Question :
Peut-on questionner un vendeur sur un prix, si l’on ne souhaite pas acheter le produit ?
Réponse :
On lit dans la Michna de Baba Métsia (58b) : « il ne lui dira pas : à combien est cet objet ? alors qu’il ne souhaite pas l’acheter ». Une loi semblable figure à la même page : « Rabbi Yéhouda a dit : il ne fixera pas ses yeux sur la marchandise s’il n’a pas d’argent ». On retrouvera donc cette interdiction codifiée dans le Choul’han Aroukh section ‘Hochen Michpat chapitre 228 : « comment se présente le cas de la lésion par la parole ? il ne dira pas : à combien souhaite tu vendre cet objet ? alors qu’il ne souhaite pas l’acheter ».
Si l’on essaye de comprendre ce que Rabbi Yéhouda vient ajouter à ce qui a déjà été dit par la Michna, il semble qu’il ajoute le fait que même si la personne ne s’est pas exprimée verbalement mais a simplement fixé la marchandise en montrant qu’il s’y intéresse particulièrement, il y a problème également dans la mesure où il n’est pas intéressé par acheter cette marchandise.
On pourrait aussi, pour expliquer ce qu’ajoute Rabbi Yéhouda à la Michna, envisager que Rabbi Yéhouda s’intéresse particulièrement au cas où l’acheteur n’a pas d’argent, même s’il est intéressé théoriquement à l’achat de l’objet.
A priori la raison de cet interdit et qu’en agissant ainsi, le pseudo acheteur entraine une souffrance au vendeur. Et c’est effectivement le motif invoqué par le traité Derekh Erets Rabba chapitre 8, ainsi que le Choul’han Aroukh Harav.
En cherchant bien on peut trouver une autre raison chez les Richonims, justifiant cet interdit. En effet, le Méiri, mais aussi le Rachbam (Pessa’him 112b) ajoutent que parfois le questionneur curieux entraine une véritable perte au vendeur. Si une autre personne se trouve dans le magasin, voyant que la personne ne souhaite finalement pas acheter l’objet, va y renoncer également.
Dans le cas où la personne souhaite acheter l’objet mais qu’il n’a pas d’argent sur lui, selon certains, c’est là l’ajout de Rabbi Yéhouda sur le cas de la Michna. Mais alors il n’est pas sûr que les décisionnaires aient retenu l’avis de Rabbi Yéhouda. Le Choul’han Aroukh Harav, dans les lois de Onaa a lui interdit dans les deux cas, c’est-à-dire lorsque la personne ne souhaite pas acheter, mais aussi lorsqu’il souhaite acheter mais n’na simplement pas d’argent pour payer.
Dans l’ouvrage Pit’hé ‘Hochen (Gunéva Véonaa chapitre 15 remarque 15) est précisé que si l’acheteur fait auparavant une étude de prix et questionne le vendeur de chaque magasin sur le prix de l’objet, ceci est autorisé car ce sont des démarches normales dans le cadre d’un achat. (Ajoutons : surtout s’il s’agit d’un achat important comme un appareil électroménager etc.).
Résumons donc les principales choses à savoir, en ajoutant quelques cas intéressants :
– Il est interdit de questionner le vendeur sur le prix de l’objet si on ne souhaite pas l’acheter.
– Même si on souhaite l’acheter mais on sait qu’on ne dispose pas assez d’argent, cela est aussi interdit.
– Le vendeur non plus n’a pas le droit d’induire en erreur ses clients et leur faire croire qu’il souhaite vendre un objet et que ce n’est pas le cas.
– Si l’on souhaite sonder les différents magasins pour savoir lequel vend le produit à meilleur marché, il sera autorisé de questionner le vendeur, puisque le but final est bien d’acheter l’objet et que c’est u moye tout à fait reconnu.
– Si l’on ne souhaite pas acheter mais vérifier les prix pour conseiller d’autres acheteur comme des personnes qui ont peu de moyens pour leur éviter de dépenser de grosses sommes etc., il y a lieu de s’interroger si la chose est permise. Laissons donc cette question en suspend pour l’heure. |
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