Question :
Le vendredi soir peut on faire Arvit de Chabbat avant le Plag ?
Réponse :
La réponse est non. On ne peut PAS faire Arvit avant le Plag.
Rappelons quelques généralités
La journée débute à la tombée de la nuit et s’achève le lendemain avec la sortie de trois étoiles : cette définition s’applique aussi bien au décompte des cent bénédictions qu’à la plupart des lois de la Torah. Ainsi, le dimanche à 23h00, par exemple, on considère que la journée du lundi à déjà commencé ; aussi, l’ensemble des bénédictions prononcées depuis le dimanche dans la nuit jusqu’au lundi au crépuscule seront à mettre au compte des bénédictions de la journée du lundi.
Envisageons le cas suivant : l’on fait entrer le Chabat plus tôt que l’heure indiquée sur les calendriers, c’est-à-dire le vendredi en fin d’après-midi, à partir de l’heure de Plag Hamin’ha. Dans un tel cas de figure, les bénédictions récitées lors de la prière du soir (Arvit), du Kidouch (la Sanctification du Chabat), du Birkat Hamazon (les Actions de grâce) entre autres, sont-elles à mettre au compte du Chabbat que l’on a fait entrer plus tôt ou bien de la journée du vendredi, étant donné qu’il fait encore jour ?
La même question se pose dans le cas inverse, à savoir si l’on retarde la sortie du Chabat jusqu’à une heure tardive : les bénédictions récitées seront-elles à mettre au compte du Chabbat (puisque l’on s’y trouve encore) ou bien du dimanche (puisque la nuit est déjà tombée) ? Dans ce dernier cas de figure, certains décisionnaires estiment qu’il convient de considérer les bénédictions comme faisant partie du Chabat . D’autres , au contraire, soutiennent que seule l’heure de sortie « officielle » fait foi et ce, même si l’on se considère soi-même encore dans le temps du Chabat puisque l’on en prolonge la durée.
Selon certains décisionnaires, il en ira de même dans le premier cas de figure : dès l’heure d’entrée de Chabbat, les bénédictions prononcées feront partie intégrante de Chabbat. D’autres pensent, au contraire, qu’elles compteront parmi les bénédictions du vendredi.
Revenons à votre cas :
si jamais c’est le seul minyan dans votre quartier/ville, alors vous pouvez et devez prier Arvit seul.
La seule source, à ma connaissance, sur laquelle s’appuyer pour prier Arvit avant le Plag est le Troumat Hadeshen.
On lui a effectivement posé la même question stipulant qu’outre les gens simples, de nombreux érudits participaient à ces offices.
On sent qu’il n’a pas vraiment trouvé d’appui pour justifier cette coutume, si ce n’est la faiblesse des fidèles ! il y avait la crainte, justifiée, que si l’on bougeait l’heure de Arvit pour la retarder, les gens allaient tout simplement cesser de venir à la synagogue et de prier.
Il rapporte que cette habitude s’est même retrouvée chez certains Gueonim (notamment Rav Hay Gaon) et qu’elle n’a jamais été décriée.
Cette techouva du Teroumat Hadeshen a servi de Smakh pendant des années à des communautés alsaciennes. Mais aujourd’hui, cela devient très rare de trouver des communautés qui s’appuieraient sur cette Téchouva. En fait, pour être plus précis, il y a un grand nombre de synagogues qui prient avant le plag, mais elles le font souvent par ignorance. Ou alors, ils le savent sans le savoir. Comme ils d’agit de communautés rurales ou éloignées des centres de densité religieuse, ils n’ont pas vraiment le choix car les fidèles arrêteraient de venir. Ils préfèrent garder la communauté plutôt que de la fermer pour des raisons d’horaires. Il est difficile de juger ce genre de synagogues, car on voit bien que le Troumat hadechen, s’il ne justifiait, du moins comprenait. Même de nos jours, le Rav Messas s’est montré compréhensif avec la communauté de son fils s’ils n’avaient vraiment pas d’autre choix !
On trouve des traces de coutumes semblables dans plusieurs sfarim anciens, mais ceci ne constitue pas un appui dans la mesure où de nos jours personne ne semble permettre de s’appuyer sur ce minhag critiqué de tous.
Comme l’écrit le Troumat Hadechen , les rabbins n’ont pas réussi à faire cesser cette habitude (« lo aya koa’h letalmidei ‘ha’hamim lifrosh eamon am mileïtpalel tfilat arvit velikro et shema beod ayom gadol »).
il faut regardez le Halakha Broura de R. David Yossefvolume 12 siman 233 halakha 5 pages 58 – 59 puis halakha 9 pages 75 à 81.
Cependant, le Rav Messas se montrait tolérant –si il n’était pas possible de changer les choses- c’est pourquoi je pense qu’il ne convient pas de créer une ma’hloket avec les vexations qui s’ensuivent.
Le Maguen Avraham (sur le Choul’han Arou’h o »h §53, sk. 26) écrit qu’il ne convient de se disputer pour aucune mitsva (ein leïtkotet baavour shoum mitsva).