Question :
Concernant la Mitsva de tremper le Maror dans la ‘Harosset, est-ce une obligation ou une simple coutume ?
Réponse :
La Mitsva de la ‘Harosset n’est pas une simple coutume mais bel et bien une Mitsva qui repose sur chacun, homme comme femme, le soir du Séder de Pessa’h. On trempera le Maror dans la ‘Harosset, puis on agitera le Maror pour faire tomber le surplus éventuel de ‘Harosset, afin que celui-ci ne soit pas présent en trop grande quantité, ce qui pourrait altérer le gout du Maror (par exemple la laitue, comme c’est généralement le cas). Si le gout du Maror n’est plus ressenti, on perdrait la Mitsva du Maror.
On pourra consulter l’ouvrage ‘Hemdat Yossef (tome 8, chap. 183, 22) du Rav Yossef Falabani. Une grande partie des lignes suivantes sont inspirées de cet ouvrage.
La Mitsva de la ‘Harosset est un commandement rabbinique, qui est un « souvenir » du « Tit », c’est-à-dire du mortier qui servait aux travaux d’asservissement du peuple d’Israel dans son exil égyptien. Il est donc logique que même en l’absence de Maror il faudra réaliser cette Mitsva et manger la ‘Harosset, car elle évoque le souvenir de l’asservissement même sans le Maror.
Cela implique que si quelqu’un a oublié de tremper son Maror dans la ‘Harosset, il devra remanger du Maror, cette fois après l’avoir trempé dans le ‘Harosset, afin d’accomplir le commandement rabbinique. Cela est confirmé par le Maharam Aboulafia dans le commentaire sur la Hagada figurant à la fin du Chout Achdot Hapisga.
Le Rambam ainsi que le Méiri ont écrit que la conséquence de la discussion entre Rabanan et Rabbi Eliezer Bar Rabbi Tsadok pour savoir si le ‘Harosset est une Mitsva, est la bénédiction éventuelle avant d’accomplir cette Mitsva. Du coup, puisque la Halakha suit l’opinion de R.E.B.R. Tsadok, il y aurait dû y avoir une bénédiction pour la ‘Harosset le soir du Séder, ce qui n’est pas le cas, comme chacun le sait.
Des réponses ont été données par les maitres, nous rapporterons certaines figurant dans le ‘Hemdat Yossef :
– Comme selon les autres Richonims que le Méiri et le Rambam, l’enjeu de la discussion rapportée dans le Talmoud n’est pas la bénédiction, du coup il faut s’abstenir de la dire.
L’enjeu de la discussion serait, comme nous l’avons dit plus haut, si l’on n’a pas de Maror ou que l’on a oublié de manger le Maror accompagné de la ‘Harosset. Comme nous considérons finalement que le ‘Harosset est une véritable Mitsva, il faudra le consommer tout de même, avec ou sans Maror.
– Autre réponse : la Brakha de la ‘Harosset est en fait comprise dans celle sur le Maror puisque le Maror est un rappel de l’amertume, tout comme, plus indirectement, la ‘Harosset.
– Le Maror constitue en quelque sorte l’essentiel du couple Maror/’Harosset, et la Brakha doit donc être prononcée sur lui, un peu comme le bouquet de Soukot où le Loulav est le centre autour duquel se joignent les autres composants et a été choisi comme sujet de la bénédiction (voir Rambam lois du Loulav 5,6).
– Certes la ‘Harosset est une Mitsva, mais son objet est un « souvenir » et à ce titre il a un statut moins « formel » qu’une Mitsva classique. On retrouve cette explication dans le Pri ‘Hadach (chap. 473,2).
– Bien que l’on ait tranché comme R.E.B.R. Tsadok, étant donné que l’opinion des Sages ne permet pas cette bénédiction, on s’en est abstenu.
Enfin, puisque l’explication faisant de la discussion talmudique un enjeu sur la bénédiction figure, pour ce qui concerne le Rambam, dans son commentaire sur la Michna (écrit, comme on le sait, dans sa jeunesse, en judéo-arabe), il est possible qu’il ait changé d’avis dans son grand code de lois qu’est le Michné Torah, et qu’il considère finalement que selon l’ensemble des opinions le ‘Harosset ne fait pas l’objet de bénédiction avant sa consommation. |