Une fois par mois, on fête le nouveau mois lors du jour appelé Roch ‘Hodech. Est-ce un jour de fête? A-t-on le droit de travailler ou de jeuner ce jour-là? Quels sont les changements dans la prière? Lit-on le Hallel avec ou sans bénédiction? Quelle est la lecture de la Torah spécifique à ce jour?
Veille de Roch ‘Hodech
- Certains ont l’habitude de jeuner chaque veille de Roch ‘Hodech même si Roch ‘Hodech tombe un vendredi. Cependant si la veille du Roch ‘Hodech tombe un Chabbat, on devancera le jeune au Jeudi et non au vendredi (Ben Ich ‘Hay Chana Chniya Vayikra 4). Si le Molad tombe la veille du Roch ‘Hodech, on jeunera le jour précèdent.
- Il faut prendre sur soi le jeune pendant la prière de Min’ha qui précède le jeune. D’après certains, celui qui est habitué à jeuner toutes les veilles de Roch ‘Hodech n’a pas besoin de prendre sur lui le jeûne à l’avance, mais on a l’habitude de prendre le jeune sur soi (Ben Ich ‘Hay ibid 5).
- Certains ont l’habitude d’organiser une étude comme rapportée dans le livre Lachon ‘Ha’hamim du Ben Ich ‘Hay, la nuit de la veille du Roch ‘Hodech. Une personne faible de constitution, ou une personne qui étudie ou qui enseigne à d’autres personnes ne procèderont pas au jeune ou à l’étude car cela entraine du Bitoul Torah, un amoindrissement de l’étude de la Torah.
- On a l’habitude d’allumer des bougies en l’honneur de Roch ‘Hodech la nuit du Roch ‘Hodech. Bien que le Ben Ich ‘Hay ait écrit que celui qui a l’habitude d’allumer sept bougies en l’honneur du Chabbat doit allumer six bougies en l’honneur de Roch ‘Hodech, malgré tout, de nos jours où l’on ne s’éclaire pas à la lumière des bougies, on peut se suffire d’allumer une seule bougie en l’honneur de Roch ‘Hodech (ibid 11).
On ne recite pas les Ta’hanounim, les supplications, à Min’ha de la veille de Roch ‘Hodech. (Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haim 131, 6)
Les lois de Roch ‘Hodech
- Roch ‘hodech est un jour spécial et il est bon de préparer un repas en l’honneur de Roch ‘Hodech et de porter un habit ou de rajouter un plat spécial en l’honneur de Roch ‘Hodech (ibid 10). Roch ‘Hodech est un jour de fête pour les femmes; elles ont l’habitude de ne pas faire de travaux, sauf concernant la nourriture (Choul’han Arou’h 417, 1). Si elle travaille pour sa subsistance, elle a le droit de travailler même le jour de Roch ‘Hodech.
- C’est une Mitsva de s’efforcer à monter à la Torah le jour de Roch ‘Hodech, à condition de ne pas provoquer de dispute. (ibid 20)
- Il est interdit de jeuner le jour de Roch ‘Hodech. Quelqu’un qui doit jeuner un Taanit ‘Halom, à cause d’un mauvais rêve demandera conseil à un sage. (Choul’han Arou’h 418, 1; 5; Rav Péalim vol. 1, 29; Ben Ich ‘Hay ibid 9)
- Il est bon de faire attention à l’injonction du Sefer ‘Hassidim de ne pas se raser ni de se couper les cheveux le jour de Roch ‘Hodech; certains se montrent indulgents et permettent de se raser la veille de Chabbat, et telle est l’habitude.
