Question :
Une personne allergique à la farine peut elle se contenter de manger un fruit pour le kidouch à la synagogue ?
Réponse :
Il faut tout d’abord rappeler ce que dit la Guémara (Pessa’him 101a) puis le Choul’han Aroukh (273) à savoir que Ein Kidouch Ela Bimkom Séouda. Autrement dit, lorsque l’on fait le kidouch, pour que celui-ci soit effectif, il faut qu’il soit suivi (au même endroit) d’un repas. Par repas, il ne faut pas entendre un repas au sens propre du terme, mais toute consommation qui vient apaiser la faim et nourrir la personne. Nous y reviendrons. On apprend cette halakha du Navi, Vékarata Lachabat ‘Oneg. « Tu clameras le Chabbat : plaisir ! », que la Guémara interprète : là où il y a plaisir il y a Kidouch.
Le mieux (si on ne passe pas à table directement mais que l’on consomme une petite colaaltion, par exemple lorsqu’il y a un kidouch à la synagogue), est de consomer une quantité suffisante (un kazait) de l’un des cinq céréales, par exemple un gateau à base de blé, de sègle, etc.
Si ce n’est pas possible, on autorise à boire du vin. Selon certains, le vin du kidouch en quantité suffisante (Réviit) peut faire office de consommation, mais selon d’autres il faut boire un Réviit de vin en plus de celui du Kidouch. S’il est possible de suivre cet avis plus strict, on le fera. Il y a également un débat chez certains décisionnaires contemporains pour savoir si l’on peut boire du jus de raisin et pas du vin à proprement parler. Le Rav Chmouel Vozner, mais aussi quelques autres autorités, sont stricts à ce sujet. Si l’on ne peut pas boire du vin ou que cela est difficile, on peut tout à fait se reposer sur les avis plus indulgents.
Enfin, le Choulk’han Aroukh évoque la possibilité de s’acquitter de la Mitsva du Kidouch avec des fruits. Mais puisque cette possibilité est contestée par certains des Richonims, on ne se contentera de fruits qu’en cas de véritable nécessité, lorsque l’on n’a vraiment pas le choix. Et mémé cela, de préférence le matin et pas le soir, ou le Kidouch est plus rigoureux.
Concernant les dattes en particulier, la Guémara (Ktouvot 10) en décrit les propriétés et le Pri Méguadim en a déduit qu’ils nourrissent et qu’ils peuvent faire office de Séouda. Mais d’autres décisionnaires, comme le Tossefet Chabat, ramené par le Kaf Ha’hayim, disent que certes les dattes nourrissent mais ne rassasient pas. Certains parlent même d’une erreur de copistes dans le Maguen Avraham, apparemment à l’origine de cette décision indulgente.
Concernant des aliments divers qui ne sont pas dans la liste de ce qui peut faire office de nourriture pour le Kidouch mais dont certains prennent en tant que repas, le Yaabets autorise car pour la personne concernée cet aliment est considéré comme « son » repas.
C’est une nouveauté et le Rav Moché Feinstein dans Igrot Moché (O.H, 4, 40,25) ne manque pas de faire remarquer que cette idée ne figure nulle part, et qu’il s’agit là aussi peut être d’une décision malheureuse d’un élève qu’on a pris pour la décision du maitre. Cependant, certains se montrent sceptiques à refuser au Yabets cette décision, et font remarquer qu’elle figure ailleurs dans ses notes signées par le maitre, et qu’elle a même sa source chez certains Richonims.
Mais il y a des témoignages assez clairs de l’entourage du ‘Hazon Ich qui disent que celui-ci aurait autorisé au Rav Moché Solovetchik de manger des légumes pour le Kidouch, alors que celui-ci était malade et que son médecin lui avait interdit toute autre alimentation. Certains disent qu’il lui avait recommandé d’écouter le Kidouch de la bouche d’un tiers, mais ce n’est pas certain.
La logique, là aussi, est que pour une personne malade certains aliments constituent l’essentiel de son alimentation et que cela revient, pour les autres, à consommer du pain du des gâteaux.
Au final, des personnes qui le peuvent ne se contenteront pas de fruits pour le Kidouch, mais ce dont des allergies ou des recommandations importantes commandent de ne pas manger de céréales et de ne pas boire de de jus de raisin, pourront se rabattre sur ce qu’ils ont l’habitude de manger en semaine.