Question :
concernant la Brakha de Boré Néfachot Rabote, j’aimerai savoir quelle est la bonne version : Baroukh ‘Hay Ha’olamim ou plutôt Baroukh ’Hey Ha’olamim ?
Réponse :
Le Choul’han Aroukh dans Ora’h ‘Hayim chap. 207 énonce : « les fruits de l’arbre, en dehors des 5 espèces, ainsi que les fruits de la terre et les légumes, et tout aliment qui ne pousse pas depuis la terre, sa dernière brakha est : boré néfachot rabot. Et s’il a mangé de toutes ces sortes d’aliments il fait à la fin une brakha générale pour tout. Et cette brakha, il la conclut sans le Nom, c’est-à-dire qu’il conclut « baroukh ‘hay ha’olamim ».
Le Kaf Ha’hayim précise que si dans le Talmud Bavli effectivement il n’y a pas le Nom, dans le Talmoud Yérouchalmi en revanche, apparait une telle version ! le Tour dit que son père le Roch d’ailleurs adoptait cette version. Mais le Beth Yossef rapporte aussi des opposants à cet usage, puisqu’il n’est pas celui de notre Talmoud, et opte pour l’omission du Nom. Ce qui justifie ce qu’il écrit dans le Choul’han Aroukh.
Le mot Vé’hesronan, certains le disent avec un Mem « ve’hessronam ». D’autres avec un Noun, « vé’hessronan ». Il semble que la version généralement adoptée aujourd’hui chez les Séférades est bien Vé’hesronan avec un Noun.
Il y a aussi deux versions de Chébarata, certains disent chébara, à la troisième personne, d’autres ajoutent le Tav et disent Chébarata. Il semble que c’est cette dernière version qui soit la plus populaire chez les Séférades.
Le Grand Rabbi Yossef Hayim de Bagdad dans son Ben Ich ‘Hay donne l’explication de cette bénédiction, selon la Kabala. Ceux-ci soutiennent en effet le principe de réincarnation des âmes dans le végétal ou l’animal. Il n’est pas question de s’étendre sur cette notion à laquelle nous n’avons aucune compréhension. Uniquement de comprendre le sens du texte. Lorsque nous disons la Brakha sur un aliment nous réparons les âmes incarnées en eux. C’est pour cela que nous disons : « qui crée de nombreuses âmes ». Puis, nous mentionnons que le manquement de leurs actions a fait qu’ils se réincarnent en un tas de choses crées. « Leurs manques (est marqué) sur tout ce que Tu as créé ».
Ensuite, nous expliquons qu’avec la force de cette bénédiction nous entendons réparer toute âme incarnée dans cet aliment « pour faire vivre l’âme de tout vivant ».
Enfin, nous concluons « baroukh ‘hay haolamim », béni soit Celui qui vit éternellement, exprimant le caractère extraordinaire du fait que ces grandes choses soient réalisées par nous, les humains !
Ceci dit, cette Brakha a aussi un sens plus obvie : nous remercions l’Eternel de créer de nombreuses créatures et de pourvoir à « ce qui leur manque » (exemples : le pain, l’eau) en plus de tout ce qui est crée pour l’homme pour pure jouissance sans que cela soit vitale pour lui. (une profusion de fruits en tout genre, dont on pourrait largement se passer)
Lorsque l’on se met à l’écoute de ceux qui prononcent cette Brakha on remarque qu’alors que certains disent ‘Hay d’autres disent ‘Hey. C’est qu’en réalité les deux versions existent et elles sont toutes les deux justifiables.
Le Tossefot Yom Tov à la fin des Michnayots Tamid opte pour la version en ‘Hey. Il le répète dans son ouvrage Malbouché Yom Tov. Ceci dit le Elia Raba rapporte un témoignage disant que le Tossefot Yom Tov aurait changé d’avis sur le tard. Autrement dit, l’un des principaux protagonistes de ce débat aurait finalement opté pour le ‘Hay. Toutefois, il se trouve que certains maitres ont mis en doute la pertinence de ce témoignage. Nous ne sommes donc pas plus avancés !
Il semble qu’une majorité d’Ashkénaze disent ‘Hey alors qu’une majorité se Séfarades disent ‘Hay.
Le Rav Méir Mazouz, connu pour sa connaissance de la grammaire hébraïque, soutient également la version ‘Hey.