Question :
Une fois les 12 mois de deuil sur l’un de ses parents, achevé, peut-on continuer à dire le Kadich, ou demander une Hachkava ?
Réponse :
Pour bien comprendre quel est le fond de la question (et de la réponse) nous allons nous pencher sur le « bénéfice » que procure le Kadich au Niftar.
A priori, le Kadich est un texte qui glorifie D. et participe à la grandeur de son Nom sur terre, et n’est pas directement lié aux défunts ou à leur famille.
Mais les maitres nous ont transmis que le Kadich est un bien pour le Niftar. En quoi ? Deux possibilités : étant donné que les mécréants sont jugés durant 12 mois après le décès, le Kadich permet de les aider à passer ce jugement le plus favorablement possible. Abordé ainsi, effectivement, le Kadich n’est plus utile une fois les 12 mois écoulés. De là découle la coutume largement répandue de ne pas dire le Kadich durant l’intégralité des 12 mois, mais de s’interrompre une semaine vers la fin de cette période et de ne pas dire le Kadich durant cette semaine. En effet, dire le Kadich durant l’intégralité des 12 mois reviendrait à considérer nous même l
e défunt comme un mécréant, puisque 12 mois constituent la période nécessaire aux mécréants pour être jugés !
En lisant attentivement les écrits des décisionnaires, il apparait que cette coutume découle davantage de la superstition que de la crainte bien fondée, mais il n’empêche que pour éviter les malentendus, cet usage a finalement été adopté, et l’on s’interrompre donc une semaine vers la fin de cette longue période.
A ce sujet, il est bon de faire remarquer que Rabbi Yossef ‘Hayim de Bagdad a « corrigé » un défaut dans cette pratique. En effet, dit-il, il est dommage que les proches qui ont dit le Kadich durant presque 12 mois, s’interrompent la dernière semaine, alors que selon les sources, c’est à ce moment que le Kadich est le plus utile ! Par conséquent, il préconise de s’abstenir de dire le Kadich mais à la fin du onzième mois, ou au début du douzième. D’ailleurs, il rapporte une coutume, qu’il soutient, qui consiste à organiser une étude et à aller sur la tombe du défunt à la fin du 11e mois.
Comme nous l’avons dit en préambule, tout cela découle de l’idée que le Kadich sert au jugement du Niftar. Mais, en réalité, comme le soulignent beaucoup de Poskim, le Kadich participe également à l’élévation de l’âme du Niftar, même si celui-ci n’est pas déclaré coupable. En réalité, tout Kadich dit à tout moment de l’année, ainsi que toute prière dite par le proche et qui acquitte les autres fidèles, mais aussi toute Mitsva ou toute Brakha faite au bénéfice du Niftar, participe à cette élévation de l’âme. C’est la raison pour laquelle, théoriquement, il n’y a aucun inconvénient, tout au contraire, à dire un Kadich ou à dire une Hachkava à tout moment de l’année, y compris si les 12 mois se sont écoulés depuis longtemps.
En pratique, le Ben Ich ‘Hay préconise (durant la semaine d’interruption) d’arrêter tous les Kadichs qui sont propres aux endeuillés, en particulier celui d’avant ‘Alénou Léchabéa’h.
Le Divré Bénayahou rapporte une preuve intéressante d’une responsa du Ben Ich ‘Hay. Il y est question d’un groupe de personnes qui étudient avant la Téfila et qui souhaitent dire le Kadich après l’étude. Le problème est que tous les participants, sans exception, souhaitent die le Kadich, si bien qu’il n’y a personne pour répondre Amen. La conclusion du Ben Ich ‘Hay est qu’ils peuvent tous dire Kadich. Mais la situation même qu’évoque le Ben Ich ‘Hay est intéressante. En effet, il est peu probable que tous les participants à l’étude soient dans une année de deuil, ou qu’ils se trouvent à la date anniversaire du décès ! C’est donc que la coutume était bien de dire le Kadich même s’il ne s’agit pas des dates « obligatoires ».
En conclusion : c’est un grand bien que font les enfants du Niftar lorsqu’ils disent le Kadich après les 12 mois réglementaires, surtout après l’étude de la Torah orale ou écrite, car cela fait monter l’âme du Niftar. Même si l’on arrête de dire les Kadichims généralement réservés aux endeuillés, comme celui d’avant Alénou, on peut dire les Kadichs qui suivent l’étude ou faire d’autres Mitsvots. En ce qui concerne la Hachkava, le Minhag est généralement de le réserver à l’année de deuil ou à la date du Yerstseit, mais si quelqu’un souhaite dire une Hachkava (en particulier durant les offices des fêtes, c’est une coutume répandue), il en a le droit.
Sources:
Rav Péalim tome 2, O.H chap. 14
Yaskil ‘Avdi tome 7 chap. 44
Ben Ich ‘Hay première année section Vayé’hi.
‘Hida Kikar Laaden chap. 5
‘Hazon Ovadia Avélout tome 1 page 336
Divré Bénéyahou tome 37 chap. 86