La sonnerie du Chofar constitue la Mitsva principale du jour de Roch Hachana et sa spécificité. A quoi faut-il penser lorsque l’on sonne et l’on entend la sonnerie du Chofar? Quelle bénédiction recite-t-on? Qui est la personne qui se tient aux côtés de celui qui sonne du Chofar? Est-ce que les femmes doivent écouter le Chofar? Comment fait une personne malade qui ne peut se rendre à la synagogue pour écouter le Chofar?
- C’est une Mitsva, un commandement actif de la torah de sonner du Chofar à Roch Hachana comme il est écrit: « un jour de sonnerie sera pour vous » (Bamidbar 29, 1). Le Rambam (Hil’hot Techouva 3,4) écrit: « Bien que la sonnerie du Chofar le jour de Roch Hachana soit un décret de l’Écriture, elle a un sens profond, comme si elle disait : « Réveillez-vous, dormeurs, de votre sommeil, et vous qui somnolez [profondément] levez-vous, de votre léthargie ! Méditez vos actions, repentez-vous, et souvenez-vous de votre Créateur ! Ceux qui oublient la vérité dans les vanités du temps et s’égarent toute l’année dans les futilités et le vide qui ne sont d’aucun intérêt et d’aucun salut, observez votre âme ; amendez vos voies et vos actions. Que chacun de vous abandonne ses mauvais chemins et mauvaises pensées. »
Toutes ces raisons sont invoquées pour approfondir l’intention de la Mitsva, mais au moment de la sonnerie du Chofar il faut penser à écouter le son du Chofar.
- Il faut faire attention de choisir un Baal Tokéa, la personne qui sonne du Chofar, rempli de Torah et de crainte du Ciel, dans la mesure du possible. Le Tokéa doit apprendre les lois de la sonnerie du Chofar avant Roch Hachana.
- Nos Sages ont institué des Piyoutim, poèmes liturgiques et des prières spéciales, comme le « Léchem Yi’houd » avant les sonneries, il est donc bon de les reciter avec concentration et ferveur.
- Il est bon et correct que le Rav de synagogue harangue les fidèles avant la sonnerie du Chofar de se reprendre et de se repentir. Lorsque celui-ci donne un sermon devant son assistance, il doit particulièrement faire attention de ne pas mentionner les fautes du peuple d’Israel, et si il doit exhorter le public sur un point précis il utilisera le subjonctif: « Si il se trouve dans nos mains telle ou telle faute… », afin de ne pas susciter une accusation sur le peuple d’Israel.
- Il est interdit de manger avant la sonnerie du Chofar car c’est une Mitsva positive de la Torah. Cependant une femme faible ou une personne malade ou âgée qui ne peuvent jeuner jusqu’après la sonnerie du Chofar, peuvent manger discrètement avant la prière. Si ces personnes veulent manger après la prière de Cha’harit, ils doivent faire le Kiddouch avant de manger. Il est recommandé de ne consommer qu’un Kazayit de Mézonot après le Kiddouch. (cf Sédé ‘Hémed Maaré’het Roch Hachana 2, 31; Kaf Ha’haim 585, 25-26)
- Une personne qui prit toute seule, sans Minyan, ne peut sonner du Chofar qu’après la sonnerie du Chofar de la synagogue, ou après que se soient écoulées trois heures de la journée. Cependant un Tsibour, une communauté peut sonner du Chofar avant les trois heures. De même pour la prière, une personne priant seule ne peut prier le Moussaf qu’après la troisième heure (cf Choul’han Arou’h 591, 8; Kaf Ha’haim 35-36). Si il y a plusieurs synagogues dans la même ville, une personne seule peut sonner du Chofar après que la première synagogue est sonné le plus tôt. Si il n’y a pas de synagogue dans l’endroit où il se trouve, il faudra attendre la troisième heure.
