On procède la veille de Pessa’h à la Bédikat ‘Hamets, la vérification du ‘Hamets. Quels sont les endroits qu’il faut vérifier? Avec quelle bougie et quelle bénédiction recite-t-on? Quel est le moment idéal pour la Bédika? Faut-il vérifier la maison si on passe Pessa’h à l’hôtel? Faut-il vérifier un entrepôt plein de marchandise?
Tags: Pessa’h, Bédikat ‘Hamets, bougie, entrepôt.
- Il faut nettoyer la maison et le lieu de travail avant la veille du 14 Nissan, ainsi que la cave et tous les endroits qui servent à entreposer, comme les armoires de la cuisine, de la salle de bain, la cour de la maison, la voiture privée et la voiture de fonction, les armoires et le réfrigérateur, et tout endroit que l’on utilise afin qu’il n’y est pas de risque qu’il reste du ‘Hamets dans la maison. Il faut également nettoyer et vérifier les poches des vêtements, en particulier les vêtements des enfants, les cartables et sac-à-dos de peur qui soit rester du ‘Hamets. D’après le Rambam le nettoyage est une obligation en soi, en plus de la vérification (Rambam Hil’hot ‘Hamets Oumatsa 2, 3; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Tsav 1)
- Chacun doit nettoyer avec le plus grand soin toute la maison afin qu’il ne reste aucune trace de ‘Hamets chez lui. Fameuses sont les paroles du Arizal que celui qui fait attention d’éliminer même à la quantité la plus infime de ‘Hamets, est sûr de ne pas fauter durant toute l’année (cf Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haim 447, 1; Béer Hetev)
- Il faut particulièrement faire attention au nettoyage de la cuisine, là où se trouve en permanence du ‘Hamets. Il faut donc nettoyer en profondeur le réfrigérateur, les armoires, etc… Apres le nettoyage, il est bon de recouvrir les étagères de papier. Si il y a des trous ou des interstices, on les bouchera avec de la colle, car même un grain de ‘Hamets qui se mélange à un plat l’interdit complètement, le ‘Hamets pendant Pessa’h ne s’annulant pas même dans mille fois son volume (contrairement aux autres interdits qui s’annulent dans soixante fois leur quantité).
- Il faut bien nettoyer les endroits où il est susceptible de trouver du ‘Hamets comme les plis du caoutchouc du réfrigérateur, les coins de la vitre du four, les coins du panier à pain. Il faut mettre ce dernier de côté en dehors de la cuisine.
- il faut nettoyer les Ma’hozorim des trois fêtes (en un seul volume) car on l’utilise également à Soukkot et Chavouot pour y reciter le Birkat Hamazon à table et il est possible qu’une miette de ‘Hamets soit tombée dans le Ma’hzor, et qu’elle tombe le soir du Seder dans le plat qu’il mange et consomme par erreur du ‘Hamets le soir de Pessa’h. C’est pourquoi il est bon d’avoir des Ma’hzorim spécifiques à la fête de Pessa’h.
- Il est bon de faire attention trente jours avant la fête de ne pas promener le ‘Hamets dans toute la maison et de superviser les enfants sur ce point (Choul’han Arou’h 436, 1).
Avant la Bédika
- On vérifie le ‘Hamets la nuit précédant la veille de Pessa’h. Il faut exécuter la Bédika immédiatement au début de la nuit, soit dix-huit minutes après le coucher du soleil, à la sortie des étoiles. C’est pourquoi il faut se dépêcher de rentrer à la maison juste après la prière de Arvit et de commencer tout de suite la Bédika (Choul’han Arou’h 431, 1-2 et commentateurs).
- il est interdit de commencer à manger un repas ou tout travail une demi-heure avant l’heure du début de la Bédika. On peut consommer par contre jusqu’à un Kabeitsa (56 grammes) de pain ou de gâteau; de même boire un thé ou café ou manger un fruit. Lorsqu’arrive l’heure de la Bédika il faut tout arrêter et la commencer immédiatement (ibid 2, Kaf Ha’haim 11; 15).
- Il est interdit de commencer à étudier la Torah une demi-heure avant le début de l’heure de la Bédika, et à plus forte raison étudier d’autres choses. Même celui qui a une heure fixe d’étude n’étudiera pas tant qu’il n’a pas procéder à la Bédika (ibid). Il ne sert à rien de mandater un Chomer, gardien pour rappeler de faire la Bédika. Si on a commencé à étudier avant cela, on arrêtera son étude une fois arrivée l’heure de la Bédika.
- On mettra de côté avant la Bédika le reste de ‘Hamets que l’on compte manger ou vendre le lendemain dans un endroit bien gardé. De même le ‘Hamets que l’on trouve lors de la Bédika et qu’il faut bruler le lendemain, on le déposera dans un endroit bien gardé afin qu’il ne se perde pas. Il faut le mettre dans un endroit que l’on verra le lendemain afin de ne pas oublier de le bruler (Choul’han Arou’h 434, 1).
