Réponse :
Le but du jeu appelé en Israel » Koubia Houngarite » (Rubics’cube) est d’arriver à ce que chaque côté du cube ait une couleur unique (par exemple : qu’un côté du cube soit uniquement jaune, l’autre côté soit uniquement rouge, etc.)
Les décisionnaires contemporains se sont donc penchés sur la question de savoir si se pose un problème de Borer, donc de tri, le chabbat.
On pourrait se pencher aussi sur la question de savoir s’il y a un problème de Mouktsé concernant le déplacement du jeu, mais sur cela on partira du principe que ceux qui le déplacent se reposent sur le Rama qui permet de déplacer les jeux (voir Choul’han Aroukh chapitre 48, article 45) ou alors sur le fait qu’il s’agisse d’enfants auquel on permet souvent le jeu le Chabat. Ou alors, qu’ils sont d’avis, à l’instar du Rav Eliachiv, que les jeux d’aujourd’hui, de par leur importance (ils sont fabriqués en usine et se payent parfois chers) ont le statut de Kéli, d’objet utile, et ne sont pas Mouktsé.
Si, donc, noous analysons le problèlme éventuel de Borer, la raison d’interdire serait qu’en attendant d’arriver à ce que les petits cubes correspondent à la couleur souhaitée, le joueur évacue petit à petit les cubes de couleurs qui ne l’intéressent pas pour que ne reste sur le côté auquel il s’atelle uniquement la couleur souhaitée. Il s’agit donc d’une forme de tri consistant à mettre de côté les couleurs non conformes.
On peut aussi comparer l’action du joueur à celui qui dispose d’un mélange de couverts de tables, et qui sélectionne à chaque fois des couverts pour les ranger dans le rangement correspondant, ce que des décisionnaires ont interdits clairement.
Pourtant on peut aussi plaider en faveur d’une autorisation pour les raisons suivantes :
Il n’est pas évident qu’il faille traiter la séparation des couleurs différentes comme une action de séparation du bon par rapport au mauvais. En effet, comment définir, ici, qui est le bon et qui est le mauvais ? D’abord, il y a ceux, comme le Pri Mégadim, qui considèrent que deux éléments de la même « espèce » ne sont pas définis comme bons ou mauvais, selon les critères de la Mélakha de Borer. Cet avis est connu chez les décisionnaires et se base sur certains Richonims et A’haronims. Mais en réalité, même ceux qui interdisent généralement le tri de deux espèces identiques (lorsque l’on est intéressé par un de ces éléments uniquement) n’interdisent pas de sélectionner ce qui nous intéresse dans le mélange si c’est dans le but de le distribuer ou de le consommer immédiatement. Exemple : si nous avons devant nous un mélange composé de noix, d’amandes, de cacahuètes, et que nous avons devant nous également trois invités, chacun d’eux appréciant une sorte différente de ces aliments. Il sera permis de retirer les noix pour les présenter au premier invité, les amandes pour les présenter au second, et les cacahuètes pour le troisième ! (Ce n’est que lorsqu’il s’agit par exemple de ranger ces aliments dans différents rangements que cela posera un problème). Quant au fait qu’il faille, pour arriver à uniformiser les couleurs sur un côté, repousser les cubes des autres couleurs, cela peut être comparé à une pile de vêtements où je souhaite accéder à un vêtement posé sous les premiers : c’est autorisé car cette action n’est pas considérée comme un tri.
Et puis, il y a une raison plus fondamentale d’autoriser : il ne s’agit pas, ici, d’un tri opéré à partir d’un mélange, a proprement parlé. Les différents cubes qui composent le rubic’scube sont attachés les uns aux autres et il ne s’agit que de les déplacer pour les mettre à leurs places adéquates. On pourrait comparer cela, même si la comparaison est limitée, à une chaise pliante que l’on ouvre et que l’on ferme le chabbat, en formant à chaque fois une « tente »: comme la chaise est faite pour être ouverte et fermée, il ,e s’agit pas à chaque fois d’une nouvelle action réalisée mais d’une manipulations simple.
Réponse fondée sur une réponse du Rav Chlomo Zafrani Chlita. |