Q: Pourquoi est-il interdit d’écouter de la musique pendant les trois semaines alors que cela n’est pas mentionné dans le Choul’han Arou’h?
R: La période des trois semaines entre les jeunes du 17 Tamouz et du 9 Av est appelée ‘Ben Hamétsarim’, ‘dans l’étroitesse’ en référence au verset de la Méguilat Ei’ha (1, 3): « Kol Rodeféa Issigoua Ben Hamétsarim », « Tous ses poursuivants l’on rejoint dans le défilé ». Le jeune du 17 Tamouz commémore la brèche dans la muraille de Jérusalem, tandis que le 9 Av est la date de la destruction du premier et second Temple, Bet Hamikdach. Cette période est donc placée sous le signe du deuil national en souvenir de cette catastrophe. Cette période de deuil monte en crescendo dans son intensité suivant plusieurs dates: à partir du 17 Tamouz, à partir de Roch ‘Hodech Av, la semaine de Ticha Béav, la veille de Ticha Béav, le jour de Ticha Béav étant le sommum. Dans la Guémara (Taanit 29), uniquement à partir du Roch ‘Hodech Av sont mentionnées des restrictions. Cependant le peuple d’Israel a pris sur lui certaines habitudes restrictives pendant toutes ces trois semaines, comme le fait de ne pas reciter Chéé’hiyanou ou de ne pas se marier.
En plus de l’interdiction de se marier, le Maguen Avraham (Ora’h ‘Haim 493, 1; 551, 10) écrit que bien qu’il soit permis de se fiancer pendant la période de la Sefirat Haomer, ou les trois semaines jusqu’au Roch ‘Hodech, il est interdit de danser et de faire des rondes depuis le 17 Tamouz, comme le rapporte le Michna Broura (551, 16) et le Kaf Ha’haim (551, 39). Le Rav Its’hak Weiss (Min’hat Yts’hak vol. 1, 11, 4) écrit à propos de ce Maguen Avraham, bien qu’il n’est interdit que les danses, c’est Hala’ha Psouka Hi Béfi Gdolé Haposkim, une décision tranchée par les plus grands décisionnaires d’interdire également de jouer d’un instrument (comme on peut le déduire des propos du Pri Mégadim rapportés par le Biour Hala’ha, Mémaatin, qui traite d’un Juif qui est musicien de métier, lui permettant de jouer pour sa subsistance dans les banquets des Non-Juifs). De même le Rav Moché Feinstein (Igrot Moché Ora’h ‘Haim vol. 1 21, 4) interdit purement et simplement de jouer un instrument pendant les trois semaines. D’après le Rav Chlomo Zalman (Hil’hot Chlomo Ben Hamétsarim 14, 3, Dvar hala »ha 5) seule une musique qui entraine une personne à danser est interdite à jouer pendant les trois semaines.
Concernant l’écoute de chanson à la radio ou sur support comme disque ou cassette, d’après le Rav Moché feinstein (Igrot Moché Ora’h ‘Haim vol. 1, 166) qui discute de la permission d’écouter de la musique toute l’année, il n’y a pas de distinction entre écouter un instrument qui joue devant soi ou un instrument enregistre. Par contre si il est permis de chanter a cappella, sans accompagnement musical, il sera permis d’écouter un tel enregistrement, et de même écrit le Rav Chlomo Zalman (ibid 4). Cependant le Rav Wozner (Chout Chevet Halévy vol. 8, 127, 2) interdit d’écouter un enregistrement vocal car l’appareil qui le diffuse est lui considéré comme un instrument de musique.
Le Rav Ben Tsion Abba Chaoul (Or Létsiyon vol. 3, 25, 2) écrit que bien que l’on ait l’habitude de se montrer indulgent toute l’année et d’écouter de la musique, on doit s’abstenir de le faire pendant les trois semaines.
En conclusion, d’après le Rav Zatsal (Maamar Mordé’hay Moadim, 25, 6) on ne dansera pas ni on ne fera de ronde pendant les trois semaines entre le 17 Tamouz et le 9 Av. On n’écoutera pas non plus de musique d’un instrument ni d’un enregistrement; mais il est permis de chanter sans accompagnement d’instrument de musique lors d’une Séoudat Mitsva, comme une Bar Mitsva, une Brit Mila ou un Pidyon Haben.