Peut ton faire la Nétila avec un ustensile troué ?
Dans le chapitre 19 des lois des Kélim du Rambam on apprend qu’un ustensile brisé au point qu’il ne peut plus être utilisé, on considère que sa brisure le rend pur (cela concerne les lois de pureté et d’impureté, qui ne sont plus en vigueur aujourd’hui. Le Rambam écrit : un ustensile qui est fait pour les boissons, dès lors qu’il contient un trou susceptible d’y faire pénétrer un liquide lorsqu’on le place sur un liquide etc.
Cette loi est applicable aujourd’hui concernant la Nétilat Yadayim, puisque le Rambam écrit dans les lois se rapportant à ce sujet (Brakhot 6, 11) que les ustensiles qui se sont brisés au point de les purifier, on ne peut pas les utiliser pour le lavage des mains car ils sont considérés comme des morceaux d’objets et non comme des ustensiles.
Les décisionnaires se sont demandés si un ustensile qui sert à la Nétilat Yadayim s’est troué à l’un de ses cotés, peut servir à la Nétila, dans la mesure où, en dessous du trou, cet ustensile peut encore contenir un Révi’it (environ 86 ml), qui est la quantité requise pour la Nétila.
Le Smag (‘Assin 27) écrit qu’on ne peut pas l’utiliser car il n’est plus considéré comme un ustensile, comme nous le voyons a priori dans les lignes précédentes.
Mais le Roch (‘Houlin chap. 8, 15) écrit, lui, que la chose est permise, puisque cet ustensile contient un Révi’it jusqu’au trou, en mesurant depuis le bas. A condition, cependant, que la Nétila se fasse via le trou, et non via l’embouchure normale du Kéli, puisqu’au-dessus du trou, ce n’est déjà plus un Kéli à proprement parler.
Concernant l’avis du Rambam, le Beth Yossef (chap. 159) considère que puisqu’il emploie l’expression « des ustensiles qui se sont brisés » et non « qui se sont troués », la raison d’invalider le Kéli est qu’il ne contient pas un Révi’it. Et que donc, dans la mesure où il contient un Révi’it en dessous du trou, on peut faire la Nétilat Yadayim, en n’utilisant que la partie en dessous du trou, comme nous l’avons indiqué.
Le Taz, dans un long développement, se démarque de la compréhension du Beth Yossef. Pour lui, l’avis du Rambam rejoint celui du Smag évoqué plus haut, interdisant la chose.
Pour la halakha, le Choul’han Aroukh écrit que si l’ustensile souffre d’un trou qui permet d’y faire entrer le liquide, autrement dit si du liquide y pénètre lorsqu’on le pose sur ce liquide (ce qui correspond à un trou plus grand que celui permettant à un liquide de sortir du trou) alors ce n’est plus un Kéli et on ne peut pas faire avec Nétilat Yadayim. Et ce, même s’il contient un Révi’it en dessous du trou. Mais il ajoute que ceci est valable lorsqu’on utilise la sortie habituelle du Kéli, tout en haut. En revanche, si l’on fait passer l’eau uniquement par le bas, en la faisant sortir par le trou, alors cela est permis, puisqu’il contient un Révi’it.
Le Michna Broura précise qu’à priori on n’agira pas de la sorte, et que ce n’est que si l’on ne dispose pas d’un autre Kéli qu’on se reposera sur l’avis indulgent du Choul’han Aroukh.
En conclusion :
Le Kéli que l’on utilise pour la Nétilat Yadayim, en plus des autres Halakhots le concernant, doit être entier, et non cassé ou brisé. Si l’on observe un trou, et que ce trou permet à un liquide de le pénétrer lorsqu’on le pose sur le liquide, on agira ainsi :
Si l’on ne dispose pas d’un autre Kéli, on pourra l’utiliser, dans la mesure où il contient un Révi’it en dessous du trou, et en faisant passer l’eau par le trou et non par l’embouchure habituelle du Kéli.
Si l’on dispose d’un autre Kéli, alors on l’utilisera, comme le préconise le Michna Broura. |
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