Le mois de Eloul, précédant le mois de Tichri annonce la venue des Dix jours de Pénitence. Il est marqué par de nombreuses habitudes comme la sonnerie du Chofar, les Séli’hot, la lecture des Téhilim et du Psaume « LéDavid Hachem Ori Véyichi », la Hatarat Nédarim, le déliement des vœux, ainsi que des jeunes. Retour sur les lois qui régissent ces coutumes.
Veille de Roch ‘Hodech Eloul
- Certains ont l’habitude de jeuner la veille de Roch ‘Hodech Eloul et organise un ‘Yom Kippour Katan’ afin de se préparer à la Téchouva, le repentir. Si Roch ‘Hodech tombe un Chabbat, on avancera le jeune au jeudi précèdent. (cf Kaf Ha’haim 581, 23; le Michna Broura 15 écrit que l’on a l’habitude de jeuner le premier jour des Séli’hot, le Dimanche avant Roch Hachana)
- Certains ont l’habitude de se rendre la veille de Roch ‘Hodech Eloul sur la tombe des Tsadikim, Justes pour y prier. Il faut faire attention de ne pas prier au Tsadik lui-même, mais de prier à Hachem qu’il écoute nos requêtes grâce aux mérites du Tsadik, ou de prier à côté de la tombe et de demander au Tsadik d’intercéder en notre faveur.
Délier les vœux
- Les Séfaradim ainsi qu’une partie des Ashkenazim ont l’habitude de faire la ‘Hatarat Nedarim’, délier les vœux la veille du Roch ‘Hodech Eloul, qui tombe quarante jours avant Yom Kippour, car tout celui qui prononce un vœu et ne l’accomplit pas est mis au ban, et la prière de celui qui est mis au ban n’est pas acceptée pendant quarante jours. C’est pourquoi on a l’habitude de procéder également à la ‘Hatarat Nédarim’ le 19 Av, soit quarante jours avant Roch Hachana, ainsi que la veille de Roch Hachana et la veille de Kippour. Le Kitsour Choul’han Arou’h (128, 16) écrit que l’habitude est de ne le faire que la veille de Roch Hachana. (cf Kaf Ha’haim 589, 12; 19; 99)
- Il y a une allusion à la ‘Hatarat Nédarim’ pendant le mois de Eloul des dernières lettres du verset (Bamidbar 30, 3): « Lo Ya’hel Dévaro Ké’hol », « il ne profanera pas sa parole, et accomplira tout ce qui est sorti de sa bouche » concernant celui qui a fait un vœu. (cf Kaf Ha’haim ibid 19)
Comportement lors du mois de Eloul
- Les quarante jours depuis le Roch ‘Hodech Eloul jusqu’au jour de Yom Kippour sont des jours appropriés à la Téchouva, au repentir plus que tous les autres jours de l’année car ce sont des jours de miséricorde et de bonne volonté. Bien que toute l’année, Hachem accepte le repentir de ses enfants, cependant ces jours sont prédestinés, car Moché Rabbénou monta sur le Mont Sinaï pour recevoir les deuxièmes Lou’hot, Tables de la Loi, et cette réception est un signe qu’Hachem a accepta la Téchouva des Bné Israel et leur a pardonné la faute du Veau d’or. Moché Rabbénou s’est attardé quarante jours au sommet du Mont Sinaï pour prier qu’Hachem pardonne au peuple d’Israel. Le jour de Kippour Hachem lui a dit: « Sala’hti Kidevaré’ha », « J’ai pardonné comme tes paroles » et lui a donné les deuxièmes Tables de la Loi. Depuis, ces jours ont été fixés comme jours de grâce, et le jour du dix Tichri comme jour du pardon pour Israel. (cf Taanit 30b Rachi Chanatnou)
- Le Arizal voit une allusion au repentir pendant le mois de Eloul dans le verset (Chémot 21, 12) : « Véhaélokim Ina Léyado Vésamti Lé’ha » (acrostiche du mot Eloul). Cela vient nous apprendre que le mois de Eloul est propice au repentir des fautes commises au cours de l’année; de plus il y a une allusion dans ce verset (qui parle de celui qui a tué par erreur) aux fautes commises Béchogueg, par inadvertance, sur lesquelles il faut également se repentir pendant ce mois, car un homme trébuche par inadvertance parce qu’il fait d’autres fautes intentionnelles. (Kitsour Choul’han Arou’h 128)
- Les Dorché Réchoumot enseignent : »Oumal Hachem Eloké’ha et Lévavé’ha Véét Lévav Zaréa’ha » (acrostiche du mot Eloul), « Et Hachem circoncira ton cœur et celui de ta descendance » (Dévarim 30, 6), allusion à la Téchouva; « Ani Lédodi Védodi Li » (acrostiche du mot Eloul), « Je serai pour mon aimé, et il sera pour moi » (Chir Hachirim 6, 3), allusion à la Téfila, la prière; « Ich Léréou Oumatanot Laévyonim » (acrostiche du mot Eloul), « des cadeaux l’un à l’autre et des dons aux pauvres » (Ester 9, 22), allusion à la Tsédaka, la charité. Tout ceci est une allusion qu’il faut multiplier le repentir, la priere et la charite pendant ce mois.
