Question :
Concernant la Birkat Hailanot, est-il préférable de la dire dès le premier jour de Nissan mais individuellement, ou plus tard mais en groupe ?
Réponse :
A priori la valeur du zrizin, c’est-à-dire de réaliser la Mitsva le plus tôt possible, est plus importante que celle de rov am, c’est-à-dire de réaliser la Mitsva avec de nombreuses personnes, comme on peut le déduire de la Guémara de Roch Hachana (32b). Le ‘Hida le dit clairement dans son Ma’hzik Brakha (229,7).
Voir aussi le ‘Hayé Adam (Klal 68,6) qui se dit contrarié de l’usage de certaines personnes qui retardent la circoncision jusqu’à l’après midi, pour l’accomplir en présence de plusieurs personnes. Il affirme que la réalisation zélée de la Mitsva prend le pas sur la présence de nombres de personnes.
Le Chout Harabaz (chap.32,8), à propos de la Birakt Ha’hama, la prière sur le soleil, se pose la question de savoir s’il vaut mieux la retarder pour l’accomplir avec un grand public. Il rapporte les propos du ‘Hida mais se montre sceptique. Car un grand maitre, le Troumat Hadechen, dit qu’il faut attendre Motsaé Chabbat pour faire la Birkat Halévana, la prière sur la lune. Car, ajoute-t-il, c’est uniquement si le retard dans l’accomplissement de la Mitsva s’accompagne d’un risque de ne plus pouvoir du tout accomplir cette Mitsva qu’il ne faudra aucunement la retarder. Mais si le retard ne fait encourir aucun risque, on peut tout à fait attendre la présence de nombreuses personnes pour accomplir la Mitsva de la manière la plus optimale. Donc, le Rabaz opte finalement pour l’accomplissement de la Mitsva en public plutôt que tôt le matin.
Ceci dit, le Chout Yabia Omer (tome 2, chap. 18) affirme qu’il y a une différence de taille entre la Birkat Haélvana à accomplir le Motsaé Chabbat et la Birkat Ha’hama : dans le premier cas la personne elle-même qui accomplit la Mitsva l’accomplira dans de meilleures conditions le Motsaé Chabbat, alors qu’il est encore habillé et parfumé en l’honneur du Chabbat. Alors que dans le second cas, celui de la Birkat Ha’hama, la personne accomplit la Mitsva exactement dans les mêmes conditions : le peuple qui l’entoure n’est qu’un élément extérieur qui vient s’ajouter à la Mitsva, élément certes important mais ne faisant pas partie du « corps » de la Mitsva.
Voir aussi le Chout Lévouché Mordekhay (tome 1,56) qui réduit le paramètre Bérov Am aux cas où un individu rend quitte d’autres personnes. Par exemple celui qui fait la Brakha de Méoré Haéch sur le feu, et qui rend quitte par cela d’autres personnes. Ou alors aux cas de Mitsvots à caractère publique comme la réalisation des sacrifices (on procédait à des tirages aux sorts, justement pour faire du sacrifice une « affaire ».). En revanche, dit-il, pour une Mitsva comme la Brith Mila, il ne faut pas tenir compte de ce paramètre pour la retarder.
Si nous revenons à notre problème de la Birkat Hailanot, il en ressort qu’il faudra mieux la réciter dès que possible plutôt que d’être en grande compagnie. Donc, on devra si possible faire cette Brakha dès Roch ‘Hodech Nissan s’il tombe un jour ordinaire. Et si le Roch ‘Hodech Nissan tombe un Chabbat, puisque certains décisionnaires recommandent de ne pas dire cette Brakha en ce jour-là (les raisons invoquées sont la crainte qu’on arrache une branche ou un fruit le Chabbat, ou encore que cette Brakha opère un tri des étincelles comprises dans les arbres, et qu’il est interdit de trier Chabbat. Beaucoup ne sont pas d’accord avec ces craintes et ne les trouvent pas très fondées, mais ce n’est pas le sujet précis de notre exposé présent), on pourra alors faire cette Brakha dès le lendemain donc le dimanche, deuxième jour du mois de Nissan. Evidemment, si l’on peut dire la Brakha avec de nombreuses personnes cela est préférable, mais sans pour autant retarder cette Mitsva. |