Le jeune de Ticha Béav a été fixé par nos Sages pour commémorer la destruction du Temple, jour de malheur et de deuil national. En plus de l’interdit de manger et de boire, nos Sages ont décrété plusieurs interdits comme le jour de Yom Kippour: se laver et s’oindre, porter des chaussures en cuir, avoir des relations conjugales, ainsi que l’interdit d’étudier la Torah propre au jour de Ticha Béav.
Manger et boire
- Il est interdit de manger et boire à Ticha Béav depuis le coucher du soleil de la veille jusqu’à la sortie des étoiles du lendemain.
- Une personne malade n’a pas forcément besoin d’un avis médical pour manger, il suffit de se sentir faible et de savoir que l’on soit malade même si on ne court pas un danger vital, on peut dans ce cas se montrer indulgent et ne pas compléter le jeune; on se contentera de quelques heures de jeune et on mangera, particulièrement une personne de faible constitution. Mais il ne faut pas consommer de plats délicieux et de viande ou de boire du vin. Si le médecin lui indique de manger deux plats ou de la viande, il doit se conformer à cet avis.
- Les femmes enceintes et les femmes qui allaitent doivent jeuner le jour de Ticha Béav bien qu’elles souffrent beaucoup, à moins de ressentir une grande faiblesse comme un malade qui n’est pas en danger. (Choul’han Arou’h 554, 5)
- Une femme qui allaitent dont le nourrisson n’a d’autre source de nourriture que le lait maternel, doit manger. L’habitude est de commencer le jeune jusqu’à ce qu’elle se sente faible ou bien l’absence de lait. (cf Birké Yossef ibid)
5.Une femme qui a accouché dans les trente derniers jours a le statut d’un malade qui n’est pas en danger. Après trente jours elle redevient comme tout un chacun; si elle ressent une faiblesse particulière, elle est considérée comme un malade qui bien qu’il ne soit pas en danger de mort a le droit de manger. Mais si elle sent qu’elle est en bonne santé et que le jeune ne la dérangera pas, elle doit jeuner jusqu’au bout. (Choul’han Arou’h 554, 6; Kaf Ha’haim 26-9; Michna Broura 14)
- Les enfants jusqu’à l’âge de la Bar Mitsva ne jeuneront pas tout le jeune de Ticha Béav, mais si ils comprennent l’importance du jeune et sa raison ils doivent jeuner quelques heures (cf Kaf Ha’haim 23). Il ne faut pas leur donner à manger de bons plats ou des friandises mais uniquement le nécessaire, certains ont même écrit de ne leur donner à manger que du pain et de l’eau, mais on n’en a pas l’habitude. (Kaf Ha’haim 549, 8; 550, 9)
- Des enfants qui sont en âge de comprendre la signification du jour de Ticha Béav, il faut les éduquer de ne pas porter des chaussures en cuir.
- Ceux qui doivent manger le jour de Ticha Béav n’ont pas besoin de manger par parcimonie, Lechiourim, c.-à-d. par dose de moins de 30 grammes comme à Yom Kippour, mais peuvent manger normalement; cependant ils ne mangeront pas de plats délicieux, uniquement le nécessaire à leur sante. (cf Choul’han Arou’h 554, 5; Kaf Ha’haim 558, 12)
- Quelqu’un qui a mangé le jour de Ticha Béav sans en avoir le droit, par inadvertance ou consciemment, doit continuer et terminer le jeune bien qu’il ait mangé (Choul’han Arou’h 568, 1). Il demandera à un ‘Ha’ham, un sage, combien de jour de jeûne il doit jeûner pour réparer sa faute. (cf Kaf Ha’haim 549, 7; 558, 12)
- Une personne malade qui mange à Ticha Béav, si il mange l’après-midi il intercalera dans le Birkat Hamazon la bénédiction de « Na’hem » avant « Vétivné Yérouchalaim » et il conclura « Barou’h Ata Hachem Ména’hem Tsiyon Bébiniyan Yérouchalaim ». D’après le Choul’han Arou’h on ne dit pas « Na’hem ». (cf Choul’han Arou’h 557, 5; Michna Broura 5; Kaf Ha’haim 11; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Dévarim 27)
Se laver
- Il est interdit de se laver le jour de Ticha Béav à l’eau chaude comme à l’eau froide, ne serait-ce que de tremper son doigt dans l’eau est interdit. N’est interdit que de se laver pour le plaisir, mais sinon cela est permis. C’est pourquoi il est permis de se laver les doigts le matin lorsque l’on se réveille de son sommeil. On fera attention de ne pas se laver plus car c’est l’ablution principale du matin pour enlever le mauvais esprit d’impureté qui réside sur les doigts, et une fois qu’on les aura rincer et quelque peu essuyer, on se passera les doigts sur les yeux tant que les doigts sont encore humides. (Choul’han Arou’h 554, 7; 10-11; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Dévarim 22)
