Question :
J’ai entendu qu’il y aurait un problème à consommer les repas cachères dans un vol où l’on sert aussi des repas non cachères car ils sont réchauffés dans le même micro-onde, est-ce vrai ?
Réponse :
Il y a un débat dans la Guémara autour de la notion de Ré’ha lav Milta, c’est-à-dire la question de savoir si l’odeur que propage un aliment lors de la cuisson est quelque chose que l’on doit prendre en compte pour interdire un aliment posé à coté, ou pas.
Les sources talmudiques en rapport avec ce sujet sont, notamment :
– Guémara Pessa’him 76b
– Guéméra ‘Avoda Zara 66b
Dans le Choul’han Aroukh on pourra trouver ces lois dans le Yoré Déa chapitre 108,1.
De manière générale, comme les montrent les sougyots de Pessa’him, lorsqu’un aliment interdit se mêle à un aliment permis, même si l’interdit a complétement été retiré du mélange, l’aliment permis devient interdit si le gout de l’aliment interdit a investi l’aliment permis. En effet, le principe établit que Ta’am Kéikar, c’est-à-dire le gout (émis par l’aliment interdit) équivaut à l’aliment lui-même.
Mais les Amoraims, Rav et Lévi, dans la Guémara débattent pour savoir si un aliment qui n’a été contaminé que par l’odeur de son voisin interdit, est lui-même interdit. Autrement dit est-ce que l’odeur, elle aussi, est à traiter comme l’interdit lui-même.
Rachi et Bahag ont tranché que l’odeur n’est pas à prendre en considération, comme Lévi. Rabénou Tam lui a tranché comme Rav, à savoir que l’odeur interdit l’aliment voisin.
La conclusion des Richonims est que l’avis à retenir globalement est que l’odeur n’a pas d’impact halakhique.
Mais le Beth Yossef écrit qu’étant donné que le Rif et le Rambam ainsi que la majorité des décisionnaires sont d’accord pour autoriser a posteriori, c’est ainsi qu’est la halakha. Par contre, a priori, il est interdit de faire griller deux éléments, l’un interdit, l’autre permis, dans un four étroit, c’est-à-dire qui n’est pas suffisamment large pour que les odeurs se dissipent. Nous n’allons pas définir ici ce qui est considéré comme un four large, car il semble que la majorité des fours domestiques soient considérés comme des petits fours.
(Deux marmites, l’une contient un interdit et l’autre un aliment permis, mijotent dans le même four. Même si les marmites ne sont pas couvertes, et même si le four est étroit, l’odeur de l’interdit n’influence pas l’aliment permis et c’est autorisé. Voir Choul’han Aroukh Yoré Déa.)
Il y a une sougya dans la Guémara où il est question de savoir si l’on peut sentir le vin goy. Abayé dit que c’est interdit car l’odeur est quelque chose à prendre en considération. Mais Rava, lui, considère que l’odeur n’est pas un problème et que la chose est donc permise.
La preuve pour Rava est le cas du four qui a été chauffé avec une plante épicée qui est Térouma. Il est permis de manger le pain cuit dans ce four, bien que la plante épicée au statut de Térouma a eu un impact odoriférant dans le pain ! c’est donc bien la preuve, pour Rava, que l’odeur est permise.
Abayé répondra à Rava, comme le dit la Guémara, que le cas du four est différent des autres cas. En effet, dans le cad du four, les éléments interdits qui s’échappent du four sont brulés avant même qu’ils n’aient pu arriver jusqu’au pain ! il ne faut donc pas comparer cela avec les autres cas.
(Une question attachée à celle-ci, est de savoir si le principe que l’odeur n’est pas compromettante concerne uniquement les interdits de consommation, ou même les interdits de profits. Autrement dit, si l’odeur d’un élément interdit à la respiration de son odeur a laissé une trace odoriférante, peut on profiter de cette odeur ?
Autre question attachée à la question plus générale de Ré’ha, est-ce qu’un aliment parvé cuit au côté d’un aliment Bassari/’Halavi, adopte le statut de ce dernier ?)
Venons au cas de l’avion. Le Rama écrit que si l’on introduit deux marmites couvertes il n’y a pas de problème de vapeurs, car ce cas est mieux que celui des marmites qui se touchent, où il faut certes faire attention a priori. Lorsque l’on chauffe deux plats couverts dont l’un est cacher (et qu’il est doublement couvet, comme l’exige la halakha, en particulier s’il s’agit d’un plat de viande), on pourrait les chauffer dans le même micro-onde ou petit four. Ceci dit, le Rav Mordekhay Eliahou, selon le témoignage de son fils le Rav Yossef Eliahou, a entendu de source sûre qu’en réalité les plats ne sont pas couverts hermétiquement car il y a des trous qui laissent échapper les vapeurs et les odeurs. En l’absence d’informations contraires, il semble donc qu’il vaille mieux s’abstenir.
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