Question :
Je me suis trempée au Mikvé et j’ai trouvée ensuite des sécrétions dans l’œil, est-ce que mon immersion est valable ?
Réponse :
Il faut d’abord préciser que souvent les femmes s’imaginent, même après avoir vérifié convenablement et s’être nettoyée selon la Halakha, qu’il y avait un problème dans leur immersion, alors qu’il n’yen avait aucunement. On s’adressera donc d’abord à un Rav avant de décider s’il y a un problème.
Le Choul’han ‘Aroukh écrit, au chapitre 178 des lois de Nida, article 7 :
» le Liflouf (c’est-à-dire les saletés produites par l’œil) en dehors de l’œil, même s’il est humide, et le Liflouf à l’intérieur de l’œil, ne constitue pas un écran. Mais s’il est sec, il constitue un écran, s’il a commencé à devenir vert. »
Le Liflouf dont il est question ici, ce sont excrétions que l’on trouve dans l’œil ou aux alentours de l’œil, généralement au lever (on l’appelle le chassie, semble-t-il), ou lorsqu’il y a une inflammation ou une infection dans la zone de l’œil. Ces excrétions sont parfois visqueuses, parfois sèches, lorsqu’un laps de temps s’est écoulé. Ils prennent alors généralement une couleur verdâtre. La question est donc de savoir si ce Liflouf constitue une ‘Hastsitsa, c’est-à-dire un écran, lors de l’immersion de la femme au Mikvé, ou pas.
La Michna dans Mikvaot (chapitre 9, Michna 4 et 9) nous dit que le Liflouf dans l’œil ne fait pas écran, mais que celui en dehors de l’œil fait écran.
La Guémara dans Nida (67a) nous dit que le Liflouf dans l’œil, s’il est liquide, c’est-à-dire visqueux, ne fait pas écran. Mais s’il est sec, il fait écran. Par sec, dit la Guémara, on entend un début de coloration verdâtre.
La raison de cette différence entre Liflouf humide et sec provient de la possibilité pour l’eau de pénétrer sous le Liflouf lorsque celui-ci est humide, chose improbable lorsqu’il est sec. D’autres Richonims expliquent que c’est une question de dérangement provoqué par le Liflouf. Lorsqu’il est sec, il dérange et la femme ne le néglige pas, si bien que nous sommes dans un cas de Makpid, ce qui est le critère principal pour décider si un élément constitue un écran ou pas. (voir Ramban, Méiri, entre autres.)
Plusieurs analyses de ces deux sources ont été proposés par les Richonims, avec des implications importantes. Il serait fastidieux de les exposer dans le cadre de cette réponse. Ce qui est important est de connaitre les conclusions des décisionnaires.
Le Choul’han ‘Aroukh a retenu l’avis des Tosfots. Ceux-ci sont d’avis qu’il n’y a d’écran qu’à l’extérieur de l’œil, mais à l’intérieur de l’œil il n’y a pas d’écran, à moins que les sécrétions soient séchées. (La Michna n’a pas fait de différence entre ce qui est humide et ce qui ne l’est pas, mais entre ce qui est à l’intérieur de l’œil et ce qui ne l’est pas.).
C’est pour cela que la conclusion sera la suivante : un Liflouf à l’extérieur de l’œil constitue un écran y compris s’il est humide. Même si la femme s’est déjà trempée et a eu une relation intime avec son mari, elle devra se tremper de nouveau.
Si le Liflouf est à l’intérieur de l’œil, il ne fait pas écran, même trois jours après sa formation.
Si ce Liflouf à l’intérieur de l’œil a commencé à prendre une couleur verte, selon Rachi et Tossefot il y a écran mais selon Rambam et Raavad et d’autres, il n’y a pas écran (c’est uniquement, selon eux, concernant les lois de pureté et d’impureté qu’il y a écran !).
Donc, a priori selon le Choul’han ‘Aroukh il faudra se montrer strict concernant un Liflouf à l’intérieur de l’œil et sec, mais en cas de grande nécessité, par exemple si la femme s’est déjà trempée et a déjà eue une relation, elle s’adressera à un Rav compétent.