Les dix morceaux de pain
- D’après le Arizal, il est bon que la femme de maison ou une autre personne (autre que celui qui vérifie) prenne avant la Bédika dix morceaux de pain de moins d’un Kazayit chacun, enveloppés dans du papier ou dans un sachet afin que le ‘Hamets ne se disperse pas, et de les cacher dans la maison. Il est bon d’écrire sur un papier les différents endroits où ont été cachés ces dix morceaux de pain afin de ne pas oublier où on les a cachés. Celui qui ne fait que récolter ces dix morceaux de pain et ne vérifie pas dans les fentes et les interstices n’a pas accompli la Mitsva de la Bédika et a quasiment récité une bénédiction en vain (Rama 432, 2).
- Si on n’a pas trouvé l’un des morceaux de pain, il faut revérifier la maison. Et si on ne l’a pas encore trouvé on l’annulera expressément lors du Bitoul, l’annulation du ‘Hamets (Kaf Ha’haim 431, 2).
- On brulera les dix morceaux de pain le lendemain avec le reste du ‘Hamets (Kaf Ha’haim 432, 31)
La bougie de la Bédika
- On ne procèdera pas à la Bédika avec une bougie de graisse ou une lampe à huile ni avec des bougies tressées afin de pouvoir vérifier correctement dans les failles et interstices sans craindre de prendre feu (Choul’han Arou’h 433, 2)
- On vérifie à la lueur d’une bougie en cire. Si on n’en a pas, un utilisera les bougies en paraffine que l’on trouve dans le commerce, ou tout ce que l’on trouve. On peut même utiliser une lampe torche électrique, en recitant la bénédiction d’après certains, d’après d’autres sans bénédiction. C’est pourquoi on allumera une allumette pour reciter la bénédiction et commencer la Bédika que l’on continuera avec la lampe torche électrique.
- On ne vérifiera pas avec une lampe électrique reliée par un câble à l’électricité, même si on peut la déplacer.
- Pendant la Bédika elle-même il est bon d’après la Kabbalah de transporter un plat avec du sel et un couteau (Ben Ich ‘Hay Tsav 6). Il est bon également de se munir d’allumettes ou d’un briquet au cas où s’éteindrait la bougie pour la rallumer sans interruption.
Les endroits de la Bédika
- Il faut vérifier toutes les pièces où a pu être introduit du ‘Hamets, même la cave et le grenier, le magasin ou la voiture. De même il faut vérifier les placards et le réfrigérateur où on garde du ‘Hamets. On vérifiera également les cartables des enfants, les sacs à main et sac à dos des hommes et des femmes, ainsi que les poches des vêtements des parents et des enfants, car on y met parfois des gâteaux et des bonbons. (Choul’han Arou’h 433, 3)
- Tout endroit où existe un risque qu’il y a était introduit du ‘Hamets doit être vérifié. C’est pourquoi il faut vérifier sous les lits, particulièrement dans une maison où se trouvent des enfants. (Kaf Ha’haim 433, 24)
- il ne faut pas répugner la Bédika, car suivant l’effort tel sera le salaire. (Ben Ich ‘Hay Chana Richona Tsav 3)
- Si il est compliqué pour une personne de vérifier tout seul tous les endroits qui nécessitent la Bédika, sa femme et ses enfants se tiendront à ses côtés au moment où il recite la bénédiction, ils l’écouteront et répondront Amen sans dire « Barou’h Hou Oubarou’h Chemo », puis ils se disperseront pour vérifier à la lumière d’une bougie chacun de leur côté. (Choul’han Arou’h 432, 2; Ben Ich ‘Hay ibid 5)
- Même si on a nettoyé et vérifié la maison le treize Nissan, il faut vérifier le quatorze au soir. (Choul’han Arou’h 433, 11)
- Une étable ou un poulailler où l’on donne des grains à manger aux animaux, n’a pas besoin d’être vérifié car il est possible que les grains n’ont pas fermenté et ne sont pas devenus ‘Hamets, et même si ils sont devenus ‘Hamets, il est très possible que les animaux les aient mangés et n’aient rien laissé. Par contre si on leur a donné des grains déjà fermentés, dans quel cas il n’y a plus qu’un seul Safek, un doute, si les animaux les ont consommés ou pas, cela n’est pas suffisant et il faudra vérifié l’étable ou le poulailler. (Choul’han Arou’h 433, 6)
- il faudra vérifier le quatorze au soir même les endroits que l’on vend au goy avec le ‘Hamets, car les rabbins en charge de la vente ne l’effectuent que le lendemain matin. Au moment de la Bédika il faut mettre tout le ‘Hamets au même endroit et on se fera un signe pour signaler où se trouve le ‘Hamets.