- Les Séfaradim ont l’habitude de commencer les Séli’hot dès le deux Eloul jusqu’à Yom Kippour. Les Ashkenazim commencent la semaine avant Roch Hachana.
- Pendant les Séli’hot certains Séfaradim ont l’habitude de sonner du Chofar lors de la récitation des Youd Guimel Midot, les 13 attributs divins. On sonne alors un Tachrat. D’autres le font pendant le Kaddich avant « Téanou Vétéatrou », et d’autres ne sonnent pas du tout.
- Les Ashkenazim ont l’habitude de sonner du Chofar depuis Roch ‘Hodech Eloul jusqu’à Yom Kippour. On sonne après la prière de Cha’harit, avant de reciter le psaume « LéDavid Hachem Ori Véyichi ». Certains sonnent depuis le premier jour de Roch ‘Hodech, d’autres à partir du deuxième. Si on n’a pas entendu le matin on l’entendra le soir (Tour 589, Michna Broura 3). D’après toutes les opinions on ne sonne pas la veille de Roch Hachana. (Kaf Ha’haim ibid 13)
- Les Ashkenazim ont l’habitude de reciter à partir de Roch ‘Hodech Eloul le psaume « LéDavid Hachem Ori Véyichi » (cf Midrach Vayikra Rabbah 21, cf Michna Broura 581, 2; 5). Certains le recitent le matin uniquement, d’autres à Min’ha également, et d’autres même à Arvit. Ceux qui suivent l’opinion du Gaon de Vilna ne le recite pas (Maassé Rav 53). Ceux qui ne le recitent pas ont intérêt à reciter d’autres Mizmorim. Les Séfaradim le recitent toute l’année après la prière de Cha’harit. (Moré Béetsba 37)
- « Tsédaka Tatsil Mimavet » (Michlé 10, 2), « la charité sauve de la mort », et certainement d’autres mauvaises choses, c’est pourquoi il est bon de donner la charité à chaque instant, en particulier le mois de Eloul.
- Celui qui donne de la charité au cours de toute l’année ne donnera pas plus qu’un cinquième de ses biens. Mais si il donne pour expier ses fautes il peut donner plus qu’un cinquième.
- Certains ont l’habitude de reciter les Téhilim en public ou en privé pendant cette période, car il réside dans ces Psaumes le pouvoir d’inculquer dans le cœur de l’homme l’amour d’Hachem et sa crainte. On a l’habitude de reciter dix Psaumes par jours afin de terminer deux fois tout le livre de Téhilim avant Roch Hachana, correspondant au nombre de 300, valeur numérique du mot Kaper, expier. (Maté Efraim 581, 8; Michna Broura 3)
- Les Sages de Jérusalem ont l’habitude de lire les ‘Tikouné Zohar’, chaque jour, selon leur possibilité. Il faut essentiellement commencer à partir de Roch ‘Hodech Eloul et terminer le jour de Kippour la lecture des 70 Tikounim, arrangements. Certains le lisent suivant le découpage imprimé dans les livres selon les jours du mois, mais cela n’est pas obligatoire.
