Q:
Y-a-t-il un problème de dire « Emet Toraténou Hakédocha » entre la fin de la lecture de la Torah et la bénédiction?
R:
Nos Sages ont institué de reciter deux bénédictions lors de la lecture de la Torah, une avant la lecture « Acher Ba’har Banou », « qui nous a choisi parmi les nations et nous a donné Sa Torah », et la seconde après la lecture « Acher Natan Lanou », « qui nous a donné sa Torah ». Comme pour toute bénédiction où il est interdit de s’interrompre entre la récitation de la bénédiction et l’accomplissement de la Mitsva sur laquelle elle se rapporte, il est interdit de parler entre la première bénédiction et la lecture et de même entre la lecture et la dernière bénédiction. Cependant il y une différence entre la première bénédiction et la dernière: si on s’est interrompu avant d’avoir commencé à lire la Torah, alors il faudra recommencer la première bénédiction, car l’interruption a désolidarisé la bénédiction de l’accomplissement de la Mitsva; par contre si on a déjà commencé à lire ne serait-ce qu’un seul verset on n’a pas besoin de recommencer la première bénédiction et on pourra reciter la dernière bénédiction après la lecture (d’au moins trois versets), car même si on s’est interrompu, la Mitsva existe et a était accomplie.
Il existe une habitude chez les Juifs d’Afrique du Nord que la personne qui vient de monter à la Torah dit la formule « Emet Toraténou Hakédocha » avant de reciter la bénédiction finale. Le Rav Eliezer Attia explique que de nos jours où la personne qui monte à la Torah ne lit pas elle-même dans le Sefer Torah mais l’officiant le fait à sa place, avant de reciter la bénédiction d’après la lecture, le fidèle confirme que tout ce qui a été lu dans le Sefer Torah est vrai. Cette habitude est rapportée par de nombreuses sommités marocaines comme le Rav Chalom Messas, le Rav David Obadia, et dans de nombreux recueils de coutumes des Juifs d’Afrique du Nord, d’Algérie ou de Tunisie. Le Rav Chem Tov Gaguin rapporte même que telle était l’habitude en Israel.
Cependant, le Rav ‘Haim Falagi s’oppose cette habitude, ne serait-ce que de dire le mot Emet avant de commencer la bénédiction, de même que le Rav Eliyaou Mani de ‘Hévron. Le Rav Avraham Adadi, originaire de Tunisie, mais qui pérégrina beaucoup, jusqu’en Irak et qui termina ses jours à Tsfat, tente de réhabiliter cette coutume en faisant une distinction entre une parole futile, qu’il est interdit de prononcer et de s’interrompre entre la lecture de la Torah et la bénédiction, et une phrase qui est une louange à Hachem. Il rapporte une preuve du ‘Hida qui rapporte un avis qui permet au Rav de sermonner les fidèles entre la lecture et la bénédiction, bien que cela n’ait pas un rapport direct avec la lecture de la Torah que l’on vient de lire, mais parce que c’est un moment favorable où les fidèles sont tout ouïs. A plus forte raison d’annoncer que ce que l’on vient de lire dans le Sefer Torah est vrai.
En conclusion d’après le Rav Zatsal on ne répondra pas « Emet Toraténou Hakédocha » avant de réciter la bénédiction finale sur le Sefer Torah, mais on ne grondera pas celui qui en a l’habitude.
Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haim
LéDavid Emet 6, 61
Sefer ‘Haim (Falagi) 25, 55; Chomer Emet, Kountrass Amar Chomer 61
Zir’honot Eliyaou, Maaré’het Bra’hot Ot He, 31
Kéter Chem Tov vol. 1, 309
Chout Chémech Oumaguen Ora’h ‘Haim vol. 3, 85, 17
Nahagou Haam, Kriyat Hatorah 5 p. 19
Piské ‘Ha’hmé Hamaarav vol. 1, Hilhot Sefer Torah 85, p. 113
Nétivot Hamaarav Chabat Kodech 41
Choul’han Avouteinou 1, 170
Alei Hadass 2, 76
Libi Er 14, 6
Piské Téchouvot vol. 2, 139 note 82
Maamar Mordé’hay Chabbat vol. 2, 30, 30 |