Question :
Ais-je le droit de prendre des vitamines le Chabat ?
Réponse :
Si vous prenez de la vitamine C le matin ou toute autre substance faite de molécules destinées à renforcer le corps, la digestion, etc. :
A priori c’est une discussion entre le Choul’han Aroukh qui l’autorise (à celui qui est en bonne santé) et le Maguen Avraham qui l’interdit (tant que ce n’est pas un aliment consommé par les gens en bonne santé). Donc normalement cela dépend si l’on est séfarade ou achkénaze.
Mais en réalité même parmi les décisionnaires ashkénazes, tous ne sont pas d’accord avec le Maguen Avraham comme le le Tsits Eliezer (14, 50) qui autorise les vitamines le Chabbat.
En effet, de nos jours la fabrication de médicaments ne se fait pas comme auparavant en écrasant des plantes etc. mais dans l’industrie pharmaceutique, ce qui rend la fabrication artisanale/domestique de médicaments improbable !
Voir en particulier le Chout Rabbi Akiva Yossef Schlesinger (I, 122).
Nous n’allons pas pour autant « autoriser » la prise de médicaments sur base de cette différence, mais lorsqu’il y a d’autres raisons de permettre, on est plus indulgents.
Le raisonnement principal pour autoriser est que les vitamines, normalement, ne viennent pas guérir mais renforcer un état déjà existant pour ne pas que sa situation ne se détériore.
Je précise d’abord que s’il s’agit d’un petit enfant ou d’une personne âgée ou d’une femme enceinte etc. pour qui la prise de vitamine n’est pas vraiment un luxe, il y a d’autant plus raison de se monter indulgent et d’autoriser.
A fortiori s’il s’agit d’une personne malade au point d’être alité, ou qu’il est à ce point faible que tout son corps en souffre, là évidement on pourra lui donner des vitamines puisque que l’on peut lui donner de véritables médicaments. Cela va sans dire.
Il y a des discussions autour de ce sujet : le chmirat Chabbat Kehilkhata interdit les vitamines le Chabbat au même titre que les médicaments, tout en précisant que dans les endroits où l’on prend des vitamines à chaque repas, certains autorisent, dans la mesure où ces vitamines sont en quelque sorte un complément alimentaire à chaque repas et non une manière ponctuelle de se renforcer.
Le rav Moché Feinstein fait (3, 54) une différence entre des vitamines qui guérissent et vitamines qui renforcent, ces dernières étant autorisées (même d’après le Maguen Avraham).
Le Avnei Yashfé (2, 33, 2) et le Az Nidberou , ont des réserves sur cette différence qu’établit le Rav Moché Feinstein. Nous n’allons pas exposer ici le contenu des arguments de leurs réponses, cela serait trop complexe.
Donc finalement, pour être en phase avec l’ensemble des décisionnaires, il vaut mieux éviter. C’est aussi l’avis strict de Rav Chlomo Zalman Auerbach, du Az Nidberou du Rav Zilber, ‘Hout Shani (89, 2), Avnei Yashfé au nom de Rav Elyashiv. On peut retrouver ce même avis du Rav Eliachiv dans dans Ashrei haïsh. Le Rav Vozner dans Shévet halévy (8, 82) Mishné Halakhot (4,51) et encore bien d’autres.
Mais il reste difficile de dire que c’est interdit à Shabbat de prendre des vitamines lorsqu’on est en parfaite santé.
D’une part, comme dit plus haut, il y a l’argument du Rav Akiva Yossef Schlesinger (I, §122), d’autre part, il ne faut pas oublier que le Choul’han Aroukh lui-même autorise si ce n’est pas pour guérir.
Et certains décisionnaires contemporains autorisent : Le Igrot Moshé et le Beer Moshé. Voir aussi Tshouvot Vehanhagot (5, 94, 1)),le Tsits Eliezer (14, 50),Rav Sternbuch dans Tshouvot Vehanhagot (3, 104) le Or Letsion (2, 36, 10).
Le Avnei Yashfé ajoute une permission dans le cas où l’abstention de prise de vitamines dans le cadre d’un traitement débuté avant Shabbat ferait en sorte que le traitement perdrait son intérêt. Dans ce cas, même le Rav Elyashiv permettait.
(Je tiens tous ces mékorot d’une réponse du Rav Wattenberg.)