Question :
Peut-on jeuner le Chabbat ?
Réponse :
La Mitsva de Oneg Chabbat inclue la Mitsva de manger. Il est donc impératif de manger vendredi soir avec appétit. Selon certains décisionnaires, le Mitsva de Oneg Chabbat est une halakha de la Torah. On peut y trouver une source chez les prophètes : « et tu clameras le Chabat comme plaisir. ». Jeuner le chabbat serait un interdit de la Torah.
Dans le Chout Harachba (4e partie chap. 262) il est écrit : « le Rav Rabbi Yits’hak Ben Guiat zal : on ne repousse pas le Oneg Chabbat et la Sim’ha de Yom Tov, qui sont fixés par la Torah ». Ainsi, le Choul’han Aroukh (471) tranche que si une personne a juré de jeuner tant et tant de jours, et que parmi ces jours se trouvent des jours de Chabbat ou de Yom Tov, le serment est effectif, car l’interdiction de manger est plus large que l’interdit de jeuner (Issour Kollel) et le principe veut que l’interdit large prenne le pas sur le plus restreint, lorsque les deux s’opposent. Mais si une personne formule le vœu précis de jeuner le jour du Chabbat ou de Yom Tov, le serment ne prend pas effet, car un serment ne peut pas concurrencer une Mitsva. De plus, il recevra des coups pour avoir juré en vain. Et il devra donc manger. Il ajoute que celui dont le serment est de jeuner à ‘hanouka ou pourim se doit de respecter son serment, malgré la mitsva de manger en ces jours. En effet, ces jours sont des jours de fêtes rabbiniques.
Pour entrer dans le chabbat en appétit et que le repas soit un véritable plaisir, la halakha recommande de ne pas manger avant chabbat de façon à perdre l’appétit. Cf. Choul’han Aroukh 249,2. De plus, il est interdit de fixer le vendredi un repas tel qu’on n’en fixe généralement pas un jour ordinaire.
Un repas habituellement pris un jour de semaine ordinaire peut être pris le vendredi. Mais il est une Mitsva d’éviter cela dès la dixième heure (en heures halakhiques, c’est-à-dire en divisant la journée éclairée en douze parties équivalentes.) En hiver, où les journées sont courtes, on se montrera davantage prudent et on ne prendra pas de repas à une heure où l’on risque de perdre l’appétit Chabbat.
On pourra toutefois participer à un repas de Mitsva le vendredi, même si on en perdra l’appétit le soir. Mais il est bon d’avancer au possible ce repas, avant la mi-journée ou au moins avant la 10e heure, si possible. Si cela n’est pas possible, le Rav Eliahou recommande d’inviter un nombre restreint de personnes, afin que les autres puissent manger avec appétit durant Chabbat.
Même celui qui participe à un tel repas le vendredi, essayera de ne pas se remplir le ventre, pour garder de l’appétit le soir venu. (Aroukh Hachoul’han).
Il faut définir ce qu’est une Séoudat Mitsva : il s’agit du repas qui accompagne la Brith Mila, le festin de Pourim, le repas de Yom Tov, le repas qui accompagne le rachat du premier né, le repas qui accompagne le Bar Mitsva, lorsqu’il s’agit du jour précis où il devient sujet à l’accomplissement des Mitsvots, la clôture d’un traité d’étude, et du repas de mariage. A l’exclusion du repas de ce que l’on appelle aujourd’hui les iroussim/fiançailles, qui n’est pas une Séoudat Mitsva à proprement parler.
Si Roch ‘Hodech tombe un vendredi et que l’on souhaite honorer ce jour par la nourriture, après-midi, on mangera un aliment nouveau ou particulièrement plaisant, sans fixer de nouveau repas.
Il est permis de jeuner chabbat pour un rêve inquiétant, car le jeune conforte la personne que son mauvais rêve n’aura aucune incidence. Son véritable plaisir, du coup, n’est plus de manger mais bien de jeuner. C’est le seul jeune qu’on autorisera (mis à part Kippour) le Chabbat.
Une personne m’a posé la question suivante : il a pris sur lui de jeuner plus jours consécutifs parce que selon ce qu’il a appris, cela sera bénéfique pour lui au niveau de sa santé. Selon des études récentes, des jeunes prolongés éliminent nombre de toxines et préservent de certaines maladies. Du coup, il se demande s’il lui est permis de jeuner le Chabat lorsque ce jour est inclus dans la longue période de jeunes qu’il s’est donné.
Je pense que s’il croit véritablement à cet effet bénéfique il est possible que la chose lui soit permise, bien entendu lorsqu’il n’a pas le choix (il ne fixera pas a priori un jeune le chabbat si d’autres journées sont disponibles.). Toutefois, il y a lieu de douter si telle est véritablement la volonté de la torah. S’il est évidemment interdit de se mettre en danger en mangeant le chabbat, il n’en reste pas moins que celui qui fait attention à sa santé tout en mangeant le chabbat bénéficiera assurément de la protection divine. La Providence accompagne le juif lorsqu’il fait son devoir. Préserver sa santé est important mais il y a d’autre manière de faire cette ichtadlout. |