Q: Par erreur la personne qui devait monter au Sefer Torah a commencé à reciter la bénédiction d’après la lecture de la Torah, Acher Natan Lanou, avant la lecture. Que doit-t-il faire?
R: Nos Sages ont institué deux bénédictions lors de la montée à la lecture de la Torah: « Acher Ba’har Banou… », qui nous a choisi parmi les nations, avant la lecture, puis « Achar Natan Lanou… », qui nous a donné sa Torah, après la lecture. A priori, il faut très attention de reciter la bénédiction adéquate avant et après la lecture et de ne pas les inverser. Le Maharil rapporte le cas d’une personne qui s’est trompée et qui a récité par erreur la bénédiction Acher Natan Lanou avant la lecture de la Torah et le gronda jusqu’à ce que celui-ci recommença la bénédiction correctement. Le Maté Moché ainsi que le Elya Rabbah et le Chaaré Ephraïm approuve cette opinion. Cependant le Rav Yssa’har Eilinburg contredit l’opinion du Maharil dans son responsa Beer Cheva. En effet celui -ci raconte que lorsqu’il se trouva à Neustadt à côté de Nuremberg, il se produisit lors de la lecture de la Torah un cas similaire à celui du Maharil. Le Beer Cheva se basant sur la décision de Maharil, ne se suffit pas de le faire revenir en arrière, mais lui fait reciter la bénédiction de façon correcte depuis le début, car il avait commencé la bénédiction dans l’intention de la terminer différemment, on ne peut donc réutiliser en quelque sorte la première partie de la bénédiction pour une autre bénédiction, même si cette partie est identique pour toutes les bénédictions. Cependant lorsqu’il rentra chez lui, il se rendit compte que cette décision ne faisait pas l’unanimité parmi les décisionnaires. En effet si lors de la bénédiction du Yotser quelqu’un s’est trompé et à commencer le matin la bénédiction du soir, il suffit de se reprendre et de corriger, sans avoir à recommencer depuis le début. De plus les deux bénédictions de la Torah se termine de manière identique: Barou’h Ata Hachem Noten Hatorah.
Le Maguen Avraham rapporte l’avis du Beer Chéva qui contredit l’opinion du Maharil et ainsi tranche le Rav Yaakov Israel Elgazi, le ‘Hida et le Kaf ha’haim. Le Michna Broura écrit au nom du Dére’h Ha’haim que si on n’a pas encore prononcé le Nom Divin de la fin de la bénédiction on se reprendra et on se corrigera en recommençant depuis « Acher Ba’har Banou ». Par contre si on a déjà prononcé le Nom Divin on terminera la bénédiction et on intervertira les bénédictions, c.-à-d. que l’on recitera après la lecture la bénédiction d’avant la lecture, celle de « Acher Ba’har Banou ».
Etant donné que c’est une Ma’hloket Haposkim, le Rav Zatsal s’appuie sur l’avis du Ritva concernant l’oubli de Yaalé Véyavo le soir de Roch ‘Hodech, qu’en cas d’oubli complet on n’a pas besoin de recommencer la Amida depuis le début, dans le cas où on en s’en rappelle après avoir prononcé le Nom Divin de la bénédiction « Hama’hzir Ché’hinato Létsiyon ». D’après le Ritva on dira Lamédéni ‘Houké’ha, qui est un verset des Psaumes (Téhilim 119) et l’on reviendra en arrière. De même dans le cas des bénédictions de la Torah si on s’en rend compte juste après avoir prononcé le Nom Divin mais avant d’avant conclut « Noten Hatorah », on dira « Lamédéni ‘Houké’ha » et on se reprendra depuis « Acher Ba’har Banou ». Mais si on a déjà terminé la bénédiction, on ne se reprendra pas car Safek Bra’hot Léhakel, on évite de multiplier les bénédictions en cas de doute et on recitera la bénédiction de « Acher Ba’har Banou » après la lecture de la Torah.
Minhagué Maharil, Kriyat Hatorah 3; Chout Beer Chéva 37; Maté Moché 234; Eliya Rabbah 140, 3; Maguen Avraham 139, 5; Chaaré Ephraïm 4, 16; Kaf Ha’haim 139, 22
Emet Léyaakov 57; LéDavid Emet 6, 57
Maamar Mordé’hay Chabbat vol. 2, 30, 31-35