- Il est préférable que le Chofar avec lequel on sonne soit une corne de bélier, incurvée. Il faut vérifier qu’il n’y ait pas de fissure dans la longueur ou dans la largeur, ni de trou, que rien ne soit collé ou qu’il n’y ait pas de défaut ou de fissure à l’extrémité où l’on sonne. (Ohalé Yaakov hil’hot Chofar 4; cf Ben Ich ‘Hay Chana Richona Nitsavim 16)
- On ne peut s’acquitter de la sonnerie du Chofar si le son qui en sort est déformé, ou si l’extrémité est recouverte. (cf Rachi et Ramban Roch Hachana 29b )
- On a le droit de verser dans le Chofar du vin ou de l’arak afin d’en affiner le son. (Birké Yossef 586; cf Choul’han Arou’h ibid 23)
- On désignera un Makri, un lecteur, aux côtés du Tokéa afin de lui indiquer de sonner correctement. Le Makri doit être un Talmid ‘Ha’ham, un érudit, pour connaitre la longueur exacte et le son valable de chaque sonnerie, sur quelle erreur on recommence et sur laquelle il n’y a pas besoin, et depuis quel endroit il faut recommencer. De même il est bon que le Makri ait des connaissances dans les Kavanot, les intentions kabbalistiques auxquelles il faut penser pendant la sonnerie, particulièrement si le Tokéa ne les connait pas. (Cf Rama 585, 4 et commentateurs)
- D’après le Ben Ich ‘Hay, le Makri peut énoncer même la première sonnerie au Tokéa; Par contre d’après le Michna Broura le Makri ne peut énoncer les sonneries au Tokéa qu’à partir de la deuxième, afin qu’il n’y ait pas d’interruption entre la bénédiction et les sonneries. Cependant de nos jours l’habitude est de montrer au Tokéa les sonneries inscrites sur une feuille ou dans le Siddour afin de ne pas perturber sa concentration. (Ben Ich ‘Hay ibid 16; Kaf Ha’haim ibid 46)
- Lorsque l’on montre au Tokéa les sonneries dans le Sidour lors de la prière à voix basse, le Makri ne sortira aucun son de sa bouche afin qu’il n’y ait pas d’interruption, mais se contentera de lui montrer dans le Sidour ou sur une feuille où sont inscrites les différentes sonneries. (cf Choul’han Arou’h 592, 1 et commentateurs; Kaf Ha’haim 1; 5)
- Lorsque l’on montre au Tokéa le Seder Tachrat, on lui montrera les « Chevarim-Troua » comme une seule entité, car lors des sonneries d’avant la prière de Moussaf on sonne les Chevarim-Troua en une seule respiration et lors des sonneries de la prière à voix basse et de la répétition on les sonne en deux respirations mais sans s’interrompre. D’après le Rama on les sonne toutes en deux respirations. (cf Choul’han Arou’h 590, 4)
Les bénédictions
- On écoutera attentivement les bénédictions, et on pensera à s’acquitter de son obligation, et il est bon que le Tokéa dise à l’assemblée de penser à s’acquitter des bénédictions et des sonneries, de même que le Tokéa pensera à acquitter tout celui qui l’entend des bénédictions et des sonneries.
- Si on ne réussit pas à entendre les bénédictions de l’officiant, on peut les reciter soi-même, mais si on peut les entendre de la bouche de l’officiant, on s’est acquitter avec sa bénédiction. (Ziv’hé Tsédek vol. 3, 139)
- Lorsque le Tokéa recite les bénédictions, l’assemblée ne répondra pas « Barou’h Hou Oubarou’h Chemo » mais uniquement « Amen ». Certains rites font au contraire attention de répondre « Barou’h Hou Oubarou’h Chemo ».
- On a l’habitude de se lever pendant les bénédictions, et de s’assoir lors des sonneries (cf Ben Ich ‘Hay ibid 15). Cependant lors des sonneries de la répétition de Moussaf il faut se lever. Certains ont l’habitude se lever pendant toutes les sonneries.
- Le Tokéa recitera avant les bénédictions le « Léchem Yi’houd » comme imprimé dans les Sidourim et lira les mots: « Haseder Chééassé Béméa Kolot » (l’ordre des cent sonneries que je vais exécuter) et non « Béméa Véé’hat Kolot » (101 sonneries), car seules cent sonneries sont obligatoires. De même l’assemblée recitera le « Léchem Yi’houd… Lichmoa Kol Chofar »(nous nous apprêtons à écouter le son du Chofar). Le premier on dira « Lékayem Mitsvat Assé Chel Torah » (nous nous apprêtons à accomplir un commandement positif de la Torah), et le deuxième jour, bien qu’il n’y ait pas de différence entre la sainteté du premier jour et celle du deuxième, on dira simplement: « Lékayem Mitsvat Assé » (accomplir un commandement positif).
- Le premier jour le Tokéa recite la bénédiction de « Lichmoa Kol Chofar » et « Chéé’hiyanou », cependant le deuxième jour de Roch Hachana on recite uniquement « Lichmoa Kol Chofar ». Lorsque le premier jour de Roch Hachana tombe un Chabbat, on ne sonne pas, donc le deuxième jour on recite également Chéé’hiyanou. (cf Choul’han Arou’h 585, 2; 600, 3 et Maguen Avraham adloc)
- D’après le Rama on recite tout le temps Chéé’hiyanou que ce soit le premier ou deuxième jour de Roch Hachana, et il est bon pour celui qui suit cette opinion de se revêtir d’un nouvel habit et de penser également à cet habit au moment de la bénédiction.
- Si on a récité par erreur « Litkoa Béchofar » (sonner du Chofar) ou « Al Tekiat Chofar » (sur la sonnerie du Chofar) au lieu de « Lichmoa Kol Chofar » (écouter le son du Chofar), on est quitte. (cf Michna Broura et Kaf Ha’haim 585)
- Il faut tenir le Chofar dans ses mains au moment des bénédictions; on a l’habitude de couvrir le chofar au moment des bénédictions, avant les bénédictions et entre les sonneries. (Kaf Ha’haim 585, 14 au nom du Eliya Rabah 8; Ben Ich ‘Hay Nitsavim 15)
- Le Tokéa doit commencer les sonneries immédiatement après les bénédictions et ne doit pas s’interrompre même par des paroles qui concernent le Chofar. Si on a parlé avant la première sonnerie, si c’était à propos du chofar, on n’a pas besoin de refaire la bénédiction, mais si c’était à un autre sujet, il faut reciter à nouveau la bénédiction. Si le Tokéa a déjà sonné pour lui-même précédemment, il n’a pas besoin de recommencer les bénédictions.
