Q: Y-a-t-il un problème de Bichoul Akoum dans la purée en flocons de pomme de terre?
R: il faut d’abord expliquer le processus de fabrication de ces flocons de pomme de terre. Les pomme de terre sont épluchées et cuites complétement jusqu’à ce qu’elles soient consommables, puis elles sont écrasées avec un assortiment d’épices jusqu’à obtenir une purée lisse et légèrement humide. Puis cette purée suit un processus de déshydratation et de découpage jusqu’à obtenir des flocons lyophilisés. Ces flocons ne sont pas consommables tels quels, mais uniquement si on verse dessus de l’eau chaude: en quelques instants la purée est prête à être consommée. La question se pose de savoir si la première cuisson opérée à l’usine est considérée comme la cuisson principale, car c’est vraiment elle qui rend les pomme de terre crues aptes à la consommation, et le séchage n’est qu’une « congélation » de cet état que l’eau chaude que l’on verse à la maison vient en quelque sorte réveiller; ou bien on considère que la lyophilisation annule la première cuisson car les flocons ne sont plus consommables tels quels et la dernière cuisson à la maison, bien qu’instantanée est la principale. Ainsi si on Goy a cuit les pommes de terre à l’usine et qu’un Juif a versé de l’eau chaude sur les flocons à la maison, d’après la première hypothèse s’est interdit à cause de Bichoul Hakoum, tandis que d’après la deuxième hypothèse cela est permis; si c’est le contraire, dans la cas par exemple ou un employé à domicile Non-juif prépare de la purée à partir de flocons cachers, alors ce sera l’inverse.
Le Bet Yossef rapporte une controverse entre le Roch et le Rachba quant à un aliment cuit par un non Juif jusqu’à un tiers de sa cuisson et dont la cuisson a été terminée par un Juif, d’après le Rachba l’aliment reste interdit mais pas d’après le Roch car le Non-juif n’a pas effectué une cuisson complète et l’aliment n’est consommable que difficilement. Le Choul’han Arou’h tranche comme le Rachba mais s’appuie sur l’avis du Roch en cas de force majeure.
Le Maharil écrit que l’on ne peut cachériser du pain cuit par un Goy en le faisant bouillir par un Juif. Le Rav Yossef Karo quant à lui écrit que des grains de blé cuits par un Non-Juif puis séchés jusqu’à ce qu’ils ne soient plus consommables peuvent être consommés par un juif si ils ont été cuits une deuxième fois par un Juif. Ceci est valable même d’après l’opinion du Rachba, car les grains de blé ont été séchés entre temps. Le ‘Hida, ainsi que le Rav Efraïm Zalman Margouliot, ont compris que le Bet Yossef permet même si ce n’est pas un cas de force majeure. Le Rav Wozner explique qu’ici que les grains de blé ont été séchés, la première cuisson a complétement disparue et cela est diffèrent du cas du Choul’han Arou’h où il permet seulement en cas de force majeure.
Le Rav Mordé’hay Eliyaou Zatsal pense que l’on ne peut comparer le cas du Avkat Ro’hel avec celui des fécules de pomme de terre qui ont été cuites entièrement par le Goy, elles restent donc interdites même si un Juif verse de l’eau chaude dessus.
Chout Maharil 165
Avkat Ro’hel 30
Choul’han Arou’h Yoré Dea 113, 9; Chiyouré Bra’ha Yoré Déa 113, 13; Yad Efraïm 12
Chévet Halévy vol. 2, 45
Chémech Oumaguen Yoré Déa vol. 2, 44
Choul’han Méla’him vol. 1, 2, 5, 2