Réponse :
Le Rav Mordekhay Eliahou, dans ses Responsa, rend les Mayim A’haronim obligatoire pour les hommes comme pour les femmes.
Les Sages disent (Guémara de Erouvin 17b) que se laver les mains à la fin du repas est une obligation. La raison est qu’il y a du sel particulier (Méla’h Sdomit) qui pourrait aveugler, ‘Hass Véchalom. Rachi explique qu’il y a une recommandation de manger du sel, et à cause du sel dans lequel la personne a trempé son doigt, il a été institué Mayim A’haronim.
La Guémara de ‘Houlin (105a) explique quant à elle qu’il s’agit, en se lavant les mains, de se laver des saletés.
Quant à Tossefot, ils expliquent (Erouvin et ‘Houlin) qu’aujourd’hui nous n’avons plus l’usage de faire ces ablutions, et ce pour deux raisons : premièrement il n’y a plus ce type particulier de sel parmi nous. Deuxièmement, nous n’avons plus l’usage de tremper notre doigt dans le sel à la fin du repas.
Cette précision de Tossefot est à l’origine de l’abandon de Mayim A’haronim par beaucoup de communautés Achkénazes. Il est possible que les Séfarades arrivées en France aux alentour des années 60 aient été influencés par les ashkénazes déjà installés en France, et n’ont donc pas inculqué à la jeunesse cet usage. (Ce n’est qu’une hypothèse, il faudrait enquêter pour le savoir). Il y a également, semble-t-il, des personnes qui ne font Mayim A’haronims que le Chabbat. Il faudrait là aussi voir ce qui est à l’origine de cet usage, certes très peu répandu, dans la mesure où a priori il n’y a aucune raison de faire de différence entre les jours de semaines et le Chabat !). Il y a aussi des familles où seuls les hommes font Mayim A’haronims. Là aussi il faudrait chercher la raison qui a poussé à cette différence dans la mesure où ce n’est pas un type de Mitsva où les femmes ont un statut différend de celui des hommes).
Le Rambam (Brakhot 6,3) rend obligatoire ces ablutions, de peur que notre pain ne contienne ce sel particulier ou un sel semblable, c’est-à-dire ayant les mêmes propriétés.
Le Tour (O.H chapitre 181) tranche qu’il est nécessaire de se laver les mains y compris de nos jours, bien qu’il amène aussi l’avis de Tossefot exemptant nos générations.
Idem pour le Choul’han Aroukh : il tranche pour l’obligation de Mayim A’haronim, bien que rapportant ceux qui en dispensent. Mais il précise aussi que pour quelqu’un de délicat qui se lave systématiquement les mains après le repas, il le fera justement avant le Birkat Hamazon. Or, si l’on suit ce raisonnement, les femmes doivent être davantage concernées que les hommes par Mayim A’haronims, puisqu’elles sont davantage délicates que les hommes.
Le Michna Broura rapporte l’opinion du Gra qui considère qu’aujourd’hui il faut bel et bien procéder à ces ablutions, ainsi que l’opinion du Maguen Avraham au nom des Kabalistes, du Maharchal, et du Birké Yossef (‘Hida) qui va dans ce sens.
Le Kaf Ha’hayim (chapitre 181) rapporte plusieurs sources du Zohar et du Cha’ar Hamitsvot au sujet de l’obligation de Mayim A’haronim.
Quant à notre maitre et notre fierté le Ben Ich ‘Hay, il tranche en faveur de l’obligation de faire Mayim A’haronim de nos jours, et précise que cette pratique contient un grand secret y compris dans sa formulation verbale : « mayim a’haronim ‘hova » qu’on fera bien de dire avant de se laver les mains. Les raisons de cette obligation sont celles que nous avons mentionnées plus haut, à savoir le sel sédomite, la propreté, la saleté dû au sel, les considérations kabbalistiques.
Il faut préciser aussi que même si nous ne mangeons pas avec les mains mais avec une fourchette etc. il est impératif, selon la Kabala, de procéder à Mayim A’haronim. |