Q:
Pourquoi lit-on la Parachat Chékalim?
R:
Nos Sages ont institué de lire quatre Parachiyot autour et pendant le mois de Adar: Chékalim (le Chabbat précédant le Roch ‘Hodech Adar ou le Chabbat Roch ‘Hodech Adar), Za’hor (le Chabbat précédant Pourim), Para (l’avant dernier Chabbat du mois de Adar), et Ha’hodech (dernier Chabbat de Adar ou Chabbat qui est Roch ‘Hodech Nissan). Lors d’une Chana Méoubéret, année embolismique on les lit pendant le Adar II, celui proche de Nissan. Quand on parle des quatre Parachiyot, il s’agit uniquement de la lecture d’un Maftir spécial dans un deuxième Sefer Torah et de la lecture d’une Haftara correspondante, et non du remplacement de toute la section hebdomadaire, la Parachat Hachavoua.
La Torah nous dit: « Zot Olat ‘Hodech Bé’hodecho Lé’hodeché Hachana » (Bamidbar 28), « ceci est un sacrifice holocauste de la nouvelle néoménie, dans son mois pour les mois de l’année ». De la redondance, nos Sages apprennent qu’il faut renouveler la donation pour acheter de nouveaux sacrifices d’année en année. La date butoir a était fixée au Roch ‘Hodech Nissan, c.-à-d. qu’à partir de cette date on ne peut acheter de sacrifices avec l’argent récoltée l’année précédente. Les sacrifices étaient achetés à l’époque du Temple avec l’argent du Ma’hatsit Hachékel, le demi-sicle, que tout un chacun prélevait de manière égale, afin que tous aient une part égale dans les sacrifices publics et dans l’expiation apportée par ceux-ci. Afin d’avoir assez d’argent dans les trésoreries du Temple le premier Nissan, on rappelait au peuple dès le Roch ‘Hodech Adar de donner leur contribution.
De même nos Sages ont institué de lire la Parachat Chékalim le Chabbat qui précède le Roch ‘Hodech Adar. D’après Rachi déjà à l’époque du Temple on lisait cette Paracha pour interpeler les gens et les rappeler de donner leur contribution au Temple, et on la lit de nos jours en souvenir de cette lecture. Ainsi ressort des mots de la Guémara: « on anticipe et on lit (la Paracahat Chékalim au début du mois de Adar) afin d’apporter les Chékalim au Temple. Le Méiri également explique de manière assez proche que de nos jours on fait une annonce différente pour rappeler aux gens d’apporter leur Chékalim par le biais de la lecture de la Torah. D’après le Rav Chlomo Hacohen de Vilna cette lecture avait lieu le Chabbat en plus de l’annonce du Bet Hadin d’apporter les Chékalim, car en ce jour du Chabbat de nombreux fidèles sont réunis à la synagogue et un plus grand nombre de personnes peuvent être atteintes. De nos jours que le Temple est détruit et que l’on ne peut apporter nos Chékalim, on lit quand même cette lecture en souvenir du Temple, ou bien parce que l’on espère que le Temple sera reconstruit à tout instant et que nous soyons prêts à y apporter des sacrifices.
D’après le Lévouch et le Michna Broura on la lit de nos jours en remplacement de la donation du Ma’hatsit Hachékel que l’on donnait à l’époque du Temple et que l’on ne peut plus accomplir à cause de nos fautes, comme il est écrit: « Ounchalema Parim Séfaténou », « et nos lèvres remplaceront les taureaux » (apportés en sacrifice). D’après cette interprétation la lecture de la Parachat Chékalim vient remplacer le don lui-même des Chékalim, et non en souvenir de l’appel que l’on faisait à l’époque du Temple. Ainsi ressort également du Sefer Ha’hinou’h. Le Rav Betsalel Hacohen de Vilna, cité par son frère susmentionné, trouve une allusion dans la répétition de l’expression « Lé’haper Al Nafchoté’hem », pour expier vos âmes: une première fois (Chémot 30, 15) « donner cette donation à Hachem pour expier vos âmes » c.-à-d. le don réel du Ma’hatsit Hachékel à l’époque du Temple; une deuxième fois (ibid 16): « et ce sera pour les Enfants d’Israel un souvenir afin d’expier leur âmes » c.-à-d. uniquement un souvenir quand on ne peut plus donner le Ma’hatsit Hachékel, mais qui offre pourtant une expiation.
Le Rav Tsvi Pessa’h Franck écrit que d’après cette opinion on ne peut faire monter un mineur pour la lecture du Maftir de Chékalim, tandis que d’après Rachi et le Méiri il n’y aurait aucun problème.
Michna Méguila (29a) Rachi Korin, Méiri Hamichna Haréviit; Rambam Chékalim 1, 9-10; Sefer Ha’hinou’h 105
Michna Broura 685, 2
Binyan Chlomo 54
Mikraé Kodech ‘Hanouka Oupourim, Arba Parachiyot 3, p. 76, note 3
Maamar Mordé’hay Moadim 62, 6 |