Réponse :
Pour étudier la question en détail on consultera le Michna Broura au début des lois du Chabat, ainsi que le Maamar Mordekhay (sur les lois du Chabat) du Rav Mordekhay Eliahou. Nous allons essayer dans les lignes qui suivent de dégager les principes qui traversent le sujet des repas de Chabat en rapport avec les moyens financiers de la personne.
Le principe général est que même celui qui dispose de peux de moyens, doit honorer le Chabat comme il le peut. La Mitsva d’honorer le Chabat n’appartient pas aux riches uniquement. Certes, les Sages ont dit : » Fait ton Chabat ‘Hol et n’ait pas besoin (de l’aide) des gens ». Mais, comme l’expliquent les maitres, il s’agit de quelqu’un dans une situation financière très serrée. Nous allons entrer à présent dans les détails.
Pour certains, la Mitsva du ‘Oneg Chabat provient de la Torah, et pas seulement des Sages. Cela fait partie de l’expression « Mikraé Kodech », expression dans laquelle on inclue également manger et boire comme manifestation d’honneur et de plaisir pour Chabat.
Le Michna Broura récence trois injonctions différentes concernant le degré d’investissement dans cette manière d’honorer le Chabat, et il s’agit de savoir à quelles situations ces injonctions font respectivement référence.
– parfois il est demandé d’honorer le Chabat avec de grands poissons et des « têtes d’ail », des plats d’épinards, etc. bref, ce qui constitue aux yeux de la guémara la bonne gastronomie.
– parfois, il est question d’honnorer le Chabat meme avec peu de choses, comme des petits poissons frits.
– parfois, comme nous l’avons dit, il vaut mieux ne pas faire de plat spécial pour ne pas devoir quémander de l’argent.
Le Michna Broura attribue ces trois injonctions aux trois situations suivantes :
– celui qui en a les moyens doit honorer le chabbat le mieux possible, avec des grands poissons, etc.
– celui qui peut un petit peu plus que le nécessaire pour les trois repas, utilisera ce supplément pour des petits poissons frits. Autrement dit, même si ses moyens sont très limités il utilisera son peu de moyen pour honorer le Chabat comme il le peut.
– celui qui n’a strictement que de quoi faire deux repas, et pas un centime de plus, on lui dit: fait ton Chabat ‘Hol et ne soit pas dépendant des autres. Il renoncera donc y compris aux petits poissons et même à un troisième repas !
Mais il existe encore un cas, c’est celui qui, malheureusement, n’a strictement rien. Ni pour les repas, ni pour les suppléments en l’honneur de Chabat. Comme de toutes les façons il recoit ses aliments pour Chabat des Gabaims, c’est-à-dire des préposés à la distribution des repas, alors ceux-ci veilleront à ne pas lui donner moins que trois repas et des petits poissons frits. S’il s’agit d’un personnage important (par exemple qui a perdu sa fortune et se trouve dans le dénuement), on lui donnera des repas qui siéent à son rang.
Comme le précise le Biour Halakha, « fait de ton Chabat un jour ordinaire » se rapporte à celui qui a un peu de moyens. On ne souhaite pas qu’il devienne pauvre c’est pour cela qu’on lui demande de se retenir.
Par conséquent, il nous semble que votre situation vous invite à honorer le Chabat selon vos moyens. C’est-à-dire que vous ne devez pas faire de « folies » au point de vous appauvrir, mais en revanche il faut honorer Chabat en ajoutant ce qui peut vous procurer un plaisir gastronomique, même s’il s’agit de peu de choses.
S’il est possible d’emprunter de l’argent pour honorer le Chabat, Hachem promet, dit la Guémara, de rembourser. Il ne s’agit pas d’emprunter sans limite, ne sachant pas comment rembourser. Mais dans la mesure où cela est possible il est permis d’emprunter de l’argent pour honorer le Chabat, et Hachem remboursera. |