Question :
J’ai coupé avec un couteau « bassari » une viande chaude. Ensuite j’ai coupé avec ce même couteau un oignon et de l’ail. Puis je mettre ces légumes avec du poisson ?
Réponse :
Ce problème a été traité par les décisionnaires. Voir le Divré Bénayahou tome 31 chap. 61. Les lignes suivantes sont inspirées de cet ouvrage.
La halakha considère que manger de la viande et du poisson constitue un danger, celui d’attraper à D. ne plaise la Tsaraat. Qu’importe si ce danger est validé ou nom par les médecins et les scientifiques, les Sages savent ce qu’ils disent, d’autant plus qu’il est possible qu’ils aient eu des raisons cachées que nous ne connaissons pas. Il est possible que le danger en question soit davantage du type « séguoula » que rationnel. Quoi qu’il en soit, on trouve dans la littérature rabbinique que de nombreux médecins ont confirmé ce danger. Or les Sages disent « ‘hamira sakanta miissoura », c’est-à-dire qu’il faut se montrer davantage prudent face au danger que face à l’interdit purement « religieux ». La question est : quelle est l’étendue de cette interdiction ? est ce que l’absorption de gouts invisibles à l’œil nu pose aussi problème, comme c’est le cas généralement pour les interdits alimentaires ?
Le Issour Véheter (principe 39, 26) autorise à cuire dans un ustensile où l’on a cuit de la viande le jour même, du poisson, et inversement. Ainsi tranche aussi le Yam Chel Chélomo (‘Holin 8,9). Le transfert de « gouts » absorbés par les parois de la marmite n’est pas interdit. Seul le mélange d’éléments concrets et visibles de viande et de poisson sont interdits au titre de chose « dangereuse pour la santé ». C’est aussi l’avis du Taz (95,3) ou du Knésset Haguédola (116,18) et de nombreux autres décisionnaires. En cela ils s’opposent d’ailleurs au Tour (YD 14,10) qui exige de réserver des couverts et ustensiles différents pour le poisson et la viande.
C’est la raison pour laquelle les décisionnaires ont autorisé la consommation de pain ou autre produit, cuits dans un four ou se trouvait de la viande, avec du poisson. Bien que le four se soit imprégné des vapeurs générées par la viande, le pain n’a pas absorbé la viande elle-même. Cf. Kaf Ha’hayim.
Certes le Chout Mékor Baroukh (chap. 8) s’est montré strict concernant l’absorption des ustensiles de cuisson, mais il n’a pas été suivi.
Cf. également le Rav Vozner dans Chevet Halévy (tome 6, 101) au sujet d’une machine à broyer la viande qui s’interroge si l’on peut se servir de cet engin pour du poisson, lorsque le mixage de la viande s’est accompagné d’éléments piquants comme l’ognon. Il tend à se montrer strict car les choses piquantes accompagnés de l’action de la lame du couteau entrainent la libération de particules de viande. Mais il précise qu’on peut se montrer indulgent parce que concernant le danger du mélange viande/poisson, selon certains, ce n’est que la présence matérielle de viande qui pose problème. D’autre part, il existe des opinions qui ne considèrent pas l’ognon comme un élément au gout fort et entrainant la libération de gout absorbé auparavant.
Si nous voulons résumer la réponse à notre question, en la mettant en perspective des contours généraux de l’interdiction, nous dirons :
– Il est interdit de cuire ou de griller de la viande et du poisson ensemble. C’est pour cela que si un morceau de viande tombe dans un plat de poisson ou vice versa il est nécessaire de l’annuler en ajoutant davantage du plat principal pour ne pas que l’élément tombé constitue plus de 1/60e du tout.
– En revanche, cuire l’un de ces deux éléments dans un ustensile où a été cuit le même jour l’autre élément est autorisé, du moment que l’ustensile était propre et ne contenait pas des résidus concrets de l’élément cuit.
– Si l’on a coupé avec un couteau de viande un oignon, on pourra mettre cet oignon dans un plat de poisson, il n’y a aucun danger. |