- Certains font attention de ne pas se couper les ongles à Roch ‘Hodech, mais il n’y a pas lieu de craindre cet avertissement si les ongles dépassent la chair. (Ben Ich ‘Hay ibid 21)
- Celui qui a l’habitude de porter ses Téfillin après la prière pour étudier par exemple ne le fera pas à Roch ‘Hodech après Moussaf. A l’heure de Min’ha on pourra mettre les Téfillin de Chimoucha Rabba. (cf Ben Ich ‘Hay ibid 18)
- On commence la prière normalement le jour de Roch ‘Hodech, certains rajoutent lors de la lecture des Korbanot, sacrifices, le passage relatif au Roch ‘Hodech. On intercale Yaalé Véyavo dans la Amida. Après la répétition de la Amida de Cha’harit, le ‘Hazan dit « Yéhi Chem » puis on recite le Hallel abrégé, sans bénédiction ni au début ni à la fin tandis que le Minhag des Ashkenazim est de reciter la bénédiction au début et à la fin. Après le Hallel l’officiant lit le Kadich Titkabal, certains rajoutent les versets « Véavraham Zaken Ba Bayamim ». On fait monter quatre personnes pour la lecture du Sefer Torah, le quatrième recite le ‘Hatsi Kaddich et on continue Achré (on ne lit pas le « Lamnatséa’h ») jusqu’après le Chir Chel Yom, psaume du jour. On rapporte le Sefer Torah (certains le rapportent immédiatement après la lecture de la Torah), on recite le ‘Hatsi Kaddich, on retire les Téfillin et on prie Moussaf de Roch ‘Hodech. Après la répétition on lit « Baré’hi Nafchi », le Kaddich « Yéhé Chélama », les Kétoret, etc…
Certains Achkenazim lisent « Baré’hi Nafchi » et le Chir Chel Yom avant la lecture de la Torah, d’autres après la fin de la prière, et d’autres encore ne lisent que « Baré’hi Nafchi » à la fin de la prière.
Yaalé Véyavo
- A Roch ‘Hodech on intercale Yaalé Véyavo dans la prière de la Amida à Cha’harit, Min’ha, Arvit et dans le Birkat Hamazon. Si on a oublié de reciter Yaalé Véyavo à Cha’harit ou Min’ha on se reprendra. Comment? Si on se rappelle que l’on n’a pas dit Yaalé Véyavo après avoir prononcé « Barou’h Ata Hachem », on terminera « Lamédéni ‘Houké’ha », on reviendra à Yaalé Véyavo et on continuera « Véata Béra’hamé’ha ». Si on s’en est rappelé après avoir dit « Hama’hzir Ché’hinato Létsiyon », ne serait-ce que l’on est dit le mot « Hama’hazir », on conclura « Ché’hinato Létsiyon », puis on intercalera Yaalé Véyavo avant Modim, et on poursuivra Modim. Si on s’en est rendu compte après avoir commencé « Modim », on reviendra à « Retsé », on dira Yaalé Véyavo et on continuera « Véata Béra’hamé’ha ». Si on s’en rappelle après avoir dit le dernier « Yihyou Lératson Imré Fi », bien que l’on n’ait pas encore bougé ses pieds pour faire les trois pas en arrière, en reprendra la Amida depuis le début. Pendant la prière de Arvit, les lois de Yaalé Véyavo sont différentes: si on a oublié de reciter Yala Véyavo à Arvit et que l’on s’en est rappelé avoir d’avoir dit « Barou’h Ata Hachem » de « Hama’hazir » on le dira à cet endroit. Par contre si on a déjà prononcé le Nom Divin de la bénédiction, on ne reviendra pas en arrière. Il est bon de l’intercaler dans « Elokay Netsor ».
- Si on a un doute si on a récité Yaalé Véyavo, il faut recommencer la Amida. Il est bon de penser de prier cette Amida à condition que si on n’est pas obligé de la reciter celle-ci est une Téfilat Nédava, une offrande.
- Dans le Birkat Hamazon on dit Yaalé Véyavo; si on a oublié de le dire et que l’on s’en est rappelé avant d’avoir commencé la bénédiction de « Hatov Véhamétiv » on dira: « Barou’h Acher Natan Raché ‘Hodachim Léamo Israel Lézikaron ». Si on a commencé la bénédiction de « Hatov Véhamétiv », ne serait-ce que le mot « Barou’h », on ne dira pas la bénédiction de « Acher Natan » mais on continuera normalement; on a le droit d’intercaler Yaalé Véyavo dans les « Hara’haman ».
