Question :
La Plupart des jus de raisin commercialisés aujourd’hui pour le Kidouch contiennent une majorité de jus pur de raisin. Y a-t-il d’autres problèmes qui peuvent se poser ?
Réponse :
Dans le jus de raisin commercialisé aujourd’hui, se trouvent des agents de conservation. On peut distinguer deux types de conservateurs : l’un est comestible, et empêche la fermentation immédiatement. Or il se trouve que de grands décisionnaires, le Knésset Haguédola et le Radbaz (tome 2, 729), ont tous deux écrits que lorsqu’on ajoute de la terre à du vin pour empêcher sa fermentation, celui-ci perd son caractère de vin (ou plutôt de jus de raisin) et sa bénédiction devient chéhakol. Du coup, on pourrait se demander si les conservateurs ajoutés afin d’empêcher la fermentation ne sont pas comparables à la terre, et rendent le jus de raisin inutilisable pour le Kidouch !
Toutefois, selon Rav Shlomo Zalman Auyerbakh ces conservateurs ne constituent pas un problème dans la mesure où une fois le jus de raisin est défini comme tel, même si l’on y ajoute un produit qui annihile sa fermentation par la suite, il ne perd pas son caractère de jus de raisin/vin obtenu. C’est aussi l’avis du Min’hat Itshak, le Rav Itshak Veiss (tome 8, 14).
A contrario, le Rav Yossef Chalom Eliachiv était d’avis qu’il y a ici problème, et le Rav Shterenboukh à l’air d’être de cet avis.
Il y a un autre type de conservateur ajouté, qui consiste à introduire un conservateur qui n’est pas comestible et qui sera retiré du jus de raisin juste avant la mise en bouteille. Toutefois, on laisse un petit résidu de ce conservateur à l’intérieur, en quantité qui n’est pas nuisible.
A priori ce procédé ne pose pas de problème, mais le rav Shterenboukh fait remarquer le problème suivant : dans la mesure où il reste un peu de cet additif à l’intérieur du jus de raisin, et que certaines personnes y sont sensibles et perçoivent un arrière-gout qui ne leur est pas agréable, il en ressort que ce jus de raisin a un gout désagréable, ce qui l’invalide pour le Kidouch.
Autre précision : certains préfèrent le vin non cuit, pour respecter l’opinion du Rambam pour qui le vin cuit est non seulement proscrit pour l’autel mais également pour le Kidouch.
Pour le vin pasteurisé, certains ne le considèrent pas comme véritablement cuit et ainsi ne permettent pas de le boire lorsqu’il a été manipulé par un non juif. Toutefois, le Rav Shterenboukh avance qu’il est possible que concernant le problème précis du Kidouch, le vin pasteurisé soit considéré comme cuit et qu’il pose problème pour ceux qui respectent l’opinion du Rambam. En effet, même si ma pasteurisation n’est pas comparable à la cuisson quant à l’effet obtenu et la chaleur employée, il n’en reste pas moins que le vin sera considéré comme ayant été modifié par rapport à son état initial. Ce qui constitue un décret du verset.
Le Rav Shterenboukh propose toutefois une astuce pour échapper aux différents problèmes qu’il peut y avoir dans le jus de raisin. Il suffit de verser un quart de « véritable » vin et trois quarts de jus de raisin. En procédant ainsi, on obtient du vin coupé, selon les dosages talmudiques. Certes, les décisionnaires précisent que notre vin à nous n’est pas comparable à celui du Talmud, qui était particulièrement fort. Le couper risque donc de lui faire perdre son caractère de vin. Mais, suggère le Rav, cela est valable lorsqu’il s’agit de couper le vin avec de l’eau. Alors que là nous coupons le vin avec le fruit de la vigne ; ce qui ne fait pas perdre au vin son caractère de vin !
Le Rav Shterenboukh préconise que la meilleure solution est de ne rien ajouter au jus de raisin, et de le conserver en le mettant immédiatement au congélateur. Mais ce type de jus de raisin est quasi introuvable dans le commerce.
Le vin non cuit reste la meilleure solution, mais selon la plupart des décisionnaires, le jus de raisin (en quantité suffisante, lorsqu’il constituez la majorité par rapport à l’eau) est tout aussi bien, surtout si l’on ne supporte pas le vin.
Il faut enfin préciser que malgré ces considérations, beaucoup de grands Rabbanims permettent tout à fait le jus de raisin commercialisé, bien qu’avec le vin ce soit une meilleure Mitsva |