Question :
J’aimerais connaitre l’importance de la séouda chlichit. J’ai entendu qu’elle protège des souffrances qui accompagnent la venue du Machia’h, pourquoi ?
Réponse :
Le Rav Mordekhay Eliahou résume dans son sidour Kol Eliahou les principales halakhots de la séouda chlichit.
L’homme comme la femme sont tenus de faire la Séouda Chélichit, et il faut être particulièrement attentif au respect de cette Mitsva. C’est pour cela que la personne consciencieuse et intelligente ne mangera pas excessivement le matin pour avoir encore de l’appétit pour cette séouda. Cf. Choul’han Aroukh 291,1 et suite.
L’heure pour cette séouda débute à la sixième heure et demie, en heures halakhiques, donc une demie heure après la mi-journée. Si l’on mange avant cela, on n’est pas acquitté de cette séouda.
Il vaudra mieux prier Min’ha auparavant. Selon le Ari, c’est indispensable.
Il vaut mieux manger 56 grammes de pain au moins. Sinon, 28 grammes. Si ce n’est pas possible, on mangera des mézonots, comme des gâteux ou autres. Sinon (pour une personne faible etc.) on se contentera d’un morceau de viande ou de poisson. Si même cela est difficile, alors des fruits. Mais selon la kabala, il est très important de réaliser cette séouda avec du pain.
On prendra également deux pains, comme pour les autres séoudots.
Le Rav Eliahou tranche que si l’on a commencé la séouda dans les dix minutes avant la Chkia il faudra terminer à la Chkia pour pouvoir continuer la nuit. (cela se base sur le Ben Ich ‘Hay qui parle d’une demi-heure avant la nuit, or la nuit ici s’entend comme environ 13 minutes après la chkia. Il est donc vraisemblable que le Rav Eliahou ait réduit la demi-heure du Ben Ich ‘Hay, mais j’ignore pourquoi) Mais si on a commencé avant, alors on peut prolonger la séouda même bien après la sortie des étoiles. (Cf. Ben Ich ‘Hay Vayétsé 18).
Enfin, une précision : bien qu’il termine sa séouda la nuit, il devra insérer dans le birkat hamazon « rétsé ». Si motsé chabbat est aussi un jour de ‘hodech, on finira la séouda avant la chkia, pour ne pas entrer dans le doute de savoir si l’on doit dire rétsé alors que c’est roch ‘hodech, ou dire yaalé véyavo alors que c’est le birkat hamazon de chabbat, ou dire l’un sans l’autre ou l’autre sans l’un. Dans le cas où il a malgré tout mangé alors qu’il fait déjà nuit, il fera rétsé mais pas yaalé véyavo, cf. Ben Ich ‘Hay.
Il est effectivement dit que celui qui mange trois repas le Chabbat est sauvé des douleurs qui accompagnent la venue du Machia’h.
Le Rav Avigdor Miller explique le sens de cette maxime :
Le processus que va traverser le peuple juif lorsque le Machia’h va venir ressemble à un accouchement. De la même manière que lors de l’accouchement, qui annonce la venue d’une nouvelle vie, il y a des souffrances, qui annoncent cette venue, ainsi e est-il de la venue du Machia’h, accompagnée de souffrances.
Evidement, les souffrances ne sont pas un but en tant que tel, ils viennent nous apprendre quelque chose.
En fait , ce qu’indique la guémara, c’est que nous pouvons être épargné de ces souffrances si nous apprenons le message qu’elles génèrent d’une autre manière. Par les repas de chabbat.
Lorsque nous sommes attablés le chabbat, devant nombres de mets succulents, à quoi devons-nous penser ? la plupart des gens pensent au plaisir que procurent ces mets, donc à leur profit personnel. Mais en réalité, le message que nous devons tirer, c’est que tout cela provient d’Hachem, qui a tout créé, et lier notre intellect à notre plaisir, pour finalement « délecter d’Hachem », comme le dit le Messilat Yécharim.
Si nous arrivons à retirer le voile que crée la matérialité, pour se rapprocher d’Hachem, nous nous approchons du Machia’h. L’attrait pour les plaisirs brouille notre conscience. Il s’agit de retrouver la lumière de la vraie réalité. C’est ce défi qui nous est lancé lorsque nous « profitons » des plaisirs du Chabbat.
Celui qui arrive à prendre conscience réellement qu’il n’y a de véritable monde que la volonté d’Hachem, lorsqu’il mange à la table du Chabbat, celui là n’aura pas besoin des souffrances du Machia’h pour le lui rappeler. C’est cela que l’on attend de nous aux repas du Chabbat.
Il est donc impératif de comprendre que la Séouda Chélichit ne doit pas être réalisée comme un fardeau ou une contrainte mais plutôt comme une occasion d se rapprocher d’Hachem au travers les plaisirs de la table. |