Une femme qui souhaite faire la Brakha avant l’allumage des Nérot de Chabat, peut-elle poser la condition de ne pas recevoir le Chabat avant d’avoir allumé, car j’ai entendu que al raison pour laquelle certains font la bénédiction après l’allumage est qu’en faisant la Brakha avant on fait entrer déjà le Chabat ?
Une femme qui souhaite faire la Brakha avant l’allumage des Nérot de Chabat, peut-elle poser la condition de ne pas recevoir le Chabat avant d’avoir allumé, car j’ai entendu que al raison pour laquelle certains font la bénédiction après l’allumage est qu’en faisant la Brakha avant on fait entrer déjà le Chabat ?
Réponse :
Vous posez une très bonne question. Pour répondre, quelques rappels. Le Choul’han Aroukh dit que lorsqu’il allumera (Kéchéyadlik…), il bénira Baroukh Ata etc. qu’il s’agisse d’un homme ou qu’il s’agisse d’une femme. Le Rama rapporte un usage de faire la Brakha avant l’allumage, puis un autre de faire la Brakha après l’allumage.
Se pose alors la question : qu’en est il de la nécessité de faire la Brakha juste avant la Mitsva et non après ? le Rama répond en donnant la solution suivante : on ne profitera pas de la lumière avant d’avoir fait la Brakha après l’allumage. Donc, on pose sa main devant la lumière juste après avoir allumé, et ensuite seulement on fait la Brakha.
Le Rama précise que c’est bien ce dernier usage qui a été retenu.
Le Maharam Chik dans l’une de ses réponses halakhiques, traite de la question de la place de la Brakha dans certaine Mitsvots. Sa question, plus précisément, est celle d’un homme qui allumerait les lumières de Chabat. Doit-il, comme la femme, faire la Brakha après l’allumage, ou doit il faire la Brakha avant l’allumage ? la question tient au fait que la plupart des hommes, contrairement aux femmes, ne reçoivent pas Chabbat avec l’allumage. Or l’une des raisons pour laquelle la femme doit faire la Brakha après l’allumage (selon certains) est qu’une fois qu’elle a dit la Brakha, elle recoit sur elle le Chabat. Il est donc nécessaire, selon eux, de repousser la Brakha jusqu’après l’allumage pour éviter ce problème. Or, cette réalité n’est pas forcément vraie pour les hommes. Eux, généralement, reçoivent le chabbat plus tard, à la synagogue par exemple. A moins que l’on doive appliquer le principe de Lo Ploug, c’est-à-dire ne pas faire de différence entre les cas et faire systématiquement la Brakha après l’alumage. Mais, nous dit le Maharam Chik, il n’est pas évident que ce principe de Lo Ploug s’applique pour étendre un usage de la femme à l’homme. Il s’agit de deux personnes différentes et il est possible que Lo Ploug soit un principe que l’on applique concernant une seule et même personne pour des cas différents. Quoiqu’il en soit, nous voyons du Maharam Chik que même lorsqu’il n’y a pas de problème à proprement parler, le fait qu’il y ait une volonté d’homogénéiser la halakha avec le principe de Lo Ploug doit nous faire réfléchir avant de proposer un changement. Il en va de même ici : même s’il y a possibilité théorique pour la femme de bénir avant l’allumage, cela ne veut pas dire qu’elle doit le faire.
On pourrait recommander à l’homme de procéder à un Tnay, c’est-à-dire de poser la condition de ne pas recevoir le Chabat lorsqu’il allume les lumières. Ainsi, cela lui permettra de faire la bénédiction avant, mais aussi d’éviter le problème de recevoir le chabbat en disant la Brakha. Pourquoi ne pas le faire ? En fait, cette question peut se poser pour chaque femme qui allume les Nerot de Chabat. Dans la mesure où il suffit de poser une condition pour ne pas recevoir le Chabat, on pourrait demander à chaque femme de faire la bénédiction avant, mais de poser comme condition de ne pas recevoir le Chabat en disant la Bénédiction ! on gagnerait alors la possibilité de faire la bénédiction avant la Mitsva, comme on le fait généralement, mais on éviterait le problème de la réception immédiate de Chabat.
Comme nous l’avons dit plus haut, ce n’est pas parce qu’il y a possibilité technique de faire quelque chose qu’il faille forcément le faire !
Mais alors, pourquoi les décisionnaires autorisent parfois la femme a poser une telle condition de ne pas recevoir chabbat y compris avec l’allumage mais beaucoup plus tard ? nous pensons en particulier au Ben Ich ‘Hay qui autorise à une femme qui doit voyager en voiture après l’allumage (elle doit aller au Mikvé, par exemple), à poser une telle condition !
La réponse est simple : ce n’est qu’en cas de grande nécessité que les décisionnaires préconisent de faire une telle chose. En effet, ce n’est pas évident de poser une telle condition. Elle ne fonctionne pas selon tous les décisionnaires mais seulement selon une partie d’entre eux. On utilise cette « astuce » donc uniquement si l’on n’a pas le choix.
Conclusion :
Selon beaucoup de décisionnaires, une femme doit faire la Brakha avant l’allumage, comme pour l’ensemble des Mitsvots. C’est probablement l’avis du Choul’han Aroukh lui-même.
Selon le Ben Ich ‘Hay, selon le Rav Mordekhay Eliahou, et d’autres encore, la femme fera la bénédiction après l’allumage, et ne doit pas changer son usage.
Il est possible de poser une condition de ne pas recevoir Chabat à l’allumage; mais seulement en cas de nécessité.
Une femme qui souhaiterait faire la Brakha avant l’allumage en posant la condition de ne pas recevoir le chabbat, c’est une bonne idée, mais on ne pose pas ce genre de conditions de manière systématique : uniquement en cas de nécessité. Chaque femme suivra donc son
Minhag sans essayer de le contourner par des astuces. |
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