- Certains ont l’habitude d’écrire dans les lettres de vœux qu’ils envoient pendant le mois d’Eloul qu’ils bénissent le destinataire qu’il soit inscrit dans le livre de la vie. D’autres le font dans toutes les lettres qu’ils écrivent pendant cette période. Le but de cette coutume est d’enraciner dans nos cœurs la prière envers notre prochain, et pas uniquement pour nous-même, afin de multiplier l’amour, la fraternité et la paix. (Maté Efraim 581, 9; cf Kaf Ha’haim 18; Béer Hétev 10)
- Les gens pieux ont l’habitude de faire vérifier leur Téfillin et leur Mézouzot ce mois-ci et de faire réparer ce qui a besoin de l’être. (Maté Efraim ibid 10)
- Le 25 Eloul débuta la création du monde, et l’Homme fut créer à Roch Hachana. Le jour même il fauta, fut jugé et pardonné. C’est pourquoi il est bon de lire à partir du 25 Eloul jusqu’à Roch Hachana la Paracha de la Création; le 25 Eloul on lira depuis ‘Béréchit’ jusqu’à ‘Yom E’had’, chaque jour on lira la section correspondante au jour, jusqu’à Roch Hachana où on lira la section du sixième jour. (Kaf Ha’haim ibid 21; Birké Yossef 19)
- Il est bon que le Tokéa, la personne qui sonne du Chofar et le Makri, celui qui recite devant lui la sonnerie à exécuter, étudient les lois de la sonnerie du Chofar, pour savoir comment vérifier la cacheroute du Chofar, quand il faut reprendre une sonnerie en cas d’erreur, quand faut-il revenir en arrière et quand il n’y a pas besoin, et si il faut reprendre, depuis où il faut reprendre, etc… (cf Michna Broura 11; Kaf Ha’haim 39)
- Nombreux sont ceux qui ont l’habitude de jeuner pendant les dix jours de pénitence. Certains font attention de jeuner dix jours entiers, puisque pendant les dix jours de pénitence il n’y a que six jours où l’on peut jeuner, car on ne jeune pas les deux jours de Roch Hachana, ni le Chabbat Chouva et ni la veille de Kippour. C’est pourquoi il faut jeuner quatre jours dans la période qui précède Roch Hachana; il est préférable de jeuner le Lundi et Jeudi, mais il est possible de jeuner n’importe quel jour de la semaine à l’exception du Vendredi. (Choul’han Arou’h 681, 2; Rama; Kaf Ha’haim 55; Kaf Ha’haim 562, 14; Michna Broura 581, 6)
- Il est recommandé de jeuner la veille même de Roch Hachana.
- Lors de ces jeunes, lorsque l’on doit participer à une Séoudat Mitsva, on peut manger ce jour-là et jeuner un autre jour à la place. De même si on sait à l’avance que l’on va participer à une Séoudat Mitsva, on jeunera un autre jour avant cela. (cf Rama ibid et commentateurs adloc)
- Ces jeunes ne sont pas une obligation qui incombe à la personne, c’est pourquoi si ces jeunes vont entrainer une baisse de l’étude de la Torah, il vaut mieux étudier que de jeuner. De même une personne de faible constitution n’a pas à jeuner, afin de pouvoir jeuner à Tsom Guédalia et Yom Kippour.
- Une personne désirant jeuner un jeune particulier doit prendre sur lui la veille du jeune à la fin de la prière de Min’ha, avant le dernier ‘Yihyou Lératson’. Il est bon de reciter la formule imprimée dans les Siddourim (Choul’han Arou’h 562, 6). Si on a oublié d’accepter le jeune, on peut le faire plus tard, jusqu’au crépuscule, tant que l’on a pas encore prier Arvit.
- D’après certaines opinions, si on a l’habitude de jeuner pendant les dix jours de pénitence, on n’a pas besoin d’accepter le jeune sur soi la veille. (cf Choul’han Arou’h 562, 2; commentateurs adloc)