Hallel
- On a l’habitude de ne pas reciter le Hallel dans la maison de l’endeuillé à Roch ‘Hodech, sauf à ‘Hanouka où on le recite même dans la maison de l’endeuillé. (Ben Ich ‘Hay ibid 15)
- Certains ont l’habitude de reciter la bénédiction de « Likro et Hahallel », et ainsi ont l’habitude ceux qui suivent l’opinion du Rama. (Choul’han Arou’h ora’h ‘Haim 422, 2)
- Il faut lire le Hallel doucement et avec joie, sans se presser. Il faut se lever lors de la lecture du Hallel, même de s’appuyer sur le mur est interdit, à moins d’être une personne âgée, malade ou très faible. (Ben Ich ‘Hay ibid)
- Lorsque l’on recite le Hallel avec bénédictions au début et à la fin il est interdit de s’interrompre en parlant depuis la première bénédiction jusqu’après la dernière bénédiction. Si on doit répondre au Kaddich ou à la Kédoucha on le fera comme pendant le Kriyat Chéma (cf Choul’han Arou’h 488, 1), c.-à-d.:
– On répondra les cinq premiers Amen du Kaddich et les 28 mots du « Amen Yéhé Chémé Rabah » jusqu’à « Damiran Béalma », mais pas les autres Amen du Kaddich ou de toute autre bénédiction.
– On répondra « Kadoch » et « Barou’h » de la Kédoucha, mais pas « Ymlo’h », que l’on se contentera de reciter en son for intérieur.
– On répondra « Barou’h Hachem Hamévora’h Léolam Vaed » au Baré’hou que ce soit avant le Yotser, Alénou Léchabéa’h ou avant la lecture de la Torah.
– On répondra uniquement les trois mots « Modim Ana’hnou La’h » au Modim Dérabbanan.
– On ne répondra pas Amen à la bénédiction « Hakel Hakdoch » et « Choméa Téfila », et à plus forte raison « Barou’h Ou Oubarou’h Chémo ». Les Achkenazim répondent Amen de « Hakel Hakadoch » (Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haim 422, 4 et commentateurs)
- Apres avoir répondu au Kaddich, à la Kédoucha, Modim ou Baré’hou, comme mentionne précédemment, on ne poursuivra pas la lecture du Hallel de l’endroit où on s’est interrompu mais depuis le début du paragraphe, et en cas de force majeure depuis le début du verset. Dans tous les cas, on s’efforcera que l’interruption ne se produise pas au milieu d’un verset.
- Les jours où on lit le Hallel abrégé, comme à Roch ‘Hodech, on ne recite pas de bénédiction au début ni a la fin. C’est pourquoi on pourra répondra à toute la prière. (cf Choul’han Arou’h ibid). Les Ashkenazim ont l’habitude de reciter les bénédictions du Hallel même ces jours-ci, c’est pourquoi ils ne s’interrompront pendant le Hallel que comme mentionné plus haut.
Lecture de la Torah de Roch ‘Hodech
- On lit quatre montées dans la Parachat Pin’has: le Kohen lit jusqu’à « Chénayim Layom », le Levy reprend le verset « Véamarta Lahem » et lit jusqu’à « Béchemen Katit », le troisième lit jusqu’à « Al Olat Hatamid Véniska », et le quatrième lit le passage relatif au Roch ‘Hodech jusqu’à « Vénisko ». Ceux qui agissent comme le Gaon de Vilna divisent les quatre montées d’une façon différente.
- Apres le Kaddich on retire les Téfillin et on prie Moussaf. On ne remet pas les Téfillin après la prière, même pendant l’étude. Cependant celui qui a l’habitude de mettre les Téfillin de « Chimoucha Rabba » à Min’ha les mettra même le jour de Roch ‘Hodech. (cf Ben Ich ‘Hay ibid 18 et plus haut 10)
- Lorsque Roch ‘Hodech tombe un Chabbat, on prie comme tout Chabbat. On intercale Yaalé Véyavo dans la prière, on sort deux Sifré Torah, le premier avec sept montées dans la Paracha de la semaine, le Maftir lisant dans le deuxième depui\s « Oubeyom Hachabbat » dans le passage relatif à Roch ‘Hodech jusqu’à « Vénisko ». On lit ensuite la Haftara « Hachamayim Kissi ». Les Ashkenazim omettent la lecture du Av Hara’hamim. On range les Sifré Torah dans l’Arche sainte et on prie Moussaf.
Chez les Ashkenazim et les Séfaradim, la septième montée recite le Kaddich, sauf que d’après l’opinion du Michna Broura on pose le deuxième Sefer à côté du premier, tandis que les Séfaradim recitent encore une fois le demi Kaddich après le Maftir.