Réponse :
Il est vrai que dans beaucoup de communautés, en Israel surtout, on récite les Séli’hot dès minuit (en heures juives, évidement). Mais c’est davantage par commodité que par calcul halakhique, car selon la halakha, au contraire, il est préférable de dire les Séli’hot à la fin de la nuit.
Selon Rav Ben Tsion Moutsafi, il n’est pas exagéré d’affirmer que dans des dizaines d’endroit le Zohar évoque les dernières heures de la nuit comme étant les meilleures.
Le Rambam (lois de la Téchouva 3,4) écrit que tous ont l’habitude de se lever la nuit durant les 10 jours de Téchouva, et prier dans les synagogues pour des supplications etc. jusqu’à ce que les premières lueurs du jour apparaissent. Il semble donc que selon le Rambam les Séli’hot se disent à l’approche du matin, lorsqu’il fait encore nuit.
C’est ce qui ressort aussi de l’ouvrage Ménorat Hamaor (chapitre 2) du Rav Israel Elnékavé (Enkaoua), qui s’appuie aussi d’un aphorisme attribué par les sages au Roi David affirmant que c’est lui qui réveille le matin et non l’inverse (manière de dire qu’il se levait bien avant le début du jour).
Ce sont deux sources quasi explicites mais il y en a beaucoup d’autres. Par exemple, le Igrot Moché (O.H. tome 2, chap. 92) soutient que selon le Choul’han Aroukh, qui suit les avis du Roch et du Tour, il n’y a strictement aucune préférence à dire les Séli’hot à ‘Hatsot plutôt qu’à un autre moment. Certes, la Guémara dans Yébamot dit que ‘Hatsot est un moment important, mais les commentaires indiquent que pour les Séli’hot c’est la fin de la nuit qui constitue le moment de choix.
Les Kabalistes eux aussi, affirment que les moments d’avant les premières lueurs du jour sont les plus propices. Voir : Zohar Hakadoch (Béréchit 43,a et Pékoudé 249, b) / Beth El (Rabbi Avraham ‘Hamoy, page 43), Yalkout Mé’am Lo’ez (Ekev, page 513) / Mo’ed Lékol ‘Hay (Rabbi ‘Hayim Falaggi, chap. 11).
Le Talmud (‘Avoda Zara 3b) rapporte au nom de Rav que le jour est fait de 12 heures. Les trois premières heures de la journée, D. est « installé et étudie la Torah » (inutile de préciser que ce sont des métaphores). Les trois heures suivantes, il juge le monde entier. Après avoir constaté que le monde mérite destruction, il passe du trône de la rigueur pour s’installer sur le trône de la miséricorde. Les trois heures suivantes, il nourrit le monde entier, y compris les « œufs des poux ». Et les trois dernières heures, il « joue » avec le Léviathan et apprend aux enfants la Torah. Quant à la nuit, qu’y fait -il ? certains disent qu’il a le même « emploi du temps » que pour le jour. D’autres disent qu’il « voyage » en parcourant les 18 000 mondes.
Or, les plus anciens livres de coutumes, ainsi que des maitres plus tardifs, font référence à ce passage du Talmud pour justifier la coutume de se lever pour les Séli’hot, en précisant que les trois dernières heures de la nuit, c’est notre monde qui est survolé par Hakadoch Baroukh Hou, si l’on ose dire !
Inutile de dire que nous n’avons pas idée de la profondeur de ce que ces notions révèlent. Les maitres qui rapportent ces sources, eux, en savaient bien entendu beaucoup plus. Mais ce que nous voyons néanmoins, c’est que les heures les plus tardives de la nuit, juste avant le jour, sont celles où Hakadoch Baroukh Hou est plus proche de nous.
Il faut préciser également que tout ce qui a été dit est valable lorsque les circonstances le permettent. Lorsque les séli’hots risquent de nous fatiguer au point d’engendrer une perte d’argent à notre employeur ou des désagréments semblables, on pourra dire les Séli’hots en journée (mais on évitera la nuit avant minuit ! ). |