Question :
Je suis particulièrement attaché à un livre de halakha. Dois-je considérer l’auteur comme mon Rav ?
Réponse:
Le devoir d’honorer le Talmid ‘Hakham concerne tous les Talmidé ‘Hakhamims. Mais il y a un devoir supplémentaire concernant le Rav Mouvhak. La Torah dit « Ete Hachem Elokékha Tira », et du mot « Ete » nous déduisons qu’il faut craindre les Talmidé ‘Hakhamims. Selon le Rambam, cette loi ne concerne que le Rav Mouvhak.
Il y a des avis différents concernant la définition du Rav Mouvhak. Concerne-t-il uniquement les Halakhots ou le Moussar également ? Celui qui n’a appris que les méthodes d’étude chez un maitre, celui -ci peut -il être considéré comme Rav Mouvhak ? nous allons laisser de côté ces questions pour l’heure et nous pencher uniquement sur la question des livres.
Selon certains, le concept de « Rabo Hamouvhak » avec les lois qui en découlent, était pertinent dans les temps anciens, où il n’y avait pas beaucoup de livres, et l’on apprenait du rav l’ensemble de la Torah orale. Mais aujourd’hui, où le maitre n’enseigne pas l’ensemble de la Torah à son élève mais lui enseigne des morceaux de texte qui lui permettront d’apprendre par lui-même ensuite, on ne considère pas le maitre comme Rabo Mouvhak.
Autre différence avec les temps anciens (c’est-à-dire l’époque des Tanaims et des Amoraims.): à leur époque, on donnait la loi après avoir procédé à une étude approfondie du sujet, après avoir questionné, répondu, etc. jusqu’à obtenir une conclusion. Le Rav était celui qui avait permis d’arriver à ce niveau. On l’honorait donc pour cela. Alors qu’aujourd’hui les livres contiennent des Piské Halakhot, c’est-à-dire des lois prêtes à être lues et appliquées. Par conséquent, le rôle du rav s’en est vu quelque peu minoré. Car ce sont les livres qui vont, de toutes les manières, nous donner la Halakha.
Plusieurs A’haronims sont allé dans ce sens (celui de faire une différence entre les temps où le maitre participait majoritairement à la culture halakhique de son élève et les temps modernes où ce sont les livres qui forment essentiellement cette culture). Voir Binyan Tsion (chapitre 83), ou encore Divré Yatsiv (Yoré Déa 131), ou Aroukh Hachoul’han (242,21), etc.
L’idée que les Séfarim sont d’une importance capitale pour nous a été développé entre autres par le Chout Chvout Yaakov (tome 2, chapitre 64). L’auteur contraint toute personne qui souhaite donner une décision halakhique a auparavant consulter les Séfarims. Il dit avoir reçu cette injonction de plusieurs de ses maitres. Le ‘Hida aussi dans son Yossef Omets écrit qu’il a l’habitude de consulter les livres avant de donner sa décision, y compris pour des lois qui lui sont pourtant claires et limpides. « les lettres rendent intelligent » dit – il. Autrement dit, le livre n’est pas seulement là pour combler un oubli, mais il jour le rôle que jouer le maitre auparavant. Il fallait lui demander son avis même lorsque l’on était sûr de soi.
Ceci dit, concernant le Aroukh Hachoul’han, il faut préciser qu’il ajoute un point important: on peut considérer qu’il existe encore aujourd’hui une réalité de Rabo Hamouvhak dans le cas où un élève a étudié chez un maitre, dans sa Yéchiva, pendant un nombre important d’années, et qu’il a appris de ce maitre les méthodes nécessaires à l’étude et aux décisions halakhiques.
Les considérations précédentes devraient amener en revanche à une nouvelle halakha : dans la mesure où les livres nous permettent d’acquérir le savoir nécessaire à faire naitre les halakhots dont nous avons besoin, nous devrions a priori respecter particulièrement leur auteur. Cela ne veut pas dire qu’il est interdit de contredire leur propos : dans la mesure où le lecteur a suffisamment de preuves, et qu’il est lui-même érudit pour pouvoir donner son avis, il est permis de contredire tout auteur, car c’est ainsi que la Torah s’étudie et se conçoit. Ceci dit, dans l’ouvrage Torat ‘Hakham (page 15) l’auteur suggère que si une personne a fait d’un livre la source principale de son étude et de son savoir, l’auteur de ce livre aurait alors le statut de Rabo Hamouvhak pour cette personne.