- Si ses yeux sont très sales et qu’on a l’habitude de les laver avec de l’eau, on a le droit de les rincer comme à son habitude sans crainte. De même quelqu’un qui a les mains pleines de boue a le droit de laver l’endroit sale. Ainsi celui qui sort des toilettes a le droit de se rincer les mains entièrement si nécessaire, même avec du savon si besoin est. (Choul’han Arou’h ibid 9; 11)
- On a le droit de se laver les mains avant la prière de Min’ha uniquement si elles sont sales, ou qu’on a l’habitude de se laver les mains avant chaque Téfila. (Kaf Ha’haim 51; cf Ben Ich ‘Hay Chana Richona Dévarim 22)
- Les femmes ont le droit de rincer les aliments lorsqu’elles cuisinent, car elles ne pensent pas à le faire par plaisir. (Cf Kaf Ha’haim 44; Ben Ich ‘Hay ibid)
- Une femme dont la Tévila tombe le soir de Ticha Béav n’ira pas se tremper au Mikvé, car on ne peut avoir de relations conjugales. (Choul’han Arou’h ibid, 8)
- S’enduire d’huile ou de pommade, si c’est pour le plaisir c’est interdit mais si c’est pour la santé, cela est permis. (Choul’han Arou’h ibid, 15)
- Même quelqu’un qui a le droit de manger et de boire le jour de Ticha Béav, n’a pas le droit de se laver ainsi que les différentes interdictions du jour de Ticha Béav à moins que ce ne soit pour un besoin médical.
Chaussures
- Il est interdit de porter des chaussures ou des sandales en cuir, mais il est permis de porter des chaussures en toile ou en plastique. Cependant des chaussures en toile dont la semelle est en cuir sont interdites, de même que des chaussures en bois dont le dessus est en cuir sont interdites. Par contre si ce sont juste des ornements en cuir, cela est permis. (Choul’han Arou’h ibid, 16)
- Certains se montrent strict concernant les chaussures en plastique ayant une semelle épaisse même si toute la chaussure est en plastique. (Cf Kaf Ha’haim 69-10; Chaaré Téchouva 11, et ainsi il ressort du Rambam Chvitat Haassor 3, 7)
- Celui qui est oblige de porter des chaussures en cuir pour raisons médicales, mettra un peu de terre dans ses chaussures afin de se souvenir du jeune et de la souffrance. (Kaf Ha’haim ibid 80)
- Même quelqu’un qui a une permission de porter des chaussures en cuir ne récitera pas la bénédiction de « Chéassa Li Kol Tsorki » le matin de Ticha Béav car la majorité des gens ne font pas comme lui. Certains pensent qu’il faut la reciter à la sortie du jeune lorsque l’on met des chaussures en cuir, mais ce n’est pas l’avis du Ben Ich ‘Hay (Rav Péalim vol. 2, 8; cf Kaf Ha’haim ibid 78 que de nombreux décisionnaires pensent ainsi). Le michna Broura (554, 31) écrit qu’il faut reciter cette bénédiction le matin bien qu’il soit interdit de porter des chaussures en cuir.
Relations conjugales
- Il est interdit d’avoir des relations conjugales. Il faut se montrer strict et ne pas toucher sa femme la nuit et le jour, de même que de ne pas lui tendre un objet. Certains se montrent indulgent en journée, mais il n’y a pas lieu de le faire. (cf Choul’han Arou’h 554, 18; Kaf Ha’haim 85; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Dévarim 23)
Etude de la torah
- L’étude de la Torah réjouit les cœurs comme il est dit: « les ordonnances de l’Eternel réjouissent les cœurs » (Téhilim 19, 9), il est donc interdit d’étudier la Torah le jour de Ticha Béav à l’exception des sujets qui attristent comme les passages mauvais du livre de Jérémie, en sautant les passages de consolation, de même que la description des malheurs qui s’abattront sur les nations. Il est permis de lire le livre de Job, le Midrach Ei’ha, le chapitre Elou Mégal’hin du traité Moed Katan qui traite des lois du deuil et de l’excommunié, ainsi que le Chapitre « Hanizakin » du traité Guitin qui relate la destruction du Temple et le Yérouchalmi de la fin du traité Taanit.