- Si on vend le ‘Hamets par l’intermédiaire de rabbins qui vendent le ‘Hamets le treize Nissan, il n’y a pas d’obligation de vérifier ces endroits. Tout cela à condition d’avoir loué la pièce où se trouve le ‘Hamets, mais si on a juste vendu le ‘Hamets tout seul, il faudra vérifier. Dans tous les cas on vérifiera au moins une pièce de sa maison ou une chambre où il résidera pendant les jours de Pessa’h afin d’accomplir la Mitsva de Bédikat ‘Hamets. (Choul’han Arou’h 436, 3)
- Entrepôt: une pièce qui doit être vérifiée et que l’on a rempli d’objets sans l’avoir vérifiée préalablement:
– Si on a l’intention de le débarrasser avant la date de la Bédikat ‘Hamets, on n’a pas besoin de se fatiguer et de le débarrasser pour le vérifier avant cette date.
– Si on a l’intention de le débarrasser pendant les jours de Pessa’h, il faut le débarrasser avant Pessa’h et le vérifier sans reciter de bénédiction, bien que cela engendre des dépenses et beaucoup d’effort.
– Si on a l’intention de ne le débarrasser qu’après Pessa’h, et que l’on a déposé les objets dans les trente jours précédant la fête, il incombe à la personne de vérifier la pièce, même a posteriori. Si on a oublié de vérifier, il faut le débarrasser immédiatement et le vérifier à la nuit tombée après s’en être rappelé.
– Si on a l’intention de ne le débarrasser qu’après Pessa’h et que l’on y a déposé les objets avant les trente jours qui précèdent la fête, on n’a pas besoin de se fatiguer à présent pour le débarrasser et le vérifier.
– Si on sait qu’il se trouve du ‘Hamets, il faut l’éliminer avant déposer des objets à l’intérieur. (Choul’han Arou’h 436, 1)
- Les Bet Haknesset et Bet Hamidrach (Synagogue et Maison d’étude) doivent être vérifiés par le gabay, le responsable de la synagogue. Bien que l’on les nettoie préalablement il faut les vérifier le soir du quatorze Nissan à la lumière d’une bougie, sans reciter de bénédiction. Il est bon de l’exécuter immédiatement après la Bédika de la maison et de s’acquitter de la bénédiction de cette dernière. (Choul’han Arou’h 433, 10)
- Livres: tout au long de l’année il faut faire attention de ne pas manger à côté d’un livre ouvert; si on n’a pas fait attention il faudra le vérifier page par page ou bien le mettre avec le ‘Hamets que l’on vend. On peut recouvrir les étagères de livres avec un nylon et d’écrire dessus qu’il y a un doute de ‘Hamets.
La Bédika et les bénédictions
- Horaire: il faut vérifier au début de la nuit. Si on a oublié, on vérifiera le restant de la nuit. Si on n’a pas vérifié la nuit, on vérifiera le jour, dans les mêmes conditions que la Bédika nocturne. Si on n’a pas vérifier avant Pessa’h, on vérifiera même après Pessa’h afin de ne pas manger par inadvertance du ‘Hamets qui a passé Pessa’h; on ne recitera pas de bénédiction sur cette Bédika. (cf Choul’han Arou’h 435)
- Si on n’a pas vérifié avant Pessa’h et que l’on n’a pas recite le Bitoul, lorsque l’on vérifiera pendant Pessa’h, on le fera avec bénédiction. (cf Choul’han Arou’h 435)
- Préparation: il est bon de se laver les mains sans bénédiction et sans ustensile avant la Bédika.
