Réponse :
Les décisionnaires ont traité de cette question. La Guémara enseigne au départ, au nom de Rav ‘Hisda qu’il y a 24 dons qui reviennent au cohen. Et que tout cohen qui ne révèle pas une expertise dans la nature de ce qui lui est donné, on ne lui donne pas cette chose. La Guémara rejette toutefois ce dire, car un autre enseignement dit que le cohen qui ne reconnait pas la nécessité du culte n’a pas sa part dans les choses qui reviennent au cohen. Autrement dit, un cohen pour qui les choses relatives au cohen sont des choses sans importance, on ne lui donne pas l’un des dons qui reviennent habituellement aux cohen.
Or, il est clair que le Pidion Haben fait partie de ce que l’on nomme les dons faits aux cohens. D’autre part, il est connu que celui qui transgresse le chabbat publiquement a, à certains égards, le statut d’un non juif. Le Rambam a écrit des choses claires là-dessus, et met en parallèle l’idolâtre qui rejette, par son acte l’ensemble de la Torah, et celui qui transgresse le Chabat. Ce dernier, quelque part, ne reconnait pas le Maassé Berechith, c’est-à-dire le fait que D. ait crée le monde tel que la Torah le décrit. A ce point de remise en question des fondamentaux de la Torah, il est considéré comme idolâtre. (Le Rambam raconte aussi l’énorme mérite de celui qui observe le chabbat. Mais c’est déjà un autre sujet.)
Ceci dit, nous avons à maintes reprises évoqué le débat qui existe chez les décisionnaires contemporains quant à la question de savoir si les juifs non observants, de nos jours, sont à considérer comme étrangers aux lois de la torah. On trouvera chez beaucoup de Posskim une indulgence, considérant que les non religieux ont un peu le statut de Tinok Chénichba, c’est-à-dire le statut d’un enfant détenu en captivité chez les non juifs, si bien qu’il ignore à peu près tout de ce que la Torah recommande et exige. Dans une certaine mesure, on peut estimer que les non religieux d’aujourd’hui, de par l’éducation qu’ils reçoivent (ou plutôt qu’ils ne reçoivent pas) et la désinformation qui circule dans leurs cercles, en particulier lorsqu’il s’agit de la Torah et de ceux qui la pratiquent, sont comme des enfants pris en captivité. On pourra trouver des arguments allant dans ce sens dans le Mélamed Lého’il, Choel Ouméchiv, etc. mais aussi plus récemment chez le ‘Hazon Ich (Yoré Déa 2,28).
Toutefois certains décisionnaires plus contemporains émettent des réserves. Pour eux, les laïcs d’aujourd’hui sont déjà différents de leurs parents ou de leurs grands-parents. Ils vivent parmi nous et, en particulier en Israel, passent sans arrêt devant des synagogues, des centres d’études, ils ont vent de l’existence de cours de Torah, ils rencontrent des rabbins ici et là, etc. si bien qu’il est difficile de considérer qu’ils ignorent tout : ils leurs suffiraient de pénétrer l’enceintes d’un Beth Midrach, de s’inscrire à un cours de Torah etc. pour faire plus ample connaissance avec la Torah.
J’avoue avoir du mal à m’identifier avec le dernier raisonnement. En effet, il ne fait aucun doute que la barrière qui sépare le laïc du religieux n’est pas tant physique que psychologique. Un juif laïc se considère généralement comme représentant la norme, et considère ceux qui respectent le chabbat plus ou moins comme des marginaux. Dans un tel contexte, il faudrait considérer ceux qui transgressent le Chabat aujourd’hui aussi comme des Tinikot Chénichbou.
(Peut-être cela dépend -il du lieu, de la nature de la communauté, etc. il vaudra donc mieux réfléchir avec un Talmid ‘Hakham local).
Il faut d’autre part souligner que le Téchouvot Véhénhaguot (4,126) rapporte au nom de Rabbi ‘Hayim de Brisk que le Pidion est valable. Pour lui, ce n’est pas concernant tous les sujets que l’on considère le transgresseur d Chabbat comme un idolâtre.
Conclusion :
Voir le Chout Divré Benayahou (tome 24) qui préconise de se racheter de nouveau, mais sans Bérakha, contenu de la discussion rapportée plus haut. Il pourra penser la Brakha sans la dire. |