Question :
une femme ashkénaze mariée
Réponse :
La question a maintes fois été traitée par les décisionnaires et l’on peut dire que la loi qu’ils préconisent est que la femme suive les usages de son mari. En clair, dans notre cas, qu’elle procède à une annulation de Nédarim pour annuler ce qui était jusqu’à là son usage, celui de s’abstenir de manger du riz et des Kitniyot à Pessa’h.
Il y a un long développement sur ce point dans l’ouvrage Erets Hah’ayim (Klal 24 dans le Kountrass Hakélalim). Il développe d’abord les différences d’usages de manière générale et avance qu’il n’y a pas de problème de Lo Tidgodédou, c’est-à-dire qu’il n’y a pas à craindre l’interdiction de former des clans. Chacun peut respecter ses usages, ashkénaze ou sépharade. On peut même souligner ce qu’avance le Pnim Méirot (partie 2, fin du chapitre 120), à savoir que là où il y a divergence d’opinion entre Maran (RabbiYossef Karo) et le Rama, chaque lieu doit respecter la halakha selon qu’il soit sous l’influence de l’un ou de l’autre. Et celui qui indique la halakha selon Maran là où c’est le Rama qui est en vigueur, ou inversement, devra faire Téchouva et obtenir pardon et rachat.
Le Maharachdam (Yoré Déa 153) également cautionne le fait que dans des villes où vivent des communautés sépharades et achkénaze, certains ne mangent pas chez d’autres en certaines occasions. Ce n’est pas grave, chacun a le droit de respecter ses coutumes.
Mais, comme dit au début de cette réponse, ces mêmes Posskims précisent que lorsqu’un couple marié est formé par deux personnes appartenant à des communautés d’usages différents, la femme rejoint les usages de son mari.
Certains rapportent l’histoire de Rabba Bar Bar ‘Hana (Pessa’him 51a) de laquelle il ressort qu’on a dû trouver une justification pour permettre à cet émient maitre de consommer un aliment qu’on ne consommait pas à Bavel. De là on peut en déduire que sans circonstances particulières, celui qui consomme un aliment qui est par ailleurs interdit chez d’autres, ne pourra pas consommer cet aliment chez eux ! Mais, sans entrer dans les détails de cette Guémara, on y apprend également que là où il y a subordination, les uns peuvent imposer leur usage aux autres. Or, dans le cas d’un mari et d’une femme, celle-ci est censée être au service de son mari et doit donc suivre ses usages.
Le Min’hat Its’hak va dans le même sens (tome 4 chapitre 83). Après avoir montré qu’un nouveau venu dans une ville est considéré comme habitant de celle-ci à tous les niveaux à partir de 12 mois, ou même à partir de l’achat d’une résidence, parce qu’il est patent qu’il compte maintenir sa résidence dans ce lieu, il en va de même, en quelque sorte, concernant la femme qui se marie. En se mariant elle montre évidemment qu’elle compte vivre de manière fixe avec l’époux de son choix et doit donc se soumettre dès le début à ses usages.
Le Rav Moché Shterenboukh (tome 1, chapitre 304) a été interrogé à propos d’une femme qui, dans sa jeunesse, avant son mariage, ne mangeait pas de Chérouya, c’est-à-dire de Matsa trempée dans un liquide (comme un bouillon etc.) à Pessa’h. Etant mariée à présent avec un conjoint qui n’a pas cette coutume, que doit-elle faire ?
Or il est évident, pour l’auteur, qu’il faille distinguer entre ce qui relève de véritables usages faisant figures de lois ou presque, et de simples habitudes dont chacun sait qu’elles ne sont que des coutumes. Concernant la matsa trempée, dit-il, il est évident qu’elle ne constitue pas du ‘Hamets même lointainement. La preuve en est que beaucoup en consomment le dernier jour de Pessa’h ! c’est bien que ce n’est pas considéré comme du ‘Hamets.
La jeune fille pourra donc, poursuit le Rav Shterenboukh, adopter les facilités de son mari, sans même devoir procéder à une Hatarat Nédarim. A moins que la raison pour laquelle elle avait adoptée cet usage n’était pas le fait qu’elle vivait chez es parents mais bien parce qu’elle considère la Matsa trempée comme du ‘Hamets ou presque. Dans ce cas, elle devra faire une Hatarat Nédarim pour pouvoir changer de coutume !
Quoi qu’il en soit, dans le cas des Kitniyot, puisqu’il s’agit de véritables interdits que les gens prennent sur eux (meme s’ils savent que ce n’est pas du ‘Hamets) et qu’il s’agit d’un usage très fortement ancré dans les communautés ashkénaze, il semble que les décisionnaires s’accorderont à dire qu’il vaut mieux une Hatarat Nédarim.
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