Réponse :
Introduction
Le Rav Mordekhay Eliahou évoque ce sujet dans ses ouvrages. Mais quelques mots d’explications.
Pendant la cuisson dans le four, des vapeurs s’échappent et sont absorbées par les parois du four. Ensuite, lorsqu’on va cuire un autre aliment dans le four, ces mêmes vapeurs absorbées précédemment vont être rejetées et absorbées dans les aliments cuits présentement dans le four.
C’est la raison pour laquelle durant le reste de l’année nous n’utilisons pas le même four pour les aliments de lait et de viande, à cause de ce problème, entre autres.
Cachérisation en général
Or, la manière de cachériser un ustensile correspond à la manière dont il a absorbé les substances problématiques. Le mode de Cachérisation d’une marmite est donc la Hag’ala, l’immersion de la marmite dans un très grand ustensile contenant de l’eau bouillante qui se trouve encore sur le feu. Grâce à la Hag’ala, la marmite va rejeter le goût des aliments interdits qu’elle a absorbé auparavant.
Rabbi Yossef Karo écrit dans le Choul’han ‘Aroukh (chap.451) que les ustensiles qu’on a utilisé directement avec le feu (donc sans liquides), ont pour procédé de Cachérisation le feu lui-même à savoir la méthode du Liboun. Par exemple : des grilles ou des broches que l’on utilise avec le ‘Hamets directement sur le feu, il faudra pour les Cachériser les passer à la flamme, jusqu’à ce qu’ils deviennent rouges.
Le four
Or le problème est que le four, on ne peut pas le passer aux flammes, ce serait dangereux et abimerait le four.
Il faut préciser que de nos jours on n’utilise pas vraiment les parois du four mais plutôt les plaques du four. Les parois, elles, absorbent plutôt les vapeurs dues à la cuisson. Et puisque le four n’a absorbé le goût des aliments qu’au moyen de la vapeur, son mode de Cachérisation devrait être son réchauffement à la température maximale, et cela devrait suffire pour le Cachériser.
Mais en réalité, cela fait l’objet d’une divergence d’opinion parmi les décisionnaires :
Des décisionnaires considèrent que les fours actuels nécessitent eux aussi un procédé de Cachérisation par le feu, et par conséquent ils interdisent d’utiliser le four pour Péssa’h, ils achètent un four spécifique pour Péssa’h.
Selon d’autres, il est également très difficile dans la pratique de nettoyer correctement un four de la moindre particule de ‘Hamets, et ils imposent eux aussi de ne pas utiliser le four pour Péssa’h, sauf s’il s’agit d’un modèle de four « Pyrolyse », mais ils interdisent les autres modèles de fours habituels.
Mais dans la pratique, selon le strict Din, concernant un four ordinaire, certains autorisent : le nettoyer très efficacement, et ne pas s’en servir durant 24 heures. Puis, l’allumer à la température maximale et le laisser chauffer durant environ une demi-heure.
Autre problème à ne pas négliger : celui de la vitre extérieure de l’ouverture du four. Son matériau n’est pas aussi simple qu’il puisse paraitre. Il donne l’impression d’être composé de verre classique, mais cela est évidemment impossible, sinon il exploserait à forte température. Il est fort probable que ce matériau ne soit donc pas cachérisable, et c’est une raison de plus de s’abstenir d’utiliser le four ‘hamets à Pessa’h. Même si, comme nous l’avons écrit, certains autorisent, et qu’il semble, avec certaines précautions, que l’on puisse se reposer sur eux s’il n’est pas possible de faire autrement.
En revanche, il faudra passer les plaques du four à la flamme jusqu’à rougissement. Il est d’usage d’utiliser des plaques spécifiques pour Péssa’h, ou bien des plaques jetables. Certains décisionnaires autorisent à les immerger dans la Hag’ala.
Toutefois, pour plusieurs raisons, notre maitre le Rav Eliahou n’autorise pas la cachérisation a priori des fours à Pessa’h. Il est donc fortement conseillé d’avoir un four pour pessa’h ou de trouver une solution de dépannage. |