Réponse :
Il apparaît de la guémara que les Birkot Hacha’har sont dites en fonction des expériences que l’on vit au matin et qui nous font prendre conscience des bienfaits que Hachem nous envoie chaque jour. Mais est-ce bien obligé de réciter les Brakhots au moment où l’on vit ce bienfait ? de certains Richonims il en ressort que oui (Roch), d’autres que non. Selon ces derniers, la Brakha a pour objet les bienfaits dont bénéficient les hommes en général et pas seulement ce que vit chacun subjectivement.
Dans la pratique, bien que notre maitre à tous le Choul’han Aroukh ait rapporté l’usage de dire les Brakhots en fonction des actes et des phénomènes au lever, l’usage adopté par tous les juifs est de dire les Brakhots d’une traite, comme constituant en quelque sorte le début de la Téfila. Beaucoup même, disent les Brakhots à la synagogue. Cet usage est généralement expliqué par la volonté de faire participer des gens simples et non instruits qui n’auraient pas fait les Brakhots chez eux s’ils ne les entendaient pas à la synagogue.
Ceci est important pour comprendre le débat autour de celui qui était Onen, et qui, une fois que son proche a été enterré, souhaite dire les Birkots Hacha’har, qu’il ne pouvait pas dire avant.
Selon certains Poskims, je crois savoir, une minorité de Poskims, une fois le temps optimal des Birkots Hacha’har passé, cela n’est plus rattrapable. Il aurait fallu pour pouvoir dire les Birkot Hacha’har tout au long de la journée, qu’au matin même la personne soit astreinte à ces Brakhots. Après, si elle ne les a pas dites, elle pourra se rattraper par la suite. Mais dans le cas de figure du Onen, celui-ci n’était pas astreint à ces Brakhots au moment véritable de leur récitation, et donc il en sera dispensé par la suite. On trouve une situation similaire, selon ses décisionnaires, dans le cas de celui dont l’infirmité au niveau des membres lui permettant de se déplacer ne lui ont pas permis d’aller apparaitre et offrir son sacrifice de pèlerinage à au Beth Hamikdach, et qui même s’il le peut le deuxième jour, a en quelque sorte perdu sa Mitsva. La logique est la même : étant donné qu’au moment du début de l’obligation la personne était dispensée de la Mitsva, ce n’est plus rattrapable par la suite.
Certains maitres ont voulu apprendre de ce cas une dispense de la Havdala pour celui qui était, à la sortie de Chabbat, en situation de Onen : puisqu’il ne pouvait pas dire la Havdala, son mort n’ayant pas encore était enterré, il ne devra pas dire la Havdala par la suite.
Mais cette logique est loin de faire l’unanimité, comme le montre et le défend notre maitre Rabbi Yossef Hayim de Bagdad dans sa Responsa Rav Péalim. En effet il y a une différence majeure entre le cas de celui qui souhaite monter au Beth Hamikdach dans le cadre d’une des fêtes de pèlerinage. Dans ce dernier cas, il est admis que la véritable Mitsva, en quelque sorte, se réalise uniquement le premier jour. Celui qui l’accomplit les jours suivant, réalise aussi la Mitsva, mais dans le cadre de ce que l’on appelle Tachloumin, c’est-à-dire des jours de remplacement qui ont été donné à celui qui ne peut pas monter le premier jour.
C’est pour cela que pour savoir si une personne est soumise oui ou non à cette Mitsva du Beth Hamikdach, il faudra déterminer uniquement s’il était soumis à cette Mitsva le premier jour ou pas. Si c’est le cas, alors oui, il pourra se rattraper pendant les jours de Tachloumin, c’est-à-dire pendant les jours de rattrapage.
La situation du Onen qui doit faire la havdala est bien différente : son ‘hiyouv, c’est-à-dire son obligation de Havdala, n’est pas uniquement à la sortie précise de Chabbat : en réalité, il s’agit d’une seule obligation qui se prolonge dans le temps et même les jours suivants, et ce jusqu’au mardi, jour limite pour effectuer la havdala.
En conclusion, nous retiendrons l’avis de Rabbi Yossef ‘Hayim de Bagdad pour qui il faut, comme précisé, séparer les cas. Dans celui des Birkots Hacha’har, il pourra effectivement dire les Birkots Hacha’har jusqu’au soir.
En revanche, le Rav Péalim s’oppose à ceux qui permettent de dire les Birkot Hacha’har y compris la nuit, jusqu’au coucher. Selon lui, la nuit tombée, on ne peut plus dire les Birkots Hacha’har, et ce jusqu’à ‘Hatsot où on peut dire les Brakhots du lendemain. Cela, parce que ces bénédictions ont été institués en regard de bienfaits dont nous jouissons essentiellement le jour. |