- On fera attention de ne pas écouter pendant la durée de la Bédika de la musique ou même des chants Kodech et des paroles de Torah, même concernant les lois de Pessa’h afin de ne pas se distraire de la Bédika. (Choul’han Arou’h 432, 1; Michna Broura 2)
- Avant de commencer à vérifier, il est bon de reciter le « Léchem Yi’houd », on recitera ensuite la bénédiction « Acher Kidéchanou Bémitsvotav Vétsivanou Al Biour ‘Hamets ». Et bien que l’on ne procède pas immédiatement à la destruction du ‘Hamets, on mentionne quand même le Biour ‘Hamets, car on annule juste après la Bédika le ‘Hamets dont on ne connait pas l’existence et on rassemble le ‘Hamets que l’on a trouvé pour le bruler le lendemain, ce qui constitue la destruction du ‘Hamets. (Michna Broura 432, 3)
- Si on a dit « Al Bédikat ‘Hamets » au lieu de « Al Biour ‘Hamets », on est quitte. (ibid)
- on ne s’interrompra pas entre la bénédiction et le début de la Bédika. Il est bon de ne pas s’interrompre du tout jusqu’à la fin de la Bédika, uniquement pour ce qui concerne celle-ci. (Choul’han Arou’h 432, 1 et commentateurs)
- Si par mégarde on s’est interrompu par une parole ne concernant pas la Bédika avant d’avoir commencé celle-ci, on dira « Barou’h Chem Kévod Mal’houto Léolam Vaed » et on refera la bénédiction. (ibid)
- Si on s’est interrompu par mégarde après avoir commencé la Bédika, on ne refera pas la bénédiction. (ibid)
- Si on s’est interrompu par une parole concernant la Bédika avant d’avoir commencé celle-ci, par exemple si la bougie s’est éteinte et que l’on a demandé à la rallumer, on ne refera pas la bénédiction. Cependant a priori il ne faut pas s’interrompre même par une parole de la sorte, si ce n’est après avoir commencé un petit peu la Bédika. (ibid)
- On en recite pas la bénédiction de « Chéé’hiyanou » avant la Bedikat ‘Hamets. Cependant si on a un nouveau fruit ou un nouvel habit, il est bon de reciter « Chéé’hiyanou » sur ce dernier et de penser à acquitter la Bédika également. Dans ce cas, on fera précéder la bénédiction de « Chéé’hiyanou » à celle de « Al Biour ‘hamets ». (Ben Ich ‘Hay Chana Richona Tsav 5)
- Avec une bénédiction on peut vérifier plusieurs maisons (Choul’han Arou’h 432, 2) et même si elles sont éloignées, le chemin entre elles n’est pas considéré comme une interruption (Kaf Ha’haim 432, 22; Michna Broura 7). Si il s’est écoulé un long moment et que l’on a était sujet à une grande distraction, il faut recommencer la bénédiction avant de vérifier d’autres endroits.
- Si on ne peut vérifier soi-même on peut mandater un émissaire qui vérifiera à sa place, et sa femme peut servir d’émissaire car il lui incombe à elle aussi de procéder à la Bédikat ‘Hamets (Choul’han Arou’h 432, 2). Même si son mari ne l’a pas mandatée et celui-ci se trouve hors de la maison au moment de la Bédikat ‘Hamets, elle peut réaliser la Bédikat ‘Hamets avec bénédiction.
Bitoul ‘Hamets: annulation du ‘Hamets
- Apres la Bédika, on annule immédiatement le ‘Hamets. L’annulation principale est dans le cœur afin de décider que tout le ‘Hamets qui se trouve dans son domaine est inexistant, n’a plus de valeur à ces yeux et est comme de la poussière ou comme quelque chose dont on n’a pas besoin (cf Rambam Hil’hot ‘hamets Oumatsa 2, 2). Nos Sages ont institué de sortir cette pensée de sa bouche, et de dire « Ko ‘Hamira… ». Celui qui ne comprend pas la signification de cette formule le recitera dans la langue qu’il comprend: « Tout ferment ou levain qui se trouve dans mon domaine que je n’est pas vu et que je n’ai pas détruit soit annulé et considéré comme la poussière de la terre. » A posteriori si on l’a recite en araméen et que l’on ne comprend pas cette langue mais que l’on en comprend la signification générale, on s’est acquitte du Bitoul. (Choul’han Arou’h 434, 2)
- On a l’habitude de reciter trois fois le Bitoul afin de renforcer la chose. Les Séfaradim ne mentionne pas le mot Hefker, abandon, mais uniquement « Livtil Véléhévé Kéafra Déara » tandis que les Ashkenazim disent: « Livtil Véléhévé Hefker Kéafra Déara ». (Choul’han Arou’h 434, 2; Michna Broura 8; Ben Ich ‘Hay Chana Richona Tsav 7; Kaf Ha’haim 28)
- On a l’habitude de reciter avant le Bitoul du soir et du matin le « Léchem Yi’houd » et le « Yéhi Ratson » qui figure dans le livre Lachon ‘Ha’hamim et imprime dans les Ma’hzorim dont le sujet est d’annuler le Yetser Harah qui ressemble au ‘Hamets.
- Il faut mettre le ‘Hamets qui reste après la Bédika de côté pour le repas du soir et du matin, en particulier dans une maison où habitent des enfants en bas âge. C’est pourquoi il faut couvrir le ‘Hamets et le ranger dans un endroit discret. Lorsque l’on mange du ‘Hamets le soir et le matin, on fera attention de le manger sans pas se promener avec le ‘Hamets afin de ne pas disperser des miettes, car si elles se sont dispersées, il faut recommencer la Bédika. (Choul’han Arou’h 434, 1)
- Certaines communautés ont l’habitude de bruler le panier ou l’on recueil les morceaux de ‘Hamets si on a rien trouve afin de ne pas oublier l’obligation de bruler le ‘Hamets. (Rama)