- Même les sujets qu’il est permis d’étudier, il ne faut pas les étudier Béiyoun, avec approfondissement, que ce soit une question, une réponse ou une homélie, car cela réjouit les cœurs. Tout ce qu’on a le droit d’étudier tout seul, on a le droit de l’étudier avec des enfants. (Choul’han Arou’h 554, 1-2; Kaf Ha’haim 8-15)
- Même celui qui a l’habitude de lire des Téhilim tous les jours ou le ‘Hok Léisrael ne les recitera pas jusqu’au coucher du soleil à la sortie de Ticha Béav, et les complètera le lendemain.
- On n’a pas le droit d’étudier la Torah même en pensée le jour de Ticha Béav. (Choul’han Arou’h 554, 3)
Chéilat Chalom
- On n’a pas le droit de souhaiter le Chalom à son ami le jour de Ticha Béav; même de lui dire « Boker Tov », « Bonjour! » est interdit. Si quelqu’un lui souhaite on a le droit de lui rendre le bonjour tendrement afin de ne pas provoquer de dispute. (Choul’han Arou’h ibid 20; Kaf Ha’haim 90; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Dévarim 24)
- On n’a pas le droit d’envoyer un cadeau le jour de Ticha Béav, car cela est inclus dans l’interdit de Chéilat Chalom. Mais il est permis de donner un cadeau ou de la Tsédaka à un pauvre toute la journée. (Kaf Ha’haim ibid, 91; Ben Ich ‘Hay ibid)
- On ne déambulera dans les rues le jour de Ticha Béav afin de ne pas en venir à se comporter de manière légère. (Choul’han Arou’h ibid 21)
- Certains interdisent de fumer des cigarettes le jour de Ticha Béav, certains permettent l’après-midi de manière discrète à l’intérieur de la maison. (Kaf Ha’haim ibid, 3)
Travailler
- On a l’habitude de ne pas travailler ni le soir ni en journée. Quel travail est interdit? Tout travail qui nécessite de prendre du temps même si il n’y a pas besoin d’un professionnel pour l’exécuter. Par contre allumer l’électricité, se déplacer en voiture, faire un nœud ou tout ce qui ressemble est permis car ces travaux ne détournent l’attention du deuil. L’après-midi on a le droit de faire tous les travaux. Une personne pieuse doit se montrer stricte toute la journée afin de ne pas détourner son attention du deuil. (cf Choul’han Arou’h, Rama ibid 22; Kaf Ha’haim 97; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Dévarim 24)
- On a l’habitude d’interdire le commerce le soir de Ticha Béav et la matin et de permettre l’après-midi. Une personne pieuse s’abstiendra toute la journée, afin de ne pas détourner son attention du deuil. (Choul’han Arou’h ibid; Kaf Ha’ahim ibid)
- On a le droit d’exécuter tous les travaux par l’intermédiaire d’un Non-Juif. (Choul’han Arou’h ibid, Ben Ich ‘Hay ibid)
- On a l’habitude de ne préparer le repas du soir qu’à partir de l’après-midi. Si c’est pour le besoin d’une Mitsva cela est permis même avant. (Choul’han Arou’h 559, 10; Kaf Ha’haim 78)
- Les femmes ont l’habitude de nettoyer la maison l’après-midi, il existe une source à ce Minhag afin de renforcer la croyance dans la Délivrance. (Birké Yossef 559, 10)
S’assoir sur une chaise
- On a l’habitude de ne pas s’assoir sur une chaise ni le soir ni le matin de Ticha Béav, ni à la synagogue ni à la maison, jusqu’à l’après-midi. On ne s’assiéra pas directement parterre mais sur une couverture ou un tapis, qui n’est pas plus haut qu’un Téfa’h (8 cm). L’après-midi il est permis de s’assoir sur une chaise.
- Le conducteur ou le passager d’une voiture a le droit de s’assoir normalement sur son siège.
- On doit souffrir concernant le repos, c.-à-d. que si on a l’habitude de dormir sur deux coussins, on ne dormira que sur un seul. On a l’habitude de descendre le matelas parterre et de dormir dessus, ainsi que de mettre une petite pierre sous le coussin sous sa tête, en souvenir de ce qui est écrit: « il prit une pierre de l’endroit et la posa sous sa tête » (Béréchit 28, 11), et nos Sages ont expliqué que Yaakov eut la vision de la Destruction du Temple, comme il est dit par la suite: « Que cet endroit est terrifiant » (Sifri Dévarim 352, cf Choul’han Arou’h et Rama 555, 2; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Dévarim 23)
- Une personne âgée, un malade ou une femme enceinte peuvent dormir sur leur lit normalement, et il est bon qu’ils mettent une pierre sous leur tête.