Question :
Dans le cas où un cohen est monté à la torah et qu’il n’y a pas de Lévi pour monter en second, comment doit-on agir ?
Réponse :
L’usage est que s’il n’y a pas de Lévi à la synagogue, le cohen monte une seconde fois à la place du Levi, et le ‘hazan ou le responsable dit : « il n’y a pas de Levi, que le cohen monte à la place du Lévi. »
C’est le cohen qui est monté pour la première montée qui prendra la place du Lévi absent. Et non un autre cohen venant de l’assemblée. Même si l’on sait par avance qu’il n’y a pas de Lévi à la synagogue et que l’on devra faire monter le cohen à sa place, il n’y a aucun problème à agir ainsi et ce n’est aucunement une Brakha dite en vain.
C’est pour cela qu’il est inutile que le cohen dise après les Brakhots « Baroukh chem kévod Malkhuoto léolam va’ed. »
Nous allons expliquer ce qui vient d’être dit.
La Guémara dans guitin 59 dit que s’il n’y a pas de Lévi on appelle un cohen à la place du Lévi. Mais on appelle le cohen qui a précédemment monté et non un autre cohen car cela insinuerait que le premier cohen n’est pas parfait.
Selon presque tous les Richonims, ce que dit la Guémara est valable aussi bien à l’époque où l’on ne disait qu’une Brakha au début et à la fin de toute la lecture de la Paracha, et aussi bien à notre époque où l’on dit une Brakha de début et de fin à chaque montée. Bien qu’il s’avère que le cohen dise deux fois les mêmes Brakhots, cela ne pose pas de problème car ces Brakhots ne sont pas les Brakhots personnelles du cohen mais les Brakhots du Tsibour qui sont dites par celui qui monte à la torah et qui est en quelque sorte leur représentant.
A l’exception, il faut le dire, du Baal Ha’itour, qui considère que ce que dit la Guémara était valable au temps où l’on ne répétait pas les Brakhots à chaque montée. Mais aujourd’hui, l’on ne peut pas faire monter une nouvelle fois le cohen car ce serait lui demander de répéter les Brakhots et, selon le ‘itour, cela est strictement interdit !
Certes, le Chout Yéhouda Yaalé (45) qui était un grand maitre, rapporte une opinion pour laquelle si le cohen sait par avance qu’il devra monter deux fois, alors il devra sortir de la synagogue avant la lecture de la torah, et que serait ainsi qu’on avait agi dans le beth midrash du fameux Maharam Banet. Mais le Rav réfute cela, car la Torah nous enjoint de sanctifier le Cohen en toute situation et c’est donc une Mitsva de le faire monter, sans que cela ne pose problème. Ce dernier point est sujet à discussion, car la Mitsva de sanctifier le cohen n’est pas une Mitsva à provoquer comme les tefillins ou le loulav, c’est un honneur à donner lorsque la situation se présente à nous, mais si le cohen est sorti, il n’y a pas de manquement cette Mitsva. Quoi qu’il en soit, le raisonnement dans sa globalité est cohérent et donc a priori ce n’est pas nécessaire de faire sortir le cohen.
Certains avancent que le Choul’han Aroukh s’exprime dans un langage qui laisse entendre qu’il s’agit d’une situation a postériori, mais ce point aussi est contestable, cf. Choel Oumechiv, Chtitaa 29, et l’on pourra juger de la force de cet argument.
Dans le Chout Min’hat Eléazar (tome 4, 59) est rapporté au nom du Darké Téchouva qu’il est préférable d’appeler un Israel à la place du même cohen, à condition que celui-ci renonce à son privilège. Mais cette manière de faire n’a apparemment pas été adoptée par l’ensemble des communautés, et donc chacun s’adressera au Rav de sa communauté qui connait l’usage en vigueur, l’essentiel étant, comme nous le rappelons bien souvent, de ne pas provoquer de querelle ou y participer. |