- Si le Tokéa a parlé entre les Sédarim, il n’a pas besoin de refaire la bénédiction, mais si un des fidèles a parlé entre la bénédiction de l’officiant et la première sonnerie, il y a une controverse si il faut recommencer la bénédiction. C’est pourquoi en cas de doute on ne recitera pas la bénédiction à nouveau si on a parlé, car Safek Bra’hot Léhakel. Il est interdit au Tokéa et à l’assistance de parler depuis le début des bénédictions jusqu’à la fin des sonneries (cf Choul’han Arou’h 592, 3; Kaf Ha’haim 242; Michna Broura 8). Une femme Séfarade a le droit de s’interrompre car elle ne recite pas la bénédiction.
- On ne doit pas parler en aucune manière après les bénédictions jusqu’à la fin de la prière de Moussaf, cependant il est permis de se confesser (Vidouy) à voix basse entre les sonneries, car c’est le moment où les forces extérieures n’ont pas d’emprise et c’est donc l’instant idéal pour se confesser. (Choul’han Arou’h 592, 3; cf Ben Ich ‘Hay ibid 13)
- L’assistance a le droit de reciter des Piyoutim, poèmes liturgiques avant Moussaf car ils sont considérés comme partie intégrante de la prière et ne représentent pas d’interruption entre les bénédictions et les sonneries, mais le Tokéa lui-même ne recitera pas ces Piyoutim.
- Apres s’être acquitté de son obligation, le Tokéa qui veut acquitter une tierce personne demandera à celle-ci de reciter les bénédictions et sonnera après. Si celle-ci ne sait pas les reciter, le Tokéa lui-même peut les lui reciter. (Cf Choul’han Arou’h et Rama 585, 2; Kaf Ha’haim 21-22, Michna Broura 5)
- De même si le Tokéa sonne pour le Tsibour, le public, et s’est lui-même déjà acquitté, par exemple dans le cas où il a sonné dans une première synagogue et va plus tard sonner dans une autre synagogue; certains disent qu’une personne de l’assistance doit reciter les bénédictions, d’autres disent que le Tokéa lui-même peut les reciter. Dans la pratique le Tokéa lui-même les recitera afin d’acquitter l’assistance par respect pour le public. (cf Choul’han Arou’h 273, 4; Gra 13; Biour Hala’ha ibid; Ben Ich ‘Hay Chana Chniya Béréchit 5; Kaf Ha’haim ibid 35; Rama 585, Michna Broura 5; Kaf Ha’haim 21)
- Les femmes sont dispensées des sonneries du Chofar car c’est une Mitsva qui dépend du temps. Malgré tout, elles ont pris sur elles cette Mitsva comme une obligation. Cependant il existe un doute si elles peuvent reciter la bénédiction, c’est pourquoi il est bon que celui qui sonne pour les femmes soit une personne qui n’a pas encore entendu les sonneries afin de pouvoir reciter les bénédictions. Si il a déjà entendu les sonneries, d’après le Choul’han Arou’h ni le Tokéa ni la femme ne peuvent reciter les bénédictions. D’après les Ashkenazim, on ne réprimande pas une femme qui recite les bénédictions. (cf Choul’han Arou’h 589, 6)
- Une femme qui avait l’habitude de se montrer stricte et d’écouter chaque année le Chofar et ne peut se rendre à la synagogue pour une fois, fera appel à une personne qui viendra sonner à son domicile. Si elle n’a pas cette possibilité, elle devra ce délier de son vœu spécialement la veille de Roch Hachana (cf Ben Ich ‘Hay ibid 17). Certains disent que si elle n’a pas l’intention d’annuler complètement son habitude, uniquement cette année elle ne peut se rendre à la synagogue (par exemple parce qu’elle vient d’accoucher) elle n’a pas besoin de se délier de son vœu. (Dagoul Mervava Yoré Déa 214)
- C’est une Mitsva d’éduquer les enfants d’écouter la sonnerie du Chofar, et il est bon de les amener à la synagogue à partir de l’âge de cinq ou six ans suivant leur maturité. Cependant il ne faut pas amener des petits enfants qui perturbent le déroulement de la prière. (Cf Choul’han Arou’h 589, 2 et commentateurs)
- Un sourd est dispensé car cette Mitsva consiste à entendre le Chofar et celui-ci ne peut entendre. Il ne peut non plus acquitter une autre personne par sa sonnerie (Choul’han Arou’h 589; Chout Harambam 142). Par contre une personne à l’audition faible qui ne peut bien entendre qu’avec un appareil auditif, peut acquitter d’autres personnes.
- Une personne malade auprès duquel on est venu lui sonner, fera l’effort de se lever pour écouter les trente premières sonneries qui sont d’ordre toranique. (Ben Ich ‘Hay ibid 17)