Réponse :
Concernant la question de l’essuyage après la Nétilat Yadayim il y a lieu de diviser la question selon le type de Nétila dont il s’agit : nous allons donc évoquer la Nétila après le repas composé de pain, la Nétila après la sortie des toilettes, les Mayims A’haronims et la Birkat Kohanim.
La question dans son ensemble a été traitée dans l’ouvrage Divré Bénayahou (tome 37, chapitre 10). Les lignes qui suivent sont directement inspirées de cet ouvrage.
Au sujet de la Nétilat Yadayim après le repas, la Guémara (Sota 4b) dit au nom de Rabbi Abahou que quiconque mange du pain sans avoir essuyé ses mains, c’est comme s’il avait mangé un pain impur. Il s’appuie sur un verset de Yé’hezkel. Rachi explique que c’est l’aspect repoussant/dégoutant qui est a comparé avec l’impureté. C’est donc la raison de l’essuyage.
Or, il se trouve que le Beth Yossef (chapitre 158) rapporte l’opinion du Mordekhay et du Smag qui, s’appuyant sur un enseignement de la Tossefta de Massekhet Yadayim, en concluent que si l’on se lave les mains de manière à ce qu’elles ne portent pas d’impureté, il n’est pas nécessaire de les essuyer. Le Beth Yossef en déduit que si un Révi’it d’eau a été versé sur les mains (soit sur les deux mains simultanément, soit un Révi’it sur chaque main séparément), l’essuyage n’est plus obligatoire. En effet, le Révi’it simultané enlève l’impureté des mains et celles-ci sont pures.
Mais il faut savoir que le Yam Chel Chélomo (Massékhet ‘Holin chapitre 8), après avoir rapporté les propos du Beth Yossef, prend une distance avec ceux-ci, pour la simple raison que l’essuyage, pour lui, est une institution des Sages indépendante des autres circonstances. De la même manière qu’il faut un Kéli, ou que l’eau provienne de la force exercée par la personne elle-même, ainsi en est-il de la nécessité de s’essuyer. Elle ne souffre pas d’exception.
Plusieurs maitres rejoignent finalement la décision du Yam Chel Chlomo. Comme le Ba’h, le taz, le Maguen Avraham, le Ben Ich ‘Hay, le Kaf Ha’hayim (Sofer), etc.
C’est la raison pour laquelle le Rav Bénayahou Dayan tranche que celui qui pour une raison objective ne peut pas s’essuyer les mains, par exemple lors de l’épidémie de Covid ou beaucoup ne se servaient pas de serviettes publiques, pourra ne pas s’essuyer les mains ou attendre que ses mains sèchent d’elles même, en se reposant sur l’opinion du Choul’han Aroukh. En effet, normalement nous devrions trancher conformément à l’opinion du Choul’han Aroukh, puisque ce sont ses décisions qui font office de loi. Donc, dans le cas où il est impossible de respecter l’opinion du Yam Chel Chélomo et des autres maitres, on fera comme dit.
Il en est de même concernant l’ablution avant la bénédiction des Kohanims. Comme chacun le sait, les Kohanims font la Nétila avant de procéder aux bénédictions.S’il est impossible de s’essuyer les mains, on attendra qu’elles sèchent ou on fera la Birkat Kohanim sans avoir séché ses mains, d’autant plus que l’opinion du Rambam dispense de l’essuyage.
Concernant la Nétila après les toilettes, le ‘Hida dans son Ma’hzik Brakha (Ora’h ‘Hayim chapitre 4) rapporte au nom de plusieurs A’haronims (Maharam Niguarin, Maharam Papirach, etc.) que pour retirer le mauvais esprit qui repose sur les mains il est nécessaire de les essuyer. Après seulement, on pourra faire la Bérakha. Mais là aussi, les A’haronims précisent que celui qui a versé un Révi’it d’eau simultanément pourra faire la Bérakha avant de s’essuyer les mains.
Enfin, concernant les Mayim A’haronim, étant que l’usage, tel que l’a démontré le Ben Ich ‘Hay, est de se contenter d’une toute petite quantité d’eau, il sera donc nécessaire de s’essuyer les mains. |