Q: Faut-il boire un Réviit du verre du Kidouch ou de la Havdala?
R: La Guémara dans Pessa’him (107a) rapporte une controverse au sujet du verre du Kiddouch combien il faut boire de celui-ci: suffit-il ne serait-ce que de gouter du verre du Kidouch, ou bien il faut Mélo Lougmav, une gorgée (littéralement ‘de quoi remplir sa joue’). Ainsi tranche le Rambam, qu’il ne suffit pas de gouter mais il faut boire au moins une gorgée. Le Rachbam écrit qu’il faut boire une gorgée du Kidouch à condition que personne d’autre n’ait bu, mais si l’un des convives a bu une gorgée du vin du Kidouch, cela est suffisant même si celui qui a récité le Kidouch n’a pas bu. D’après le Ritva, il y a une deuxième indulgence possible: non seulement un des convives peut boire à la place de celui qui recite le Kidouch, mais en plus même si aucun des convives n’a bu une gorgée mais chacun a bu un petit peu et qu’au total on a bu la quantité requise de Mélo Lougmav, cela suffit. Les commentateurs expliquent que cette association a effet même si cela prend plus de temps que de boire un Réviit de vin par une seule personne, car telle est l’habitude de faire passer le verre de vin entre les convives et de boire l’un après l’autre.
Le Choul’han Arou’h tranche qu’il faut boire une quantité de Mélo Lougmav du verre de Kidouch, c.-à-d. la majeure partie d’un Réviit de vin (soit 44 ml sur les 86 du Réviit). On peut également se suffire qu’un des convives boive cette quantité. Par contre on ne peut associer ce qu’ont bu tous les convives si aucuns d’entre eux n’a bu au moins un Mélo Lougmav. Certains sont moins stricts et permettent cette dernière dérogation. D’après les Guéonim, il faut absolument que celui qui recite le Kidouch goute le vin.
Le Ben Ich ‘Hay écrit que bien que d’après la Hala’ha il suffit de boire une gorgée, un Mélo Lougmav, il est bon de s’efforcer de boire un Réviit entier lors du Kidouch.
Ceci est également valable concernant la Havdala. Cependant, concernant la Havdala il y a un problème supplémentaire: lors du Kidouch on recite le Birkat Hamazon à la fin du repas qui dispense la bénédiction finale sur le vin. Par contre après la Havdala on ne mange pas forcement de repas, et on rentre dans le doute concernant la Bra’ha A’harona, la bénédiction finale si on ne boit qu’un Mélo Lougmav. En effet le Tour rapporte l’opinion du Rabbi Yts’hak Hazaken de Dampierre qui se demandait s’il faut boire nécessairement un Réviit pour pouvoir reciter la bénédiction finale ou si il suffit de boire un Kazit, une olive. C’est pourquoi il faut boire moins qu’une olive ou au moins un Réviit pour sortir du doute; ce qu’on ne peut faire pour la Havdala. Il faudra donc impérativement boire un Réviit du verre de la Havdala.
En conclusion, d’après le Rav Zatsal il suffit de boire une quantité de Mélo Lougmav pour le Kidouch, soit la majeure partie d’un Réviit, mais pour la Havdala il faut boire impérativement un Réviit pour pouvoir prononcer la Bra’ha A’harona.
Rambam Hil’hot Chabbat 29, 7
Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haim 271, 13-14
Ben Ich ‘Hay Chana Chnya Béréchit 23
Maamar Mordé’hay Responsa vol. 4, 21
Maamar Mordé’hay Chabbat vol. 1, 16, 59