Rabban Gamliel: « Tout celui qui n’a pas dit trois choses n’a pas accomplit son devoir, Pessa’h, Matsa et Maror. Pessa’h, pour quelle raison? Etc » en expliquant aux autres et en comprenant soi-même les raisons du Pessa’h, sacrifice pascal, la Matsa et le Maror. (cf Choul’han Arou’h 473, 6 Rama). Il est bon que chacun disent les mots: « Pessa’h, Matsa Ou Maror » ainsi que les trois passages suivants.
- Lorsque l’on commence « Avadim Hayinou », on remet le plateau a sa place. (Choul’han Arou’h 473, 7)
- il est bon de ne pas s’interrompre pendant la lecture de la Haggadah par des propos futiles, uniquement ce qui est lié au récit de la Haggadah ou au Seder.
- Il est bon d’éviter de fumer pendant la lecture de la Haggadah.
- Il faut découvrir les Matsot durant la lecture de la Haggadah, car la Matsa est appelée « Lé’hem Oni », le pain sur lequel on répond aux questions. De même la Torah nous dit de répondre à l’enfant qui demande: « Pour ceci Hachem a accompli pour moi lorsqu’il m’a fait sortir d’Egypte », et nos Sages ont expliqué: « lorsque la Matsa et le Maror se trouvent devant toi ». (Kaf Ha’haim 473, 149; 169)
- Lorsque l’on lève le verre de vin il faut recouvrir les Matsot, car il ne convient pas de lever son verre de vin et de délaisser les matsot auxquelles nous étions occupés. (Ben Ich ‘Hay Chana Richona Tsav 33)
- Lorsque l’on atteint le passage « Matsa Zo » on prend la Matsa supérieure du plateau (certains ont l’habitude de soulever la Matsa intermédiaire mais telle n’est pas notre habitude) et on la montre aux convives en disant « Matsa Zo ». De même on soulève le Maror lorsque l’on dit « Maror Zé ». Par contre lorsque l’on dit « Pessa’h Chéhayou O’hlim Avoténou », le sacrifice pascal que nos ancêtres avaient l’habitude de manger, on ne soulève pas le Zéroa, l’os qui vient en souvenir du Korban Pessa’h, car il semblerait que l’on veuille le sanctifier à cet effet. (Choul’han Arou’h 473, 7; Kaf Ha’haim 158; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Tsav 33)
- Lorsque l’on dit « Léfi’ha’h » on recouvre les Matsot et on soulève le verre d’au moins un Téfa’h, ainsi que tous les convives. On garde le verre en main jusqu’à la fin de la bénédiction « Gaal Israel ». On boira ensuite le contenu du verre en s’accoudant. Si on ne s’est pas accoudé, il faut boire une nouvelle fois (Choul’han Arou’h 473, 7). D’après le Rama on a pas besoin de recommencer à boire, mais il est bon de se montrer strict.
- Il est bon de reciter le « Léchem Yi’houd » avant de boire le deuxième verre. Les Séfaradim ont l’habitude de ne pas reciter la Bénédiction « Boré Péri Haguéfen » sur le deuxième et quatrième verre, tandis que ceux qui suivent l’opinion du Rambam et du Rama la recitent (cf Choul’han Arou’h 474; Kaf Ha’haim 1). Après avoir bu le deuxième verre certains ont l’habitude de dire « Acher Guéalta ».